UN PRIVE DANS LA BD

 

MAURICE TILLIEUX

EXPOSITION-HOMMAGE A LA MAISON DE LA BANDE DESSINEE A BRUXELLES

(l’Antre de Perdition # 12)

Je suis devenue une visiteuse régulière de cette charmante librairie de bédés, mangas et autres romans graphiques – d’autant plus qu’elle propose souvent des expositions de dessinateurs belges. Cette fois, c’est Maurice Tillieuxqui est à l’honneur, à l’occasion de la sortie de sa biographie dessinée.

Maurice Tillieux est le créateur – dessins et scénarios – du (séduisant) détective privé Gilbert Jourdan, dit Gil Jourdan, qui enquête en compagnie d’André Papignolles, surnom « Libellule », ancien truand (plutôt minable) que Jourdan a sorti de prison pour l’aider dans une enquête – Libellule est désormais dévoué corps et âme à son patron, même s’il passe son temps à râler parce qu’on le charge de besognes fastidieuses.  

Libellule – je l’ADORE grave, c’est le roi du calembour et du jeu de mots, sans oublier les blagues bêtes, qui ne font rire que lui – et MOI ! (je suis une grande fan de  Libellule,  comme lui je hurle de rire à chacun de ses « bons » mots – et tout comme Gil Jourdan, mon mari chéri levait les yeux au ciel en se demandant ce qu’il avait bien fait pour mériter ça …)

  

Gil Jourdan et Libellule secondent – et sont parfois secondés – par Jules Annibal Crouton, officier de la P.J. Crouton est la victime privilégiée des calembours de Libellule ; il est assez guindé, « vieille France », un tantinet bourru pour cacher un cœur d’or. Il est aussi maigre que Libellule est rondouillard, et il est affublé d’une moustache en brosse.

Enfin, « cerise sur le gâteau » si j’ose m’exprimer ainsi = la très efficace secrétaire de l’agence Jourdan, la merveilleuse « Queue-de-Cerise », dont on ne connaîtra jamais le nom véritable. Elle est très jeune mais indispensable – elle parle neuf langues, paraît-i, et n’a pas la sienne en poche, surtout lorsqu’il s’agit de clouer le bec à Libellule – ce qui est quand même assez difficile, le bonhomme adorant avoir le dernier mot. 

Gil Jourdan lui laisse parfois carte blanche dans les énigmes car il a totalement confiance en elle et ses qualités de détective.
 

Maurice Tillieux est né à Huy (Belgique) en août 1921 et est mort -  trop tôt comme tous ceux qui nous divertissent par leur immense talent - d’un accident de la route en février 1978.
 

Il était l’un des scénaristes et dessinateurs vedettes des éditions Spirou – appartenant lui aussi à l’Ecole de Marcinelle comme JIJE, FRANQUIN, MORRIS & WILL(pour ceux que l’on a appelé « de la première génération »).
 

Les vrais débuts de Tillieux se situent tout d’abord dans le roman policier, dont deux sont édités sous un pseudonyme américain (plus vendeur paraît-il  en 1945). Il abandonna le polar car il n’arrivait pas à vivre de sa plume. Après avoir été l’homme à tout faire du journal Bimbo, il réalise des caricatures pour Le Moustique et pour Spirou.
 

C’est chez un concurrent de Spirou qu’il se met sérieusement à la bande dessinée. Quelques années plus tard, il réalise la  série « Félix » - intrigue policière en bédé. En 1955, il entre définitivement aux éditions Dupuis – pour le journal Risque Tout, il crée « Marc Jaguar ».

En entrant définitivement chez Spirou il crée Gil Jourdan, alors copie de « Félix » - une série qu’il avait envie de poursuivre, mais les éditions souhaitaient du neuf ; Félix devient alors Gil Jourdan, jeune détective privé français, venant de terminer une licence en droit et bien décidé à réussir en tant que détective privé. 

Le succès est immédiat – et comment ne le serait-il pas = dans un souci constant du détail, Maurice Tillieux fait des repérages photo pour ses décors, l’une de ses passions étant les voitures, celles-ci reçoivent un soin particulier dans les détails mécaniques – et les scénarios sont particulièrement bien conçus (je vous prie de m’en croire sur parole, ce sont des petits bijoux de polars).

Dans les années 1960 il semblerait qu’il y ait eu une pénurie de scénaristes aux éditions Dupuis – Maurice Tillieux alimente la plupart des dessinateurs du journal Spirou en scénarios. Du coup, il est obligé d’abandonner le dessin de Gil Journal, qui est alors confié à Gos (le créateur du Scrameustache). Passage en douceur qui sera bien accepté par le public.

Maurice Tillieux, ce n’est pas que Félix, Marc Jaguar et Gil Jourdan. C’est véritablement un créateur multiple dont on ne compte plus les succès auprès des lecteurs =

-      Marc Lebut et son voisin (avec la Ford-T)

-      César & Célestine

Mais aussi = des épisodes de « Tif & Tondu » et de la mignonne « Isabelle », de Will – un scénario pour « La Ribambelle » et quelques gags de « Boule & Bill » pour Roba,  et pour François Walthéry trois histoires de la ravissante hôtesse de l’air « Natasha ».

Pour Maurice Tilliuex, l’humour était indispensable dans ses histoires policières afin que la tension se relâche un peu chez le lecteur, qu’il puisse souffler un peu. Mais pour le dessinateur-scénariste, l’humour n’est pas qu’une soupape, c’est un élément indispensable prenant parfois le pas sur le récit.

Vous l’aurez deviné = je suis une inconditionnelle de Maurice Tillieux – sa mort a laissé un vide énorme dans la bande dessinée bruxelloise  (et je crois que je n’en suis pas encore vraiment remise).

Bien sûr, Gil Jourdan fait aussi partie du parcours BéDé à Bruxelles.

Comments

[niki]

totalement :D
c'est une ville épatante, pas autant que paris ou londres, moi je l'aime bien

[-Perrine-]

Oh non ! Je ne connais pas du tout Bruxelles ! J'y suis juste allée avec mon parents il y a très longtemps (bizarrement, je m'en souviens très bien) mais la ville m'est totalement inconnue ! Est-ce que tu y habites ?

[niki]

n'est ce pas ? il est épatant ! ;)

[niki]

tu connais donc bruxelles ? :D

[Le Baudet]

Encore un qui me plaisait bien...