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mon bonheur est dans la ville
25 mai 2011

MARIA STUART, de Stefan Zweig

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Titre français = Marie Stuart

A six jours Marie Stuart devient reine d’Ecosse  - un pays rude, ingérable, que son père Jacques V Stuart a renoncé depuis longtemps à gouverner. L’Ecosse est un pays composé essentiellement de clans, qui n’obéissent qu’à leurs propres lois – et si les Stuart ont été acceptés comme souverains, c’est uniquement parce que les autres clans se jalousaient tellement que le puissant clan Douglas vota sa nomination, plutôt que de laisser l’autre clan ennemi prendre le pouvoir. Las de guerroyer sans réels moyens financiers, Jacques V, marié à Marie de Guise, baisse les bras. Et l’annonce de la naissance d’une fille le déprime tellement qu’il rend l’âme peu après.

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A partir de là, l’enfant va devenir le pion sur l’échiquier des mariages politiques – le premier à la réclamer comme future reine pour son fils est Henri VIII, trop heureux d’enfin pouvoir lier la couronne d’Ecosse à l’Angleterre, cette Ecosse qui a toujours tenu tête à tous les souverains anglais.

Cachée par la régente Marie de Guise, pour éviter une mort prématurée, la petite fille partira finalement à quatre ans pour la cour de France, où Henri II accueille à bras ouverts cette jolie fillette qui joue avec ses quatre suivantes, les 4 « Mary ».

 

La France est un lieu parfait pour cette enfant consciente de son importance, intellectuellement très ouverte, capable d’écrire de très jolis poèmes, séduisant ceux qui l’approchent – parmi lesquels François le dauphin. Elevés ensemble, les enfants développent une tendresse, rare dans les mariages royaux.

 

Cela ne va pas empêcher Marie Stuart de commettre une gaffe par inconscience et orgueil, l’une de ces gaffes dont elle est, et sera toute sa vie, coutumière = Marie Ière Tudor vient de mourir ; Elizabeth Ière est montée sur le trône, mais les catholiques la traitent de bâtarde, aussi Marie Stuart se considère-t-elle comme reine d’Angleterre au lieu de sa cousine (Henri VII Tudor étant son arrière-grand-père).

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A la mort d’Henri II, Marie Stuart devient reine de France, une ravissante reine de 16 ans, soutenue par la puissante maison de Guise. Mais la santé de François II est fragile et lorsqu’il meurt, il n’y a pas de place à la cour de France pour deux reines, car que l’on ne s’y trompe pas = Catherine de Medicis n’a pas dit son dernier mot et compte bien relégué dans l’ombre cette jeune veuve, trop adulée à son gré, avec le clan des Guise beaucoup trop puissants derrière elle.

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Il est temps de regagner l’Ecosse – le pays ne s’est pas calmé au contraire, les clans se disputent toujours ; de plus ils se sont divisés en deux groupes bien précis : les catholiques et les protestants. Toute la vie de Marie Stuart sera régie par ces luttes religieuses incessantes.

 

Un mariage désastreux, qui va se terminer par le meurtre du mari, dans lequel – qu’elle le veuille ou non – la reine a trempé, ayant réalisé à quel point elle s’était trompée sur le compte de ce beau parleur d’Henry Darnley. La mort de Darnley scelle le sort de Marie, elle va se tourner vers Bothwell, qui se présente en protecteur de la couronne, qui lui est totalement mouillé dans le meurtre de Darnley.  

 

Bothwell n’est pas le même homme  que ceux dont la reine s’entourait = point de poésie, point de jeux délicats de « fin amor »,  lui c’est un jouisseur qui n’a que faire des petites sourires coquins, des jolis poèmes, des soupirs langoureux. Il pense que la reine est attirée par lui, ça lui convient, il la prend.
Avec l’intention de ne pas plus la garder que les autres femmes qu’il bouscule. Marie Stuart a trouvé son maître, elle qui menait le jeu, désormais elle est comme de la cire molle dans les bras de ce conquérant de femmes. Et sa perte est au bout de la route. Tout cela au centre de luttes intestines, de luttes avec l’étranger, tout le monde convoite l’Ecosse et se moque de cette reine incapable de régner avec sa tête.

 

Abdication, exil, et quel exil = dix-neuf années enfermée dans une prison anglaise où sa cousine Elizabeth l’a « invitée ». Par cet emprisonnement, Elizabeth ne montre guère de noblesse,  ce geste est totalement indigne de cette femme – et c’est grâce ou à cause de ce geste que Marie Stuart entre dans l’histoire comme la « reine martyre ». 

Quant à la mort de Marie Stuart sur l’échafaud pour participation à un complot contre la reine d’Angleterre, elle est une tache indélébile sur une grande reine qui fut manipulée elle aussi par ses conseillers protestants. Sans cette condamnation, Marie Stuart n’aurait jamais connu autant de célébrité.

Si mon avis sur le livre est excellent, parce qu’écrit d’une manière élégante, avec un style comme j’aime, c’est-à-dire un riche et superbe vocabulaire, mais aussi  bien  documenté que celui de l'historienne britannique Antonia Fraser, je ne suis toujours pas plus une admiratrice de cette reine au destin tragique, pas uniquement tragique par la force des circonstances mais aussi (et j'ose dire "surtout") par son caractère orgueilleux, manipulateur, peu encline à comprendre et accepter ses erreurs.

La lutte qui l'opposa depuis toujours à Elizabeth Ière d'Angleterre, dont elle briguait le trône, en est une preuve; elle n'hésitait d'ailleurs pas à parler de cette dernière en terme de "la bâtarde" ! Marie Stuart était coutumière de ce type de gaffe, n'avait-elle pas parlé de sa belle-mère, Catherine de Medicis, à des tiers de  "cette fille de commerçant".

Il y a des erreurs, des coups de griffe, si minimes puissent-ils paraître à nos yeux, que ne pardonnent guère les grands de ce monde, surtout si la personne à l'autre bout de la griffe n'est pas d'un naturel souple. Et certes, souple, Elizabeth ne le fut pas, elle avait la nature rancunière des Tudors et elle faisait payer les humiliations très cher.

Marie Stuart n'est pas une nouvelle venue dans mes lectures (pensez à "Horribly Famous", mais j'ai aussi entamé l'excellente biographie d'Antonia Fraser "Mary, queen of Scots - sans oublier la biographie très romancée écrite par Jean-Claude Pascal) - je  me suis décidée à sortir le "Maria Stuart" de Stefan Zweig  de ma PAL,  après avoir lu le billet enthousiaste de perrine.

Je connaissais Stefan Zweig par le livre "Amok", lu très jeune et aussi par le film adapté de sa nouvelle "Lettre d'une inconnue".  J'ignorais qu'il fût un biographe aussi talentueux, aussi scrupuleux.
J'avais quelques craintes que lui aussi ne fût totalement tombé sous le charme de cette ravissante jeune femme, séductrice et manipulatrice, mais au contraire sa biographie est approfondie sur toutes les circonstances et objective, j'apprécie particulièrement ce point - moi qui, je dois le reconnaître, ne le suis pas lorsqu'il s'agit de la reine d'Ecosse pour qui j'ai toujours eu relativement peu de respect (
il est vrai que rois et reines trouvent rarement grâce à mes yeux - sauf Elizabeth Ière, là je manque totalement d'objectivité).

 

Le destin tragique de Marie Stuart, manipulée autant que manipulatrice, a fait d'elle une sorte de martyre, ce qui m'agace toujours un peu - mais il est vrai que l'attitude de la reine d'Angleterre ne fut pas belle non plus - c'étaient toutes deux des femmes de leur temps, un temps très difficile pour les femmes occupant une foncton royale à une époque où seuls les hommes avaient droit au respect, en fussent-ils dignes ou non (et la plupart du temps beaucoup moins dignes que les femmes).

 

Une bonne lecture donc, qui est parvenue à m’intéresser sur un sujet déjà bien connu, et ce grâce au style d'écriture de Stefan Zweig. Comme tous les livres bien écrits, il se lit relativement vite.

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Commentaires
N
j'ai découvert le zweig biographe grâce à "maria stuart", je compte bien découvrir d'autres livres de cet auteur à présent
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N
trés chouette ton billet, j'aime beaucoup stefan zweig a écrit aussi une biographie de Balzac qui n'est pas mal nonplus
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N
merci pour ce gentil commentaire ;)<br /> <br /> je suis nettement plus fascinée par des personnages comme Alienor d'Aquitaine ou Elizabeth Ière que Marie Stuart, je le reconnais - mais effectivement elle fait partie de ces personnages au destin peu commun<br /> <br /> je vais bientôt re-regarder le dvd avec vanessa redgrave qu'une amie m'a offert <br /> je l'avais vu à sa sortie, mais c'est un peu loin tout ça ! :D
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E
je ne connais pas le livre, mais je suis fascinée par le personnage de Marie Stuart. Il y a des figures historiques comme ça qui ont eu des destins incroyables et fascinants. Je pense à Aliénor d'Aquitaine également.<br /> Très chouette article, qui me donne envie de replonger dans l'histoire de Marie Stuart.
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N
jusqu'à présent, ce que j'avais lu était "lettre d'une inconnue", donc je n'avais guère de comparaison - mais je suis agréable surprise par son travail de biographe
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