COPACABANA, de Marc Fitoussi
Pas facile de plaire à ses enfants – Freud vous le dira mieux que moi = quoique vous fassiez, ce ne sera jamais bon. Elisabeth, dite Babou, va en faire la difficile expérience : sa fille est sur le point de se marier et aimerait mieux que sa mère ne soit pas présente au mariage – trop farfelue pour Esmeralda, qui craint qu’elle ne lui fasse honte devant les parents, plutôt « classiques », de Justin.
Déçue et malheureuse, Babou décide de se faire engager dans une société immobilière, vendant des appartements en multipropriété afin de prouver à sa fille qu’elle est capable de gagner correctement sa vie et de garder un emploi.
Lydie, la chef de vente, est une jeune femme stressée, limite hargneuse avec son équipe qui ne lui ramène pas assez de clients. Babou, grâce à des conseils donnés par une sympathique Ostendaise, par contre, ramène quelques prospects, ce qui plaît à Lydie, mais déplaît fortement à Irène sa co-locataire.
Quelques péripéties plus loin, l’histoire de Babou se termine sur un air de musique brésilienne avec la troupe de Sabor Brasil.
Cette charmante comédie, qui tient surtout la route grâce à la talentueuse Isabelle Huppert aussi à l’aise dans la comédie que dans le drame, est exactement du niveau auquel je considère le cinéma français actuel = télé. Je n’arrive vraiment plus à aller voir un film français sur grand écran, tant les sujets – même aussi sympathiques que celui-ci – m’intéressent peu. Le cinéma français contemporain pêche, à mes yeux, par un certain manque d’imagination (mais outre-Atlantique, c’est pareil avec les remakes.)
Cette opinion toute personnelle mise à part, j’ai été plaisamment surprise par « Copacabana ». Bien sûr, les parents ex-« baba cool », ce que n’apprécient guère leur progéniture, le cinéma en est plein, le sujet n’est donc pas neuf. Mais il amuse encore par le choc des contrastes.
Il met aussi l’accent sur les difficultés de vendre – de recruter de potentiels acheteurs, et de faire face à une chef, qui elle-même a des supérieurs exigeants.
Les mères fofolles dérangent généralement fortement leurs filles – plus que leurs fils (là je sais de quoi je parle). Pourquoi, je l’ignore – serait-ce parce que ce reflet de ce qu’elles ne sont pas les dérange, ou parce que la folie des unes enfoncent les autres dans leur conformisme ? J’avoue ne jamais m’être posé la question vu que chez moi ce fut exactement le contraire.
Ce qui est sûr, c’est que le film tente d’enfoncer une porte ouverte = celle de la liberté, celle d’être autrement que les modèles de société, ce qui n’est jamais facile à assumer. Préférer les chemins de traverse plutôt que la route bien droite tracée par la société est souvent dur – autant pour les autres (qui ne comprennent pas) que pour soi-même qui ne comprend pas de ne pas être compris et accepté.
Isabelle Huppert, jolie et amusante, est le moteur de ce scénario sans grande originalité ni prétention. Sa fille dans le film (qui est aussi sa fille dans la vie), Lolita Chammah, fille du réalisteur-scénariste-cascadeur Ronald Chammah. On la voit surtout dans une série télévisée et au théâtre, mais j’espère qu’on la verra encore plus sur le grand écran car elle a beaucoup de charisme.
On trouve encore, dans le rôle de la chef des ventes d’appartements, Laure Atika ; Chantal Banlier – toutes deux faisaient partie du moyen métrage « Bonbon au poivre », également réalisé par Marc Fitoussi et dont il s’est inspiré pour « Copacabana ».
Quel plaisir aussi de retrouver Luis Rego, le copain de Babou/Huppert dans le nord de la France.
Joachim Lombard interprète le petit ami d’Esmeralda/Chammah. Jurgen Delnaet est Bart, le docker amoureux de Babou/Huppert.
Ce que j’apprécie en Isabelle Huppert, c’est sa volonté de ne pas faire la une de la presse « people », une presse qui ne se nourrit que de scandales vulgaires. Par ailleurs, elle ne se cantonne pas dans un seul registre – sa palette de rôles est très éclectique.
J’ai aussi pu revoir la ville d’Ostende (cité balnéaire belge qui eut son heure de gloire au point d’être surnommée « La Reine des Plages »), mais de ce côté-là je suis restée un peu sur ma faim, juste de quoi me donner envie de partir quelques jours à la mer du Nord.
Comme je l’ai dit : un film de soirée d’hiver, au chaud chez soi, devant sa téloche – pas besoin de sortir pour le voir.
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