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mon bonheur est dans la ville
22 septembre 2011

THE HOUSE ON THE STRAND, de Daphne du Maurier

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Titre français = La Maison sur le Rivage

Magnus Lane et Richard Young sont amis depuis leurs premières années d’études à Cambridge ; entretemps Magnus est devenu un fameux biophysicien et chercheur scientifique, Richard a fait son chemin dans le monde de l’édition.
Vingt ans plus tard, ils sont toujours amis. Richard est marié depuis 3 ans, avec Vita une Américaine ayant deux fils d’un précédent mariage. Magnus ironise souvent à propos de ce mariage, Vita déteste cordialement cet ami qui, elle estime, a une trop forte influence sur son mari – influence qu’elle souhaiterait avoir, il n’y a aucun doute à ce sujet = Richard, lassé de la vie trépidante à Londres, a quitté son emploi d’éditeur et Vita souhaite qu’il accepte l’offre de son frère, dans l’édition à New York, ce qui n'enthousiasme guère son époux.

Lorsque l’histoire commence, Magnus Lane a offert à Richard sa maison familiale en Cornouailles, afin qu’il puisse faire le point sur sa future carrière et passer un agréable été avec Vita et les enfants, dans une région et une maison où Richard et Magnus ont pas mal de souvenirs communs, un autre caillou dans les souliers de Vita qui en toute sincérité préférerait être à se dorer sur une plage du Pacifique.

En échange de l’occupation gratuite de la maison, avec une cuisinière-femme de ménage en prime, Magnus Lane a demandé à Dick de tester une nouvelle drogue qu’il vient d’étudier dans son laboratoire londonien, en quelque sorte d’être son cobaye. Cette drogue a été conçue d’après deux plantes sud-américaines, de puissants hallucinogènes. Rien de comparable avec le LSD, d’après le biophysicien, pas d’addiction ; il a déjà fait un premier test sur lui-même, sans danger, et il est très curieux de savoir comment se comporterait une autre personne ; Dick est le seul à qui il peut poser la question.

Richard Young accepte donc ce rôle de cobaye, en attendant que le rejoigne Vita et les deux garçons. A sa grande surprise, il se retrouve dans la même région, au 14ème siècle. Il devient en quelque sorte le « double » d’un certain Roger, régisseur du domaine de Champernoune. Immédiatement, Dick est sous le charme de la très belle lady Isolda Carminowe. Il est évident qu’il existe des tensions entre les maisons de Champernoune et Carminowe, Roger le régisseur semble être un opportuniste qui attend de savoir qui sera le vainqueur de cette lutte entre les deux familles, chacune ayant pris parti dans la lutte qui oppose le jeune roi Edward III à sa mère,  la reine Isabelle et son amant Mortimer.
Bien vite, Richard n’arrive plus à se passer de cette histoire, ayant de plus en plus fréquemment envie de « retourner dans le temps », afin de revoir la belle Isolda ; chacun de ces retours, correspond à un pas supplémentaire dans la vie des protagonistes du 14ème siècle.

Peu à peu, le retour de Richard dans sa réalité et son siècle se fait dans la confusion et celle-ci s’accroît à l’arrivée de Vita et des gamins, à tel point que son humeur à leur égard s’en ressent.
Son comportement devient confus, parfois il est violemment malade, parfois il en devient agressif, et cela ne s’améliore pas avec la venue d’amis américains de Vita. Elle et Richard se chamaillent de plus en plus, la petite fêlure du couple s’accroît à mesure que l’homme retourne dans une époque dont il ne peut plus se passer.
Lorsque Magnus Lane annonce sa venue pour un week-end, c’est Vita qui râle sec, mais après tout, c’est sa maison qu’ils occupent. Magnus, néanmoins,  n’arrivera jamais, à c’est à présent au tour de  la police à se mêler de cette histoire.

Dans cette aventure étrange mais passionnante, Daphne du Maurier utilise à nouveau le principe du « double », comme elle l’avait déjà fait dans « The Scapegoat » (Le Bouc Emissaire), un effet miroir qu’elle a toujours aimé aborder dans ses romans, et ici il semble évident que Richard se sente le double de ce Roger de Kylmerth.
A part qu’ici, le double se situe au 14ème siècle, bien que son ami lui ait dit qu’il n’y avait aucune accoutumance à la drogue, il est évident que le principal protagoniste est totalement accro à ces retours dans le temps qui lui permettent de ne plus être dans un temps où il est malheureux – l’addiction n’est pas à la drogue, mais à son fantasme.

Aucun personnage n’est à proprement parler sympathique, Richard est un homme qui se laisse porter par les autres, il est sous l’influence de son ami de jeunesse qu’il aime et admire. Un ami qui est aussi un brillant scientifique, n’ayant pas trop de scrupules à utiliser son copain pour tester sa trouvaille. 

Quant à Vita, l’épouse américaine, elle est  la caricature même de ces Américaines contrôleuses et manipulatrices – je crois, d’après ce que j’en ai lu d’elle, que Ms. du Maurier n’appréciait pas fort les Américains, qui avaient traité son mari avec peu d’élégance après la 2ème guerre mondiale.
Toujours est-il que Vita n’est réellement pas le genre de femme que l’on aimerait avoir, il est certain qu’elle est jalouse de l’influence que Magnus Lane possède sur son mari, pour qui elle montre d’ailleurs bien peu de respect.

Je finis d’ailleurs par comprendre l’engouement de Dick Young pour le passé, c’est tellement plus supportable d’assister à des antagonismes entre des personnes vivant au moyen-âge plutôt que de vivre dans sa réalité, devoir prendre une décision sur son propre avenir et celui d’une famille.

Les deux garçons de Vita, par contre, apporte une note de répit dans la situation tendue entre leur beau-père et leur mère, on finit par les plaindre d’être pris entre ces adultes dont l’un ne sait ce qu’il veut et l’autre ne le sachant que trop bien et désireuse de tout contrôler.
Des personnages complexes, une histoire intrigante, qui à un certain point se double d’un mystère policier et dont la fin est  ambiguë.

Daphne du Maurier a commencé à écrire ce roman en 1966, un an avant le « Summer of Love » et toute la liberté de consommation de drogues, quelque chose qui la dérangeait beaucoup car elle ne croyait pas aux drogues dites « douces », sans effets secondaires.
Ayant vécu l’alcoolisme de son père, de son époux et d’un de ses beaux-fils, la romancière était particulièrement sensible aux problèmes des addictions sous toutes leurs formes. 

J’ai adoré cette lecture -  comme Richard Young j’étais attirée par l’époque et l’intrigue dans lesquels il est absorbé, comme lui j’attendais impatiemment ces bonds dans le temps, mais contrairement à lui j’ai aussi aimé la réalité et la complexité de sa situation.

cornwall_beach

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Commentaires
N
oui j'ai été assez étonnée d'apprécier le roman malgré cela, car généralement j'aime bien avoir au moins un personnage qui m'attire :)
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L
Voilà un roman dont j'ai noté le titre depuis des lustres !! Ton avis m'incite à le surligner (même si aucun des personnages n'est sympathique...)! ;-)
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N
cela dépend si tu aimes qu'un roman te déroute ou non ;)
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M
Je ne sais pas si ce titre me plairait.
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N
j'ai été obligée de mettre de l'ordre dans mes rayonnages car j'étais une fois encore sur le point d'acheter un livre que j'avais déjà :lol:<br /> c'est dire si je te comprends quand tu parles de mettre la main sur un bouquin :D
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