MURDER IN THE ASHRAM, de Kathleen McCaul
Ruby Jones est quelqu’un qui a toujours pris ses rêves pour acquit – après ses études de journaliste, elle a été engagée au Cardiff Daily au Pays de Galles, journal local où elle commençait à se faire sa petite place jusqu’à ce qu’elle décide que décidément, elle s’y ennuyait !
Sans réfléchir le moins du monde aux conséquences de ses actes, elle quitte tout pour l’Inde, avec quelques économies et pas de job – espérant faire son chemin en tant que journaliste free lance, éventuellement pour le Telegraph de Delhi.
Heureusement, elle y retrouve Stephen Newby, un pote d’Oxford qui s’y trouve pour écrire une thèse sur l’homosexualité au sein de la philosophie tantrique. Il lui offre une chambre dans l’appartement (minable) que l’université a mis à sa disposition dans un quartier pauvre, où se retrouvent les paumés et vieux hippies. Entre les deux jeunes gens s’est développée une amitié sincère.
Stephen Newby est métis indo-britannique ; petit-fils de l’un des parlementaires les plus en vue en Grande-Bretagne, il est à la recherche de son père et de ses racines indiennes – cette quête absorbe terriblement le jeune homme, le poussant parfois dans des accès dépressifs qu’il règle par le yoga, mais aussi par des substances illicites.
Par Stephen, Ruby fait la connaissance du Swami Shiva, l’un des plus célèbres professeurs de yoga à travers le monde ; son affaire est prospère et honnête, par rapport à d’autres sectes similaires. Il est assisté du beau et pur Rani, dont Ruby tombe éperduement amoureuse – avec ses manies de plan quinquennal, elle se voit déjà vivant avec lui une vie de yoga et de passion ! Elle va rapidement devoir ouvrir les yeux, Rani ne montre aucun intérêt pour les femmes. Et pour tout arranger, elle ne trouve aucun travail de journaliste.
Le jour de son 26ème anniversaire, Ruby se prépare à passer une agréable soirée avec Stephen dans l’un des hôtels les plus huppés de Delhi, là où se trouvent les touristes. Elle va malheureusement déchanter rapidement, Swami Shiva lui annonce la mort du jeune homme, ensemble avec Rani, ils se rendent à la morgue et doivent se rendre à l’évidence, il s’agit bien de Stephen Newby.
Le corps a été retrouvé dans le fleuve Yamuna, au pied du pont Wazirabad, aussi appelé « Suicide Bridge » parce que c'est du haut de ce pont que se jettent les jeunes épouses maltraitées par les maris et belles-mères.
Rapidement, c’est Raj, le chauffeur de Swami Shiva qui avoue avoir tué accidentellement Stephen et jeté du haut du pont par peur d’être accusé de meurtre.
Malgré un certain antagonisme de la part de l’inspecteur Mukerjee, Ruby Jones – qui n’est pas du tout convaincue de la culpabilité de Raj – décide de mener son enquête personnelle, avec la promesse du patron du Telegraph de Delhi d’un poste de free lance si elle rapporte un papier intéressant.
La jeune femme va découvrir alors que tout n’est pas que sérénité et pureté dans l’ashram.
Vous pensiez certainement, comme moi, que toutes les personnes qui pratiquent le yoga sont pleines de « sagesse », le genre perpétuellement « zen », au sourire aimable.
Après avoir lu ce petit polar bien ficelé, avec quelques rebondissements intéressants, vous aurez compris que même les gurus ont des côtés sombres, surtout dans un pays où la corruption semble régner en maître (mais bon, voyons les choses en face = où la corruption ne règne-t-elle pas ?).
Ce roman policier est le premier ouvrage de la journaliste britannique Kathleen McCaul ayant pas mal bourlingué au Kashmir, à Bagdad, en Finlande, au Qatar, en Inde et également en Grande-Bretagne. En Inde elle a travaillé en tant que reporter radio au service de la BBC World Service. Elle travaille actuellement sur son 2ème roman.
Le roman est une assez intéressante surprise au fil de la lecture – tout au début, les états d’âme amoureux de la jeune journaliste m’agaçait fortement, mais petit à petit, après le meurtre de son ami, on entre dans l’enquête qui possède quelques intéressants rebondissements. La partie concernant ses amours avec le jeune guru Rani, bien que parfois très prévisible, apporte une petite touche de psychologie au personnage central de Ruby qui se révèle finalement un peu plus intéressante que je ne l’avais pensé tout au début de ma lecture.
Par ailleurs, grâce au livre, on se « promène » dans un Delhi qui n’est pas celui des touristes – là, cela sent assez bien le vécu de la romancière.
Cette face cachée de Delhi, avec ses sectes, ses quartiers misérables et crasseux, la pollution, la corruption, la pauvreté régnant en maître partout est réellement intéressante à lire.
Par ailleurs, le roman propose une galerie de personnages variés et surprenants.
J’espère, pour les amateurs de voyages en Inde et de polars, que le roman sera bientôt traduit, car je n’ai pas encore trouvé de titre lui correspondant en français.
Pour ceux et celles qui lisent l’anglais, aucun problème c’est écrit dans un anglais simple et très clair.
Une lecture facile, divertissante, pas un grand livre, pas de la grande littérature mais un bon moment de détente et de dépaysement.