POSTERN OF FATE, d'Agatha Christie
Titre français = Le Cheval à Bascule
Dernière enquête de Tommy & Tuppence Beresford
Cette fois c’est bien décidé : Thomas Beresford et Prudence (la mal nommée) Cowley sont rangés des voitures – enquêtes, crimes et espionnage ne feront plus partie de leur quotidien – ils viennent d’emménager dans une charmante vieille maison située dans une charmante bourgade anglaise, avec un charmant jardin – maison à retaper, jardin à aménager, ils ont du pain sur la planche d’autant plus que les corps de métier comme les électriciens ou les plombiers ne viennent pas toujours quand on les attend (ça tout le monde connaît bien, de quoi vous flanquer un ulcère !).
La maison se nomme « The Laurels », mais elle s’appela longtemps « Swallow’s Nest » en raison des hirondelles qui y nichent. Les Beresford pensent d’ailleurs à lui redonner son nom d’origine. Avec l’achat de la maison, ils ont aussi « hérité » d’un grenier plein de vieux livres, des livres pour la jeunesse pour la plupart. Tuppence est ravie de redécouvrir certains romans qu’elle a lus lorsqu'elle était jeune – et c’est dans l’un de ces livres qu’elle découvre un message crypté de la main du jeune Alexander Parkinson = « Mary Jordan n’est pas morte de mort naturelle, on l’a assassinée et je crois que c’est l’un des nôtres qui est responsable » !
Il n’en faut pas plus pour que le « nez » de Tuppence se mette à chatouiller : il y a là un mystère c’est évident, la voilà donc sur la piste malgré les injonctions de Tommy à ne pas encore une fois se mêler de ce qui ne la regarde pas ! Seulement voilà, sa femme est très convaincante – et ce que femme veut, n’est-ce-pas ….
Thomas Beresford a conservé des relations à Londres, le voilà donc parti interroger lesdites relations, pendant que Tuppence fait le tour des villageois qui auraient pu connaître Mary Jordan, une très jolie jeune femme considérée comme traître à la patrie – mais tout cela s’est passé il y a plus de soixante ans, en conséquence les souvenirs de certaines vieilles personnes sont plutôt embrouillés. Même le vieil Isaac, le jardinier qui sait plein de choses sur tout et tout le monde, se mélange parfois un peu les souvenirs.
Seulement, il ne doit pas se tromper tellement puisque le pauvre homme est assassiné peu après que Tuppence et lui aient découvert un cheval à bascule dans la vieille serre du jardin.
Remuer les souvenirs s’avère toujours dangereux, Tommy et Tuppence vont le découvrir à leurs dépens, un assassin les a repérés, soixante ans plus tard.
Que faire quand le goût de lire ne revient pas ? Se plonger dans un Agatha Christie – généralement cela agit comme par magie.
Cette ultime aventure des Beresford – qui ne fut cependant pas le dernier roman écrit par la duchesse de la mort – penche entre enquête policière et espionnage, ce qui fut pratiquement le sujet de toutes les aventures des Beresford = « Secret Adversary », « Partners in Crime », « N or M ? » - « By the pricking of my thumbs » par contre fut une enquête policière simple, « Partners in Crime » mélangeait les deux genres = sous couvert d’une agence de détectives privés, nos amis devaient démasquer un espion.
Alors qu’ils avaient dans les 20 ans au début de leurs retrouvailles après la première guerre mondiale (Secret Adversary), on suppose que les voilà septuagénaires dans « Postern of Fate » - le roman doit son titre au poème « Gates of Damascus » de James Elroy Flecker, qu’Agatha Christie avait déjà mentionné dans une enquête de Parker Pyne.
La création du couple Beresford a toujours été considéré comme un fantasme d’Agatha Christie sur « le couple idéal », celui qu’elle aurait tant aimé former avec le capitaine Christie, et qu’elle put finalement avoir avec Max Mallowan.
Le couple Tommy & Prudence est plein de tendresse et d’humour, ils se taquinent, se soutiennent, s’adorent – leurs enfants sont parfois offusqués par les dangers que leur mère semble attirer comme un aimant, et en plus elle adore ça !
Albert, leur jeune assistant dans « Partners in Crime », fait toujours partie de leur « équipe » ; dans cette aventure-ci on apprend qu’il est veuf – il veille toujours jalousement sur ses employeurs-amis, pour qui il a adopté le style « butler » des plus british.
Un autre élément a été ajouté à cette aventure = le petit chien Hannibal, un « manchester terrier » qui découvrira avant tout le monde qui est la personne suspecte qui en veut à la vie de sa maîtresse adorée. Ici Agatha Christie tombe légèrement dans le travers de l’anthropomorphisme en prêtant des propos à Hannibal ; c’est mignon mais sans plus.
Il y a un chapitre, par contre, particulièrement savoureux où une bande de jeunes villageois a décidé d’aider Tuppence dans ses recherches – je n’ai pas été sans songer aux « Baker Street Irregulars » qui assistent Sherlock Holmes.
Cette histoire n’est pas exempte de conversations un peu fastidieuses, mais nécessaires au sujet. J’ai eu l’impression qu’Agatha Christie s’essoufflait avec ce roman, mais peut-être cette impression est-elle due à mon actuel manque d’enthousiasme à la lecture.
Je me suis divertie, mais pas autant qu’avec « By the pricking of my thumbs » ou « Partners in Crime » où chaque nouvelle enquête était menée par Tommy & Tuppence adoptant les manières des détectives de fiction tant britanniques qu’outre-Atlantique = Poirot, Holmes, etc. Ce recueil de nouvelles a d’ailleurs fait l’objet d’une sympathique série télévisée. Pour des infos sur cette série, voir le blog du baudet.
Les Beresford ont donc fait l’objet de cinq romans (et non six comme on l’annonce parfois car « Partners in Crime » alias « Le Crime est notre affaire » avait été publié à l’origine en deux volumes).
Un bon moment de détente, sans prise de tête.