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mon bonheur est dans la ville
29 septembre 2011

MAGRITTE, UN HOMME, UN MUSEE

musee_magritte

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Une visite guidée par Sarah Cordier, historienne d’art et guide indépendante
(
son site ici - ma chronique est entièrement inspirée de son exposé)

« je peins l’au-delà mort ou vivant,
l’au-delà de mes idées  par des images »
(rené magritte)

Suivre une visitée guidée par cette jeune femme est un vrai plaisir tant elle est passionnée par son sujet et l’agrémente de détails et d’extraits de biographies ou d’écrits biographiques.

Moi qui n’aime absolument pas les visites guidées car je trouve que certain(e)s guides racontent souvent n’importe quoi, je suis toujours impatiente de recevoir un courriel de cette artiste-guide-historienne d’art car je sais que ce ne sera pas une visite « typique ». 

Après cette  introduction, une courte opinion personnelle sur le MUSEE MAGRITTE , situé au Mont des Arts/Place Royale  - il est évident que cette opinion n’engage que moi et que ce ne doit pas être une raison pour vous empêcher d’y aller si le sujet vous intéresse.
Je DETESTE ce musée, je le trouve SINISTRE. Toute la scénographie du musée est noire, ce qui est d’ailleurs une grande tendance à l’heure actuelle (une mode de plus quoi !).
Cela ne met absolument pas les tableaux en valeur; c'est voulu pour créer une ambiance et le résultat sur moi fut totalement oppressant. Lorsque je m’en suis ouverte à Sarah, elle m’a confirmé que souvent à la fin d’une journée entière passée dans le musée, elle se sentait complètement désorientée.
Par ailleurs, certaines institutrices de dernière année maternelle ou de première primaire ne mettent plus le musée au programme  beaucoup d’enfants se montrant effrayés par tout ce noir.

A présent, MAGRITTE, l’HOMME, l’ARTISTE

 wolleh_magritte

La visite commence dans l’ascenseur = à chaque étage passé, se dévoile un petit « morceau » de Georgette Magritte nue (je vous passe les commentaires égrillards des hommes présents, j'attends encore l'homme qui aura un jour un commentaire autre que celui inspiré par son service trois-pièces …)

René Magritte naquit en 1898, à Lessines (Hainaut, Belgique) au sein d’une famille modeste, déménageant souvent pour cause de peu de moyens financiers. Il est l’aîné de trois garçons et si son entente avec Paul, le benjamin de la fratrie fut excellente, les rapports avec Raymond ne furent pas agréables, voire inexistants.
Paul Magritte devint musicien et aida matériellement son frère René à assumer son art. Les deux frères, à un moment de leur vie, fondèrent ensemble une petite société publicitaire où chacun apportait ses idées et les signait de son pseudonyme.

La maman de Magritte se suicide lorsque le garçon  a 14 ans, et l’on pense que le jeune garçon a dû voir sa mère lorsqu’on sortit son corps de la Sambre où elle s’était noyée.
La chemise de nuit de Régina Magritte recouvrait le visage de la jeune femme et il n’est pas impossible que ce soit cette image qui revenait lorsqu’il peignait ses femmes avec un visage voilé. 

L’ambiance au sein de la famille Magritte ne sera jamais très chaleureuse, sauf entre René et Paul, et c’est probablement aussi de là que viendra ce besoin pour René d’être toujours entouré d’une foule de copains et d’amis, parmi lesquels les plus fidèles Irène et Louis Scutenaire, ce dernier se montrera d’ailleurs un très bon ami pour René Magritte jusqu’à la fin de sa vie.

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Une vie qui ne fut guère aisée, car le talent de Magritte ne sera reconnu en Belgique que fort tard, ce sont les Etats-Unis, et plus particulièrement un galeriste new-yorkais qui reconnut d’abord l’art de cet homme qui se complaisait à déclarer = « J’ai fait des travaux imbéciles », entendant par là qu’il dut peindre des publicités, des affiches, des partitions musicales (grâce à son frère Paul) et plein d’autres choses de ce style pour pouvoir subsister, bref ce que les artistes nomment "l'art alimentaire".

René Magritte a fait des études artistiques classiques à l’académie des beaux-arts de Bruxelles, rue du Midi. Au départ, son style est partagé entre le cubisme, le futurisme, l’abstrait et le traditionnel, et même quelques inspirations constructivistes à la manière de Victor Servrancx ou Marcel Baugniet mais en moins abstrait.

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Il s’ennuyait dans ces expériences picturales, il dira aussi d’ailleurs qu’il ne s’est jamais « senti peintre » mais plutôt « imagier » (ce qui se retrouve dans la précision des traits).  Certains critiques artistiques disent d’ailleurs que si Magritte avait vécu à notre époque, il serait peut-être devenu info-graphiste car il aimait beaucoup manipuler, transformer, retravailler les images. 

En 1924 se produit la rencontre entre Magritte et le dadaïsme, qui deviendra ensuite le surréalisme. Le coup de foudre est immédiat. Après avoir vu un tableau de Giorgio De Chirico, l’artiste belge sait qu’il a trouvé ce qu’il cherche = une manière d’exprimer son imaginaire onirique, étrange – il aime détourner la réalité, les règles, mélanger les genres = homme/femme, nuit/jour – les titres donnés à ses tableaux par ses amis ne signifient rien pour Magritte, ils sont choisis pour déstabiliser celui qui les regarde.

Comme dit Magritte = « Tout existe, mais peut être détourné » d’où « Ceci n’est pas une pipe ».

 magritte_pipe

Dans la salle aux photographies, on peut apercevoir René Magritte dans la pièce de l’appartement qui lui servait de studio – Louis Scutenaire expliquait dans un article qu’ "à l’arrière  René était bloqué par la table, à côté du chevalet il y avait un fauteuil qui ne permettait pas non plus une grande liberté de mouvement, et puis il y avait la porte qui régulièrement le cognait. »
La précision avec laquelle l’artiste peignait se retrouve aussi dans son caractère précis, parfois peut-être un peu « engoncé », comme dans ce costume qu’il portait tout le temps, ce qui ne signifie pas que Magritte n’aimait pas s’amuser. 

A partir de 1925, et après la rencontre avec le surréalisme parisien, commence la peinture des « Métamorphoses » = l’association de ce qui existe, mais pas nécessairement ensemble.
Toute sa vie, René Magritte s’est interrogé sur les mots et les formes – le surréalisme est un mouvement qui a inventé le langage, qui aime s’amuser à se poser de « bêtes questions » notamment. C’est aussi le domaine de l’onirisme, de l’inconscient si cher à Magritte.

Une peinture de bougeoir se nomme « la pomme », « Ceci n’est pas une pipe » représente l’évolution de sa théorie sur les mots et les formes, et l’artiste fut toujours sidéré d’avoir à expliquer pourquoi ce titre au tableau qui était la représentation d’une pipe, ce que les critiques artistiques et les journalistes n’avaient nullement saisi. 

« je n’ai pas eu d’idée, je n’ai pensé qu’à une image »
(rené magritte)

Pour lui l’image, le mot et la réalité sont trois choses fondamentalement différentes.

L’entente avec André Breton ne sera pas très bonne, Breton étant fort sarcastique à l’égard de René Magritte.  En 1930, face à la crise qui déferle sur l’Europe, les Magritte retournent à Bruxelles. Au cours de la 2ème guerre mondiale, il se met à peindre comme les impressionnistes, tant il avait besoin de lumière et d’exprimer autre chose que la sombre époque dans laquelle on vivait alors.

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Une série de « Cadavres Exquis », ce jeu qui est tellement amusant entre amis, figure dans une vitrine – Magritte, après y avoir joué, s’est imaginé une série de dessins à la manière du jeu imitant même le pli de la feuille. 

Les thèmes récurrents dans la peinture de René Magritte sont = la pomme, l’eau, la représentation imagée du nombre 3 (les œufs), la tenture rouge, le grelot, l’oiseau.
Il aime les portes qui s’ouvrent sur l’inconnu, comme le montre la toile d’une porte toute simple, avec un trou étrange, déformé permettant à l’imagination de penser à quel être étrange a fait ce trou et ce qui se trouve au-delà de la porte, fidèle à sa conception de provoquer l’imaginaire. Ainsi que la "Femme", toujours inspirée de sa muse, son épouse Georgette qui le soutiendra aussi toute sa vie à travers toutes les difficultés matérielles que le couple traversera.

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Lorsqu’il commence à se faire un nom, un galeriste parisien lui demande une série de tableaux, lui demande « de faire du Magritte » - vexé par la teneur du contrat, l’artiste produira une série de tableaux étranges, bizarres, toujours aussi remplis d’imagination mais peints dans des couleurs vives, au contraire de ses choix habituels. C’est ce qu’il a appelé « Ma période vache ».
Un regret aussi pour tous ceux qui apprécient René Magritte = ne pas avoir pu réaliser les sculptures pour lesquelles il avait conçu plusieurs projets

La visite se termine par les tableaux peints en fin de vie = les 23 versions différentes d’un même thème = « L’Empire des Lumières » où se conjuguent les multiples versions possibles de la lumière = jour, nuit, lune, soleil, artificielle, naturelle, lumière du ciel, reflets et la lumière à l’intérieur des maisons.

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son tout dernier tableau achevé

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 je terminerai ma petite chronique par ma citation préférée de cet artiste
ainsi que par l'illustration du tableau que j'ai préféré entre tous =
"Les Compagnons de la Peur"

« la liberté c’est la possibilité d’être,
pas l’obligation d’être »
(rené magritte)

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Commentaires
N
bienvenue chez moi et merci pour le commentaire :)
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W
Beau billet. Très documenté et illustré avec propos. Merci.
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N
merci à toi d'avoir apprécié cette visite "virtuelle", basée entièrement sur la visitée guidée par sarah cordier :)<br /> je ne suis pas folle de surréalisme non plus, quoique j'apprécie un tableau comme cette "porte" sur l'inconnu qui est faite pour titiller l'imagination<br /> et bien sûr, le tableau des "compagnons de la peur", celui-là fut un réel coup de foudre pour moi - il a fallu m'en "arracher" car le musée allait fermer ;)
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M
J'aime bien le dernier tableau qui me rappelle les métamorphoses d'Ovide mais sinon ses tableaux ne me plaisent pas particulièrement. Je n'apprécie pas trop d'ailleurs le surréalisme... En revanche, je suis bien contente d'en savoir plus sur ce peintre ! Merci pour cette visite guidée "virtuelle" !
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L
J'aime bien " Les enfants trouvés "
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