THE EAGLE, de Kevin Macdonald

 

Titre français = L’Aigle de la 9^ème Légion

Scénario de Jeremy Brock, d’après le roman de Rosemary Sutcliff « The Eagle of the Ninth » 

Le jeune centurion Marcus Flavius Aquila prend ses quartiers en Bretagne (la grande) où l’armée romaine est encore en poste en ce 2^ème siècle de notre ère. C’est son tout premier poste de commandant de garnison et il a lui-même demandé à être nommé en Bretagne. Le jeune homme a une mission = rétablir l’honneur de son père, qui disparut dans le nord, avec sa 9^ème légion ; il a bien l’intention de faire toute la lumière sur ce qui s’est passé vingt ans auparavant et prouver à tous que son père a honorablement défendu « l’aigle de Rome ».
Au cours d’une nuit de garde, grâce à sa rapidité et esprit de décision, Marcus sauve sa garnison mais est gravement blessé. Il a été conduit, pour se soigner, chez un oncle dont il ne connaissait pas l’existence, mais en même temps qu’il reçoit sa récompense, il apprend qu’il est démis de l’armée avec tous les honneurs, compte tenu de la gravité de sa blessure. Pour Marcus, la brièveté de sa carrière militaire est un malheur car il n’a pas eu le temps de rétablir l’honneur de son père.

Des rumeurs persistantes parlent de la disparition de la légion dans le nord, c’est là que Marcus ira dès que sa jambe sera rétablie, malgré les avertissements de son oncle le priant de ne rien en faire car personne, sauf les Pictes, ne peuvent survivre dans ces régions. Et si l’on survit à la rudesse du climat et du territoire, on peut être certain d’être massacré par les Pictes.

Marcus Flavius Aquila est un homme déterminé, il veut retrouver l’aigle, il ira donc le chercher.  Il part, en compagnie d’Esca, un jeune Celte qu’il a sauvé dans un amphithéâtre, qui ne lui en sait pas vraiment gré d’ailleurs, Esca déteste absolument tous les Romains qui ont massacré sa tribu des Brigantes, qui ont asservi les Celtes, les ont pillé ou massacré. Il n’a aucun respect pour la mission que Marcus s’est imposée, pour lui l’aigle romaine n’est rien d’autre qu’un symbole de souffrances.
Mais Esca sait où chercher l’aigle, il croit les rumeurs car il connaît les Pictes. 

A travers de nombreux territoires difficiles, des variations climatiques pénibles, et des relations tout sauf amicales, les deux jeunes gens rencontrent un ancien légionnaire de la 9^ème qui a été recueilli par les Selgovae ; il leur confirme que l’aigle est désormais un symbole des « Seal People », un peuple particulièrement rude, habitant au nord du mur d’Hadrien. L’aigle est devenu un totem païen. Ici encore, Marcus refuse d’écouter les conseils et part plus au nord. Où il tombe, avec Esca, sur les hommes des « Seal People ».

C’est là qu’Esca va intervenir, mais pas exactement comme Aquila l’imaginait, il va faire passer Marcus pour son esclave, ce dernier n’a d’autre solution que de faire ce que lui dit son ancien esclave (à qui il a rendu la liberté d’ailleurs sous la menace de ne plus le guider).
Bien des péripéties attendent encore les deux jeunes gens qui vont tout de même devenir amis malgré leurs différences, leurs ressentiments ; ils vont apprendre à se connaître et à se respecter, pour Marcus Aquila un long travail devra se faire pour qu'il comprenne que la gloire de Rome n'est pas tout.

La disparition de la Legio Nona Hispana n’a pas fini d’inspirer les cinéastes, eux-mêmes inspirés par les romanciers.
Il faut toutefois savoir que Rosemary Sutcliff, auteur de ce roman pour la jeunesse, a écrit sa trilogie – dont le film s’inspire et a réuni des éléments des 3 romans – en 1954 ! donc bien avant que l’on entende parler de cette « Dernière Légion » via le roman de Valerio Manfredi, et le film éponyme.
Même si elle a fait couler beaucoup d’encre et consommer de pellicule ces dernières années, cette fameuse Legio Nona Hispana – levée par Jules César en 59 avant J.C. (l’autre) n’a pas réellement disparu comme on le pense en Bretagne (Grande) mais plutôt du côté de Nimègues en 130 de notre ère.
Il est plutôt vraisemblable, selon des sources historiques, que la 9^ème légion aurait disparu dans l’est de l’empire romain, soit lors d’une révolte en Palestine, soit dans une guerre contre les Parthes.
Son emblème, contrairement à ce qui est dit dans le film, n’était pas une aigle – en réalité on ne connait pas son emblème avec exactitude, mais il est probable que ce fût un taureau comme pour les autres légions de Jules.

Donc après « The Last Legion » et « Centurion » vu récemment, cette fois c’est le jeune réalisateur Kevin Macdonald qui s’y est collé, adaptant le roman de Rosemary Sutcliff, une romancière pour la jeunesse (ados) mais – d’après les lecteurs adultes – dont l’ « auditoire » dépasse largement la jeunesse par sa superbe écriture et son intérêt historique. (J’attends avec impatience un moment pour lire ses livres d’ailleurs.)
Tout comme Valerio Manfredi le fera 40 années après elle, Rosemary Sutcliff lie également la disparition de la 9^ème légion aux légendes arthuriennes (je crois que Monsieur Manfredi, même s’il ne l’a pas plagiée, aurait au moins pu lui rendre hommage dans une préface car cela m’étonnerait beaucoup qu’un historien-archéologue-écrivain comme lui ne la connaisse pas.)

Macdonald est connu pour son film « Last King of Scotland » et aussi l’adaptation cinéma de l’excellente série britannique « State of Play ».
Il s’est entouré ici de Channing Tatum (Marcus Aquila) et Jamie Bell (Esca) pour les deux rôles principaux. Si je n’ai pas été très convaincue par le jeu de Tatum, par contre j’ai adoré Jamie Bell en esclave qui n’a nullement sa langue en poche. Ce jeune acteur confirme le plaisir que j’ai eu de le découvrir dans « Billy Elliot ».
Donald Sutherland interprète l’oncle de Marcus, c’est toujours un plaisir de le retrouver également.
Mark Strong interprète l’un des guerriers de la 9^ème, que retrouvent et qui aident nos deux aventuriers, quant au chef des « Seal People », il est joué par Tahar Rahim. J’ai apprécié le rôle, bien que court, de Denis O’Hare en Lutorius, le second en chef qui doit annoncer la triste nouvelle à son chef après ses blessures.

La tribu des Pictes « Seal People », un peuple de la mer vraiment très rude, probablement sur le territoire de Calédonie du nord bien avant les Celtes, est montrée sous un jour peu agréable, mais ce n’était pas des petits plaisantins non plus dans la réalité.
J’apprécie les Celtes et leur histoire, mais je ne suis pas obnubilée au point d’en faire seulement des victimes de l’impérialisme romain.
Pour faire « vrai », tout comme dans « Centurion », le réalisateur a fait s’exprimer les Pictes et Esca en gaélique. Jamie Bell a d’ailleurs fortement accentué son accent d’origine pour le rôle.
Il y a cependant une belle bourde dans le film = les chariots des Celtes ne comportaient pas de lames aux roues puisque des guerriers couraient à côté de leurs chefs et auraient alors eu les jarrets sectionnés !

Le réalisateur dit avoir délibérément confié le rôle des Romains à des acteurs américains, quant aux Celtes, ils sont interprétés par des acteurs britanniques – un acte symbolique d’après le metteur en scène, pour mettre l’accent sur ce qui se passe actuellement dans le monde.

Ce fut donc un « peplum sérieux » que cette histoire – mais je l’ai plus appréciée que « Centurion », un bon divertissement dans son ensemble ; je garde tout de même un faible pour les vieux peplums, même s’ils sentent la naphtaline.

Comments

[niki]

les jupettes me sont égales, ce sont les belles cuisses musclées qui m'intéressent :P :twisted:

[tekiro]

Programme toi un petit péplum alors ;) et avec de belles jupettes surtout

[niki]

là, je sens que je suis repartie pour une nuit d'angoisse - une habitude en ce moment :P

[tekiro]

A moi Zossi, surtout pour les enfants et jeunes actuels, car s'il faut attendre plusieurs siècles d'obscurantisme pour voir réapparaître une époque de renaissance, ....

[niki]

c'était bien à toi que je m'adressais MDR :D