Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
11 février 2011

MAIGRET CHEZ LES FLAMANDS, de Georges Simenon

41QP1DYZuJL__SL500_AA300_

Anna Peeters est venue à Paris demander de l’aide au commissaire Maigret, elle aimerait qu’il enquête à Givet afin de laver sa famille de tout soupçon concernant la mort de Germaine, une jeune femme du pays. Celle-ci a eu, trois ans auparavant, un enfant du fils Peeters, espérait se faire épouser mais les Peeters ont d’autres ambitions pour leur fils adoré = il fait des études de droit à Nancy et est fiancé à sa jolie cousine, fille du médecin de Givet, village frontalier des Ardennes.

C’est une information  des collègues de la police de Nancy qui a décidé le commissaire Maigret de prendre quelques jours d’absence – le câble disait que les Peeters sont coupables, aucun doute là-dessus : Germaine Piedboeuf est arrivée chez eux un soir, il y a quelques semaines – on l’y a vue entrer et depuis rien ! plus aucune trace d’elle. Pour tout Givet, les Peeters l’ont assassinée, les Peeters crient à l’erreur judiciaire.

Le voilà donc à Givet sans mandat officiel, alors que le mauvais temps sévit, au point que la Meuse soit en crue et bloque les péniches. Maigret  vient en observateur et ce qu’il découvrira, il le communiquera au jeune inspecteur Machère.

Les Peeters ne sont pas aimés parce qu’ils se tiennent à l’écart de la petite communauté de Givet – chez eux on sert du genièvre, ce qui est prisé par les mariniers limbourgeois ou hollandais de passage. De plus ils sont fort riches, leur maison est une importante demeure de l’autre côté du pont, à la fois magasin et bistrot – on les accuse de s’être enrichi grâce au marché noir pendant la guerre (la première guerre mondiale) et à présent,  ils sont les boucs émissaires privilégiés pour la disparition d’une jeune femme qui les dérangeait manifestement, venant régulièrement les relancer pour obtenir de l’argent pour son petit garçon, non reconnu par Joseph Peeters.

Inutile de dire que Maigret n’est guère bienvenu dans le patelin, on l’accuse d’aider les riches, de se moquer de la justice parce que les Piedboeuf sont pauvres, le frère de la disparue, surtout, est  hargneux à son égard et n’hésite pas à l’insulter à chaque rencontre.

Maigret se renseigne donc, il a peu de jours pour découvrir la vérité – ou un semblant de vérité, car selon lui, tout le monde ment, les Peeters y compris.  Quant au témoin, un marinier ayant une réputation de menteur, condamné pour attentat à la pudeur, il s’amuse aussi aux dépens du commissaire, le narguant, disant qu’il sait « des choses ». Et pendant ce temps, où donc est passée la malheureuse Germaine ?

Ambiance particulièrement pesante pour cette enquête non officielle du commissaire Maigret, rendue encore plus pénible et glauque par les intempéries, la pluie n’arrêtant pas de tomber, et la Meuse en crue ressemblant à une menace.  Je dirais que c’est une ambiance « typiquement  Simenon », mais j’ai vraiment aimé beaucoup ; j’ai joué à mon habituel jeu de « et si c’était lui », mais n’ayant aucune raison pour étayer cette théorie, je l’ai abandonnée. J’ai eu tort, j’avais bien deviné.

Petites touches de la vie quotidienne : l’hôtel, le bistrot où Maigret va boire son demi, les petites gens qui tentent péniblement de survivre face à ces bourgeois flamands, qu’ils envient pour leur aisance ; les habitants, les mariniers, tous se taisent, ils règlent leurs problème « entre eux », ils ont déjà répondu à la police locale – et officielle celle-là, ce n’est donc pas un commissaire de Paris qui va venir faire la loi chez eux !

Quant aux Peeters, il est évident pour Maigret qu’ils en savent plus qu’il ne veulent le dire. La fille aînée, Anna, celle qui est venue le chercher à Paris, est particulièrement intrigante dans son rôle de « chef de famille », le père étant gâteux dans un fauteuil. Quant au fils, Joseph, Maigret ne comprend guère l’adoration des femmes de la famille pour un garçon lâche, qui craint de perdre son confort.

Oui, réellement, une très bonne lecture, même si elle ne m’a pas redonné le sourire qui fait un peu défaut ces jours-ci.

Simenon sait vraiment comment poser une ambiance.

J'ai été un peu surprise du fait que Maigret n'arrête pas de "rajuster son chapeau melon", je me demandais vraiment à quelle époque on se situait = le roman a été publié pour la première fois en 1932, j'ignorais qu'à l'époque un homme portât encore un chapeau melon ! Cela fait tellement désuet par rapport au commissaire Maigret auquel la télévision nous a habitué et qui porte un chapeau mou, les histoires ayant été situées dans les années 1950.

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Maintenant que je l'ai lu, j'ai exactement le même ressenti ! Et c'est trop drôle car je me suis faite exactement la même réflexion que toi au sujet du chapeau melon !!!!
Répondre
N
c'est comme moi ;)<br /> mais ici, il vaut mieux sortir son parapluie MDR
Répondre
M
Un auteur que j'aime bien lire de temps à autre.
Répondre
N
c'est vrai, l'image de maigret à la télé (jean richard, bruno cremer) nous a habitué à une allure un peu différente des romans, mais le gros pardessus, la pipe sont bien là !
Répondre
N
je crois avoir lu "la première enquête" mais c'était il y a tellement longtemps, je ne m'en souviens même plus !<br /> je ne connais pas non plus "maigret et le coroner", cela doit changer en effet un maigret où on a chaud !
Répondre
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 075
Archives
Derniers commentaires
Publicité