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mon bonheur est dans la ville
14 février 2012

DEPARTURES, de Yojiro Takita

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Titre japonais = Okuribito
Titre français = idem titre anglais 

Librement adapté de l’autobiographie d’Aoki Shinmon « Coffinman, the journal of a buddhist mortician »

L’orchestre dans lequel il était violoncelliste ayant été dissous, Daigo Kobayashi se retrouve sans emploi ; afin de ne pas rester endetté, il revend son instrument et, avec l’accord de sa compréhensive petite épouse,  ils s’en retournent  dans sa ville natale. Sa famille y tenait un petit café, mais son père a fui avec la serveuse et la mère du garçon l’a élevé seule. La rancœur du jeune homme est très forte à l’égard de son père.
Un jour, une annonce attire son regard ; il s’agit d’aider les gens « au voyage ». Pensant qu’il s’agit d’une agence de voyages organisés, il pose sa candidature.
Bien vite il constate son erreur, mais le job est vraiment bien payé et le patron  le prend immédiatement en sympathie.
Il s’agit en fait d’une agence sous-traitante des pompes funèbres, qui s’occupe du rituel de préparation des morts avant leur crémation. Dès le premier jour, le jeune homme quelque  peu éberlué doit servir de « cadavre » pour une publicité pour l’agence.

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Son deuxième jour sera pire = il s’agira de nettoyer et préparer une vieille dame morte depuis plusieurs jours ; convaincu que l’odeur de putréfaction est sur lui, Daigo se rend au bain public de la ville et y retrouve la patronne dont le fils allait à l’école avec lui.
Peu à peu, Daigo s’habitue à son emploi, devient de plus en plus sûr de ses gestes et le patron le laisse souvent performer seul le rituel, car la manière dont il lave, maquille et habille les morts est fort appréciée.

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Son épouse Mika ne sait toujours pas quel métier il pratique jusqu’à ce qu’elle tombe sur la copie du film publicitaire dont son époux était le figurant. Dégoûtée, elle refuse de rester auprès de lui qu’elle traite d’impur. Même son copain lui dit de se trouver un emploi plus digne. Parce qu’il refuse de quitter un emploi qui finalement lui plaît, Mika retourne chez ses parents, mais revient quelque temps plus tard parce qu’elle attend leur bébé. A nouveau elle exige qu’il quitte son emploi afin de ne pas mettre la honte sur leur enfant.
Pourtant, lorsque la patronne des bains publics décède, c’est à Daigo et son patron qu’incombe le rituel des soins et là, Mika réalise à quel point elle a été injuste, que le travail de son époux n’est pas du tout impur mais qu’au contraire il rend aux familles le visage de ceux qu’elles ont aimés.

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C’est alors qu’il apprend le décès de son père ; ce sont Mika, son patron et sa collègue qui le convainquent de se rendre aux funérailles – là Daigo réalise que son père vivait seul depuis bien longtemps, seulement apprécié de ceux qu’il aidait sur le port,  il décide alors de « retrouver » le visage de ce père qu’il n’a plus vu depuis 30 ans et faire la paix avec lui.

Voilà un film que je n’avais pas vu en salle lors de sa sortie, et je suis réellement enchantée de l’avoir regardé en dvd.
C’est une histoire d’une grande simplicité, avec énormément d’émotion, de sensibilité et surtout de  touches d’humour noir qui n’enlèvent strictement rien au respect que l’on voue aux morts.

C’est interprété avec beaucoup d’humour par Tsutomu Yamazaki, le patron pince-sans-rire de l’agence N.K. ; Daigo est joué avec sensibilité et drôlerie par Masahiro Motoki. Son épouse Mika est interprétée par Ryoko Hirosue.
La collègue téléphoniste est interprétée par Kimiko Yo et la patronne des bains publics par Kazuko Yoshiyuki.

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Le film prit environ 10 ans à se faire ; l’acteur principal qui joue Daigo a appris le rituel de mise en cercueil ainsi que jouer du violoncelle puisqu’il apparaît d’abord dans l’orchestre, ensuite il se détend en jouant pour lui ou son patron. Il interprète (avec l’orchestre) la 9ème symphonie de Beethoven, ensuite la berceuse de Brahms et l’ave maria de Schubert.

C’est en partie à cause du violoncelle que j’avais envie de voir le film car j’adore cet instrument.
(Je vous recommande vivement à ce sujet les billets d’Aline ici et ici, qui non seulement parle joliment du violoncelle mais en joue aussi.)

Le metteur en scène Yojiro Takita a assisté à de nombreuses cérémonies afin de ne commettre aucun impair en montrant les familles lors des rituels et cérémonies de mises en cercueil. La mort est un sujet particulièrement tabou au Japon et le réalisateur a craint que son film soit très mal reçu, ce fut exactement le contraire ; le premier ministre japonais recommanda d’ailleurs le film à  plusieurs collègues.
Le film obtint  l’oscar du meilleur film en langue étrangère aux oscars 2009.

Les rites funéraires japonais consistent en plusieurs cérémonies, la première étant les rites « post mortem » comme on le voit dans le film = humecter les lèvres du défunt pour aider celui-ci à « renaître ». On place un chapelet bouddhiste dans les mains du mort. Sur une petite table à côté de sa tête sont  posées des fleurs, une bougie, de l’encens.
Ensuite une crémation suivie d’une mise en terre des cendres ; la tenue rituelle est blanche – cette couleur symbolisant la mort en orient. Toutefois depuis la mondialisation, et le rituel en noir à l’occident, il arrive aussi que désormais la tenue rituelle soit noire.
Généralement la famille du défunt fait appel à un moine bouddhiste qui lit un sutra durant la veillée funèbre ; durant la cérémonie, on offre de l’encens – qui aide paraît-il à obtenir l’aide d’esprits bienfaisants, et aussi de l’argent dans une enveloppe noire et blanche. Ensuite les participants prennent la poudre d’encens dans leurs mains, la lèvent à hauteur des yeux et prient. Puis l’encens retombe sur le brûleur. Ce rituel est répété deux fois. Les personnes qui ont participé à la veillée funèbre s’aspergent de sel purificateur avant de retourner chez eux, ceci afin de conjurer le mauvais sort.
Ces rites s'inspirent des philosophies bouddhistes et shintoïstes, les deux philosophies principales du Japon.

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Commentaires
N
ici ils sont sans cesse en contact avec les familles, c'est souvent très poignant<br /> <br /> n'hésite pas à visionner le film, il en vaut la peine :)
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J
C'est bizarre car j'ai vu la bande annonce de ce film la semaine dernière et je l'ai noté car cela m'avait l'air d'être intéressant, ne serait-ce que pour découvrir les rites funéraires japonais (et aussi parce que c'est un métier que j'aurais bien aimé faire tant que je n'aurais pas été en contact avec les familles des défunts)
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N
j'avais aussi beaucoup aimé "les filles du botaniste" et je partage ton intérêt sur d'autres manières de vivre :)
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M
Tu parles de tendresse dans le film qu'on peut voir dans la bande-annonce, et c'est ce qui m'attire aussi du film. J'aime bien les film asiatiques; connaître d'autre point de vue dans la manière de vivre le quotidien. Il y a certain mode que je vais 'acheter' :) J'avais aussi adoré 'Les fille du botaniste' ... Comment est perçu l'homosexualité féminine en Chine je crois.<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.allocine.ca/film/fichefilm_gen_cfilm=47754.html
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T
D'accord avec vous pour le titre, on s'attend à une énième histoire dans un aéroport ...<br /> <br /> <br /> <br /> Et là on a Six Feet Under :lol: (je plaisante)
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