MIDNIGHT FUGUE, de Reginald Hill
Une enquête de Dalziel & Pascoe qui aurait pu s’intituler « 24 heures dans la vie du « Fat Man » »
Cette journée commença décidément très mal ; l’inspecteur en chef Andy Dalziel sent qu’il va encore arriver complètement en retard au meeting du lundi matin – l’excuse qu’il se remet encore et toujours de sa « mort » n’est plus aussi valable que précédemment. Ce qu’il n’arrive pas à comprendre, l’inspecteur en chef, c’est comment il se fait que pour un lundi, il y ait aussi peu de circulation dans les rues. Où sont-ils donc tous ? Ce lundi serait-il férié ?
La gentille petite vieille à qui il a voulu demander quel jour on était, l’a traité de pervers sexuel et a littéralement hurlé au viol … Je vous jure, il y a de ces jours !
Finalement, il découvre qu’on est dimanche ! c’est gai – il n’en faut pas plus pour que sa grand-mère écossaise, aussi rigide que ses principes presbytériens, lui revienne en mémoire en lui répétant que s’il buvait un peu moins, il respecterait un peu plus le jour du seigneur (le samedi – sabbath - chez les presbytériens). Or son samedi fut très arrosé, c’est le moins que l’on puisse dire – à tel point qu’il a cru que c’était un dimanche et le voilà dans une église où l’on célèbre la messe. C’est sûr que Granny Dalziel doit en avaler sa bible.
Il est abordé alors par une femme, encore jeune, Gina Wolfe – à la recherche de son époux Alex, un policier qui disparut sept ans auparavant. Ce délai étant nécessaire afin de pouvoir déclarer son époux légalement mort, Ms. Wolfe a décidé d’entreprendre ces démarches car elle a l’intention de se remarier.
Seulement voilà, à peine a-t-elle pris cette décision qu’elle a reçu une enveloppe avec un magazine, dans ce magazine une photo et dans la foule un visage : celui d’Alex Wolfe.
Gina Wolfe n’est pas une jeune femme qui aime rester bras croisés à attendre que les événements décident pour elle – elle a agi ainsi à la disparition de son époux, d’autant plus qu’ils pleuraient encore leur enfant mort. A présent, elle veut savoir – elle est donc « montée » dans le Yorkshire et s’adresse à Andrew Dalziel, qui selon le fiancé de la dame, serait le seul à pouvoir l’aider (ledit fiancé étant un très ancien collègue). Dalziel et Gina décident de se revoir afin d’élaborer un éventuel plan d’action, ce qu’ils ignorent encore c’est qu’ils ne sont pas les seuls à être sur les traces d’Alex Wolfe.
Le passé du policier disparu, de même qu’un gangster connu et son fils politicien, vont ressurgir et Andrew Dalziel n’a que vingt-quatre heures pour clore son enquête.
S’il existe bien un policier qui est tout sauf politiquement correct, on peut citer sans hésiter Andrew (Andy) Dalziel, surnommé « the Fat Man »).
Son humour est souvent vulgaire, parfois très caustique, il est grossier, glouton, gros buveur, désordonné, tenue négligée, dont le niveau culturel semble plus que limité (quoiqu’en musique …).
Le contraste formé avec son collègue Peter Pascoe est d’autant plus flagrant que ce dernier est un intellectuel, avec un excellent niveau d’éducation, prend son job très au sérieux et n’apprécie que modérément les remarques souvent grivoises de son supérieur, qui ne plaît d’ailleurs pas non plus à Ellie Pascoe – elle et Dalziel s’entendent comme l’huile et le feu, les mettre ensemble dans une pièce est courir tout droit au désastre, lui particulièrement anti-féministe, elle sachant ce qu’elle veut et ne veut pas.
A commencer par son interférence perpétuelle dans les rares moments de liberté de Peter.
Et pourtant, qu’on ne s’y trompe pas, sous ses dehors bourrus, Andy Dalziel cache un cœur aussi gros que lui, simplement il faut savoir le toucher, ne pas le prendre à rebrousse-poils, faire parfois un peu de psychologie inversée, mais il ne s’entendra jamais avec Ellie Soper-Pascoe, ça c’est certain.
La présence de l’inspecteur Peter Pascoe est un peu réduite dans ce dernier roman de Reginald Hill, qui aime bien – sans en avoir l’air – truffer ses romans de références littéraires.
Ici on a plutôt l’impression qu’il a voulu pasticher le feuilleton « 24 hours » (24 h chrono je crois, en français) puisque l’histoire s’étend sur un dimanche, durant 24 heures.
« Dalziel & Pascoe » fait également l’objet d’une série télévisée, qui a énormément de succès en Angleterre – le titre français en est « Inspecteurs Associés ».
Par contre, ce que je ne suis pas arrivée à trouver est l’équivalent du titre du roman en français ; néanmoins, je suis presque certaine que les polars de Reginald Hill ont été traduits.
En tout cas, ces polars valent réellement d’être découverts – en ce qui me concerne, je trouve la personnalité de l’inspecteur en chef Andrew Dalziel nettement plus sympathique dans les romans. Et puis j’adore son humour caustique et son accent « yorkshire » que je devine au travers des expressions qu’il emploie.
L’auteur, Reginald Hill, né en Cumbria en 1936, a longtemps vécu dans le Yorkshire où il a situé les enquêtes de Dalziel & Pascoe dont la première enquête est apparue en 1970. Il est aussi l’auteur d’autres romans formant une série (Joe Sixsmith), ainsi que de romans ne faisant pas partie d’une série avec personnages récurrents. Cet auteur écrit, par ailleurs, sous trois pseudonymes, le plus connus étant Patrick Ruell, les autres Dick Morland et Charles Underhill.