DEATH IN HOLY ORDERS, de P.D. James

 

Titre français = Meurtres en soutane 

Un étudiant du collège anglican Sint-Anselm a été retrouvé mort sur la plage par la lingère du collège, une dame âgée de cœur faible. Le décès a été classé comme « mort naturelle par accident », le jeune homme semblant avoir été étouffé sous une masse de sable et de pierres s'étant écroulée sur lui;  un verdict que n'accepte pas le père adoptif du jeune homme.
L’homme d’affaires, richissime, bien que n’appréciant guère la carrière choisie par son fils adoptif avec lequel il n’avait pas d’excellentes relations, a des amis en haut lieu ; du coup, le commander Dalgliesh est prié de se rendre sur place afin d’approfondir la question – que doit-il chercher exactement ? que la mort était suspecte ? cela risque d’être très difficile à prouver (meurtre ou suicide) car le père a fait incinérer le corps de son fils.

Adam Dalgliesh connaît bien St-Anselm ; fils d’un pasteur, il a passé quelques années dans sa jeunesse dans cette communauté, en East Anglia, au bord de la mer.
Il y retourne donc officieusement pour un week-end de détente, il ne peut s’agir d’une enquête officielle puisque la mort n’a pas été considérée comme suspecte.
Une autre mort s’est produite juste avant son arrivée, celui de la vieille dame, la lingère, dont le cœur était fragile. Ici encore, le médecin a conclu à une mort naturelle, et ici aussi le corps a été incinéré par la famille.
Il est accueilli à bras ouverts par l’ancien supérieur déjà présent lorsqu’il était enfant, le nouveau supérieur est un peu moins content mais accepte que Dalgliesh, non officiellement, mène une enquête auprès des professeurs et autres personnes vivant sur le site. 

Durant ce même week-end, d’autres visiteurs viendront passer quelques jours à St-Anselm = une professeur de lettres de Cambridge, qui donnera quelques conférences aux élèves, l’archidiacre nouvellement nommé au conseil d’administration, un fouineur et un homme très déplaisant, voire menaçant.
Devinez quoi ? il va rapidement se faire assassiner.
A partir de là, l’enquête devient tout ce qu’il y a de plus officiel ; elle est confiée à Adam Dalgliesh et ses habituels assistants arrivés de Londres (les détectives Tarrant et Miskin), mais également un coup de main de la police locale.
L’assassin ne va pas en rester là = deux morts supplémentaires se produiront avant que toute la lumière soit faite – ainsi que la découverte de la parentèle d’un jeune homme élevé au sein de la communauté, enfant illégitime d’une Arbuthnot qui le déposa devant le porche du collège, en leur disant de se débrouiller 

Ce que je trouve épatant avec la lecture, c’est que l’on puisse passer d’un New York futuriste à un beau paysage du Suffolk actuel, en l’espace d’une nuit – après être passée par Londres et  Paris fin du 19^ème siècle, le Japon du 17^ème siècle, le Pays de Galles contemporain ainsi que les ruines des temples d’Angkor.
Et passer également d’un style plus que simple à un autre type d’écriture, plus élégante, mais avec tout autant de dialogues rendant le récit vivant.
Ce sont les charmes de la lecture, qui comme l’a très justement dit Joelle, est avant tout un loisir.

L’intrigue est excellente, le mystère entier jusqu’à la découverte du coupable, qui fut une totale surprise pour moi, ce qui me fait toujours plaisir.

J’ai beaucoup apprécié ce roman situé au sein d’une communauté religieuse plutôt  fermée (mais pas intégriste)  – c’est pratiquement une série de meurtres en huis clos – se méfiant de tout ce qui vient de l’extérieur, menaçant la communauté qui est malgré tout destinée à être fermée.
Je n’ai eu qu’une légère difficulté à comprendre les nuances de la « Church of England », anglicane, c’est un milieu à propos duquel j’ai lu pas mal d’explications, mais aussitôt oubliées en mécréante que je suis.

Les personnages sont plaisants à découvrir = le Commander Adam Dalgliesh est un homme intéressant, plutôt mélancolique, qui a des difficultés à s’investir dans une relation avec une femme depuis que la sienne est morte en mettant leur bébé au monde ; malgré cette mélancolie, il n’est quand même pas aussi sombre ni porté sur la bouteille que certains de ses collègues du nord ! (« Commander » est un titre particulier à la police britannique, australienne et américaine, donné à un haut gradé).
J’ai découvert Dalgliesh il y a longtemps, quand il n’était qu’un simple inspecteur avec « Shroud for a nightingale » - toute la série est excellente, bien écrite, de bonnes intrigues). C’est aussi un poète, un homme féru de littérature (un érudit comme l’inspecteur Morse), ayant  obtenu des prix pour ses poèmes.

La communauté vivant à St-Anselm’s College est probablement assez typique de ces collèges anglicans britanniques – des personnages sympathiques, d’autres nettement moins, des opportunistes, des carriéristes, mais aussi des êtres ayant seulement envie d’être loin de la « fureur » des villes et se contentant d’une vie simple. Même en vase clos, on retrouve les mêmes traits de caractères variés que dans une grande ville.

J’apprécie énormément  l’écriture de P.D. James (la baronne James de Holland Park), son style est délicat et ses intrigues fort bien amenées. Tout en étant de  bons polars, ils sont souvent moins durs que ceux de Ruth Rendell, tout aussi excellente romancière, à la plume plus acérée.

Un roman policier de mouture classique  que j’a trouvé très plaisant à lire.

 

Comments

[niki]

je trouve aussi, j'ai été vraiment contente de le sortir de ma pal :)

pour l'instant j'hiberne un peu au niveau lecture

[Anne]

Un très bon souvenir de lecture !

[niki]

c'est aussi ce que j'avais ressenti en les lisant au début de leur parution - j'ai alors arrêté, pendant un certain temps - puis j'ai pioché celui-ci dans la pal, et j'avoue avoir été très contente de redécouvrir l'ambiance :)



comme toi, je regrette aussi de ne pas avoir tenu un carnet de mes lectures - j'ai commencé avant le blog, mais beaucoup de ces lectures sont oubliées depuis :?

[Joelle]

J'en ai lu quelques-uns de cette série mais comme cela fait longtemps, je ne sais même plus lesquels ! Et à l'époque, je ne notais pas les titres lus ... c'est maintenant que je regrette de ne pas avoir tenu de carnets de lecture plus tôt ;) mdr ! Mais je me rappelle que j'en avais apprécié certains et d'autres moins ... je pense que ça dépendait de l'histoire et de son contexte !

[niki]

je n'ai pas lu "les fils de l'homme", je n'ai vu que le film, qui dérivait un peu d'après ce que j'en ai lu - mais je compte bien le lire un jour, quand ma pal aura baissé un peu (mais si elle va baisser :P)



pour le tag, j'irai voir, mais je ne promets rien, je ne les aime pas trop ;)