L'ILLUSIONNISTE, de Sylvain Chomet
Titre original anglais = The Illusionnist
Scénario de Sylvain Chomet – Adaptation d’un scénario original de Jacques Tati
Musique de Sylvain Chomet
Pas facile d’être prestidigitateur-illusionniste à la fin des années 1950 = les salles sont de plus en plus vides ; seuls les chanteurs de rock emplissent les salles désormais. Les rockers ne sont pas les seuls concurrents aux artistes : la télévision remplace aussi les salles de fête.
Tous les artistes de music-hall ont d’ailleurs de plus en plus de difficultés à subsister, et ainsi après avoir descendu la pente des scènes parisiennes, notre illusionniste décide de tenter sa chance à Londres. Seulement voilà, Londres non plus n’a plus de place pour les artistes de music-hall. Il fait donc ses petits tours dans des bars et fêtes, où un jour un Ecossais le recrute pour animer le pub de son village.
Là, Alice, la petite bonne du pub est éblouie par celui qu’elle prend pour un vrai magicien, qui est tellement ému par son dénuement qu’il lui offre des chaussures sur sa maigre paie.
Ensuite il repart – mais Alice a décidé de le suivre et s’installe entre eux une relation père-fille pleine de pudeur et touchante. A Edimbourg, notre Illusionniste tente de trouver des petits boulots de prestidigitateur et pour gâter un peu la gentille Alice, il accepte même un travail de nuit – mais compte tenu de sa maladresse, il ne garde pas ses boulots bien longtemps.
Dans l’hôtel miteux où ils logent, il y a d’autres artistes de music-hall dont le destin hélas n’est pas très brillant non plus. Pendant que son grand ami cherche des emplois, Alice tombe amoureuse d’un beau jeune homme.
Il est temps pour son ami de s’éclipser, de laisser Alice vivre sa vie – comme son lapin qu’il relâche dans « Arthur’s Seat » à Edimbourg avant de s’éloigner vers d’autres horizons.
« L’Illusionniste » est une histoire d’altruisme et d’une carrière qui n’a plus grand succès.
Bien joli et très mélancolique que ce film d’animation, pastiche-hommage à Jacques Tati, sur base d’un scénario original de ce dernier, que Sophie Tatischeff, sa fille, transmit à Chomet deux ans avant sa mort. Hélas, c’eût été trop beau que cet hommage à un grand cinéaste ce fût passé sans petites brouilles mesquines = la fille aînée (illégitime) de Jacques Tati, vivant dans le nord-est de l’Angleterre estime que tout le mérite lui revient, que Chomet aurait dû lui donner tout le crédit de sa réalisation.
Je ne comprends absolument pas d’ailleurs la réaction de cette partie des héritiers de Tati qui ont considéré que Sylvain Chomet a « massacré » le scénario original de Jacques Tati pour en faire une bouffonnerie.
Il n’y a strictement rien de « bouffon » dans le personnage de cet « Illusionniste », au contraire. Selon Sylvain Chomet le scénario original de Jacques Tati était un sujet très personnel, trop sans doute pour que le réalisateur de « Mon Oncle » parvienne à le réaliser lui-même.
Entretemps, depuis sa réalisation par Sylvain Chomet, le film a été présenté dans plusieurs festivals, et a remporté le césar 2011 du meilleur film d’animation. Est-ce cela qui a suscité des réactions aussi mesquines de la part de la « famille » britannique de Jacques Tati, revendiquant la « paternité » de l’œuvre ? Ce serait bien pathétique et certainement en totale opposition à la nature du créateur de « Monsieur Hulot ».
Comme je l’ai dit, ce film est non seulement un très beau pastiche de « Monsieur Hulot », plus particulièrement à la maladresse de celui-ci et son immense gentillesse à l’égard des êtres humains.
Pour en revenir au film d’animation même, les dessins en sont vraiment très beaux = Londres, les paysages d’Ecosse, puis Edimbourg forment une toile de fond à la fois magique ou réaliste de l’histoire.
Avec la voix de Jean-Claude Donda pour « L’Illusionniste » et d’Edith Rankin, pour Alice.
edinburgh castle