QUE PERSONNE NE SORTE, de Yvan Govar
Scénario d’Yvan Govar & Jacques Séverac
D’après le roman de Stanislas-André Steeman « Six Hommes à Tuer »
Sur la route de Damme à Bruges, un homme se fait abattre. Pendant ce temps, dans sa villa « Au Doux Repos », Adelia Plunkett, veuve, auteure de contes pour enfants, se prépare à fêter noël avec Jo Adams, un homme qu’elle a rencontré six mois auparavant en vacances et avec qui elle espère enfin se sentir un peu moins seule.
Pour être moins seule, elle le sera, car Jo arrive avec trois « amis », aux mines un peu patibulaires et une ravissante créature, Karine, qui serait l’épouse de l’un d’eux. Peu après, arrivent les deux hommes qui ont abattu l’autre sur la route – qu’à cela ne tienne, plus on est de fous, plus on rit ! quoiqu’elle aurait quand même préféré quelques têtes à têtes, notre fofolle d’Adelia.
A Bruxelles, le commissaire de police a contacé Monsieur Wens, détective-aventurier, fils de son papa, l’as de la police pour lui confier l’élimination des six truands – car ces hommes sont effectivement les kidnappeurs de la petite Pamela, fille de l’ambassadeur américain Johnson. Et tout ce joli monde se trouve chez Adelia, complètement inconsciente de la situation, qui n’a qu’une envie : être seule avec Jo.
Les deux domestiques ont déjà quitté la maison, elles, tant les hommes sont grossiers avec elles ; elles vont se faire un plaisir de colporter des ragots sur la brave Adelia Plunkett qui ne se rend vraiment compte de rien. Elle est même ravie d’avoir une audience pour son prochain discours à la réunion des femmes de l’entraide sociale.
Monsieur Wens a une petite semaine (entre noël et nouvel-an) pour éliminer la bande et délivrer la petite Pamela, qui va s’avérer plutôt difficile à gérer – finalement, on paierait presque pour en être débarrassé, foi de truand ! Truands qui commencent à vivre dans l’inquiétude car une lettre anonyme les a prévenu que l’homme abattu a eu le temps de parler à la police et que lui, l’anonyme, se propose de les tirer de là. Au propre ou au figuré ?
J’ai découvert avec surprise cette comédie policière, petit régal d’humour noir, qui a parfois des accents un peu loufoques et où on ne s’ennuie pas un seul instant. Et qui réserve une surprise de taille à la fin.
Il est vrai qu’avec Jacqueline Maillan dans le rôle d’Adelia Plunkett, bavarde impénitente, n’ayant qu’une envie, enfin cesser d’être vertueuse, il est difficile de s’ennuyer. Jean-Pierre Marielle, dans le rôle de Jo, le chef du gang, lui donne une réplique savoureuse aussi – obséquieux, charmeur avec elle, relativement odieux avec la jolie Karine, qui prend la défense de la petite Pamela, qui leur donne un certain fil à retordre.
Egalement savoureux est Philippe Nicaud en Monsieur Wens (Jr), qui prendra plusieurs déguisements pour arriver à ses fins – ou plutôt à celles des truands.
Les complices de Jo Adams/Marielle sont joués par les Belges Roger Dutoit et Stéphane Steeman (oui, oui, le fils de l’écrivain himself), Jess Hahn, Jean Bouchaud et Max de Rieux.
Noel Roquevert apparaît brièvement dans le rôle du révérend Murdoch, le papa d’Adelia, pasteur extrêmement rigide qui n’hésite pas à qualifier sa fille de nouvelle Jezabel.
Le commissaire de police est interprété par Jacques Dumesnil et Maria Pacôme interprète Pauline, gouvernante d’Adelia/Maillan qui décide de rendre son tablier compte tenu de l’immoralité de sa patronne et la grossièreté de ses invités.
Quant au réalisateur Yvan Govar, j’ai appris par la même occasion qu’il s’agissait d’un réalisateur-scénariste et acteur belge, né à Uccle (Bruxelles) en 1935 et décédé à l’âge de 52 ans. Sa carrière fut relativement brève, en tant que metteur en scène, il réalisa 8 films – plus particulièrement des polars.
L’historien Paul Geens le considère comme l’un des meilleurs réalisateurs belges, à qui il doit d’ailleurs sa vocation d’historien ; il a constitué un fonds de films méconnus ou oubliés, ou même perdus. Pour pouvoir éditer sa collection « Made in Belgium », Paul Geens a fondé une asbl.
Yvan Govar tourna son premier long métrage à l’âge de 19 ans ; il s’agit d’un film policier dans lequel la chanteuse Barbara tournera son premier rôle. En 1965, Yvan Govar décide d’abandonner le cinéma, après huit films qui furent malheureusement des échecs commerciaux.
Ce que j’ai des difficultés à comprendre après avoir vu « Que Personne ne sorte », une vraie et sympathique série B policière, qui m’a vraiment divertie par des dialogues qu’auraient appréciés Michel Audiard, je pense (même s’il est vrai que celui-ci est inimitable).