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mon bonheur est dans la ville
13 septembre 2011

DAPHNE DU MAURIER

daphne

Daphne du Maurier est une romancière sous-estimée, à mes yeux.
On la connaît par certains de ses romans les plus fameux – Rebecca, My cousin Rachel – mais ses autres romans sont moins appréciés et pourtant, quelle richesse, quelle imagination, quelle observation de la nature humaine – ce dernier point surtout n’est pas assez développé lorsqu’on parle d’elle.
Actuellement, on parle d’Elizabeth Taylor, de Mary Wesley, de Maggie O’Farrell, comme des exemples de romancières britanniques développant des personnages aux personnalités troubles et passionnantes.  Le cinéma aussi a rendu hommage aux romans de Daphné du Maurier – Rebecca, My cousin Rachel, encore, mais aussi The Birds et Don’t look now, Jamaïca Inn. C’est extrêmement réducteur selon moi.

Daphne du Maurier naquit (en mai 1907, au sein d’une famille d’artistes =  son père était un acteur célèbre en son temps, Gerald du Maurier, sa mère était la comédienne Muriel Beaumont, sa sœur aînée était également romancière (Angela du Maurier), son grand-père était l’écrivain George du Maurier, également caricaturiste pour la revue « Punch ». 

Des critiques en leur temps ont reproché à Daphne du Maurier de manquer de « force »dans l’écriture, et pourtant il suffit de lire ou (relire) ses romans pour comprendre que la nature humaine n’avait pas beaucoup de secret à ses yeux.
Il est vrai que  les années 1950 privilégiaient  les « jeunes gens en colère » dont l’écriture passionnait les critiques, plus que les lecteurs d’ailleurs ; on la considéra dès lors  comme désuète, donc inintéressante.  Et pourtant …
Il y a dans ses romans une atmosphère, un mystère, qui donne envie de se plonger dans les aventures de ses personnages, heureux mais souvent aussi malheureux de leur propre chef.

Daphne du Maurier avait une réelle fascination pour les Brontë, ce qui lui fit d’ailleurs écrire une biographie de Branwell, le frère « maudit ». Il est vrai que la mère des enfants Brontë était native des Cornouailles britanniques et la romancière avait également une réelle fascination pour cette région. Par ailleurs, certains de ses romans possèdent un contexte historique fort bien étudié, comme par exemple « Mary Ann », une biographie romancée de son aïeule Mary Anne Clarcke, maîtresse de Frederick, duc d’Albany & York, frère du roi George IV.

Alors que de nos jours, la sci-fi et la fantasy font les beaux jours des libraires, du Maurier était elle aussi passée maître dans le genre (The House on the Strand, The Birds, Don’t look now, Rule Britannia).
Il faut aussi redécouvrir ses écrits de jeunesse, des nouvelles mais qui annoncent déjà la romancière qu’elle sera.
Plus tard, lorsqu’elle sera établie comme romancière, elle écrira aussi des essais et des pièces de théâtre ; tout comme dans certains de ses romans, ses pièces mettent en scène des personnages de la vie réelle qu’elle a côtoyés, telle la comédienne Gertrude Lawrence dont elle fut une intime. 

Daphne du Maurier, devenue Lady Browning par son mariage avec le lieutenant-général Frederick Browning,  eut trois enfants de son époux ; selon les observateurs de l’époque, le couple n’était pas très chaleureux, on reprochait d’ailleurs à la romancière d’être distante et froide même avec ses enfants, ceci surtout en période d’écriture car immergée dans ses romans et personnages, du Maurier ne s’occupait de rien ni de personne.

Elle avait aussi la réputation de ne pas être très sympathique, surtout lors d’événements publics – qu’elle fuyait d’ailleurs comme la peste.
Selon moi Daphne du Maurier devait avoir une certaine dose de timidité, qu’elle cachait sous des dehors hautains.
Par contre, ceux qui la connaissaient en privé, disaient tous que c’était une femme charmante, accueillante dans la propriété de Menabilly dont elle dut malheureusement déménager dans les années 1960, mais finalement la propriété de Kilmarth qu’on lui proposa en échange finira par conquérir son cœur également et elle y recevra avec bonheur ses enfants et petits-enfants.
Ses cendres y furent éparpillées, lorsqu’elle mourut à l’âge de 81 ans. 

Elle s’impliqua énormément dans la région des Cornouailles, était membre du parti nationaliste cornouaillais ; une grande partie de  la trame de ses romans est située dans cette région, qu’elle décrit avec talent.

Daphne du Maurier a alimenté l’imagination de ses contemporains friands de cancan, pour sa bisexualité, ayant eu des aventures amoureuses avec deux femmes connues, dont Gertrude Lawrence – il est vrai que son père ayant souhaité un autre fils, la petite fille grandit comme un garçon manqué, préférant les jeux de plein air à des activités plus « féminines ».
Selon ses propres paroles, à l’adolescence elle « étouffa » en elle le petit garçon pour devenir une jeune femme accomplie, mais c’est probablement cette partie masculine enfouie en elle qui lui donna sa force d’écriture.

Quoiqu’il en soit, c’est un écrivain que j’apprécie énormément et j’avais très envie de lui rendre cet hommage alors que je suis plongée dans l’un de ses plus passionnants romans.

(cette petite chronique biographique a été possible grâce aux informations sur le site de daphne du maurier, mais également adaptée d’ introductions à ses romans).

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Commentaires
N
Merci pour cet article.J'aime beaucoup cette romancière.mon préféré "mary Anne"lu il y a quelques années.là je suis entrain de lire une biographie "manderley for ever"de tatiana de rosnay.
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M
Merci Niki pour cette recherche, ce sera un beau prélude à sa correspondance. Mais vraiment l'ouvrage sur Branwell Brontë m'intérêsse beaucoup! Je ne la connaissais pas avant ce matin! Il reste que ce sont des personnages fascinants. On en parle encore et sur Internet en plus. ?? elle serait décédée en 1988.. Non Internet n'était pas arrivée..
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N
merci de votre passage chez moi<br /> j'ai découvert votre nouveau blog avec grand-plaisir, ainsi que la nouvelle version de "la plume & l'image" qui figure dans la partie "cinéma" de mes liens amis - "interligne" a déjà rejoint les liens des lecteurs/lectrices ;)<br /> <br /> c'est me faire beaucoup d'honneur que de me dire "littéraire", je suis surtout une "affamée" de lectures avec une PAL exponentielle, dans laquelle figure d'ailleurs en bonne place votre très bon "proust et le miroir de l'eau" que j'ai déjà feuilleté à plusieurs reprises :-)<br /> <br /> pour daphne du maurier, il est évident qu'elle est surtout connue pour 3 ou 4 de ses oeuvres, mais je la découvre dans d'autres domaines pour l'instant et c'est un coup de coeur, je le reconnais
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A
Merci Nicki de votre visite sur "La plume et l'image". Et merci de cet article très complet sur une romancière dont j'ai adoré deux ouvrages : Rebecca qui fut porté à l'écran et Ma cousine Rachel. Il faut reconnaître aux romancières anglaises d'avoir un talent fou et de savoir tenir le suspense jusqu'aux toutes dernières lignes. De plus, elles ont une imagination féconde et leur histoire se déroulent toujours dans des lieux pleins de mystère et envoûtants.<br /> Je profite de cette visite pour vous signaler l'ouverture d'un second blog INTERLIGNE que je consacre à l'évasion par les mots ( la littérature ) et par les voyages ( l'esprit des lieux ). Dorénavant "La plume et l'image", qui a été transféré par allociné sur Overblog, s'articule autour du cinéma ( films, auteurs et acteurs ) et de l'humeur vagabonde. Comme vous êtes très littéraire, je vous mets dans mes favoris sur INTERLIGNE également.
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N
pour l'instant je suis plongée dans "the house on the strand", qui est assez surprenant !<br /> j'ai un faible pour "rule britanniia" (je crois "mad" en FR), un roman d'uchronie avec une anti-héroïne surprenante ;)<br /> je l'ai lu il y a très longtemps, mais j'ai très envie de me replonger dedans car il m'avait beaucoup plu :)<br /> sinon "my cousin rachel" m'a toujours donné pas mal de frissons<br /> mais je crois que j'aime l'ensemble de l'oeuvre plutôt qu'un roman en particulier
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