UNE VEUVE DORT SEULE, de Stanislas-André Steeman

20 décembre 2010

UNE VEUVE DORT SEULE, de Stanislas-André Steeman

Christine a épousé Armand ; elle est une jeune veuve sans beaucoup d’attrait, fille de général. Elle a épousé Armand, impénitent don juan qui s’est racheté une conduite mais a remplacé les femmes par le jeu. A tel point qu’il va bientôt hypothéquer sa maison et tout faire perdre à sa femme. Une seule solution : se débarrasser d’Armand

Lorsque son mari, écrivain de polars, prénommé Arnaud ( !) lui fait lire le premier chapitre de son nouveau roman à elle Christiane ( !), elle est outrée non seulement qu’il ait à peine modifié les prénoms, mais qu’en plus il fait d’elle un portrait vraiment peu agréable.

Arnaud a beau lui dire que c’est un ROMAN, elle n’en démord pas, cette histoire est une insulte.

Et puisque le chapitre se clôture par la décision d’occire Armand – et bien elle se mettra à la recherche de quelqu’un susceptible de la débarrasser, elle Christiane, d’Arnaud qui de toute façon est également possédé du démon du jeu et est sur le point de perdre la belle demeure ancestrale de Christiane.

En plus, ce crétin n’arrête pas de parler de Balzac, comme son modèle en écriture – n’est pas Balzac qui veut, et Arnaud est loin du compte.

Non, décidément, Christiane est bien déterminée à se débarrasser de lui. D’ailleurs ne le dit-il pas dans son roman = « une veuve dort seule ! »

Alors là, pour avoir été « baladée » par un auteur, on l’est avec cette « veuve » aussi peu sympathique que son auteur de mari et que les personnages leur ressemblant un peu trop. Rien d’étonnant à ce que tout le monde veuille liquider tout le monde.

Roman (Folle, la guêpe) dans le roman (Une Veuve dort seule), Stanislas-André Steeman semble avoir pris un malin plaisir à mélanger les pistes et les brouiller au point que ses lecteurs ne s’y retrouvent absolument plus du tout.

C’est parfois un peu agaçant, cette impression d’être menée par le bout du nez sans savoir où tout cela va nous mener, c’est écrit pratiquement comme un scénario – d’ailleurs c’est ce que l’on en a dit lorsque le livre parut à la fin des années 1950.

Stanislas-André Steeman, lorsqu’il fut consulté pour une réalisation au départ de ce roman, apprit que le rôle de l’auteur serait peut-être confié à Eddie Constantine, qui refusait un scénario où ses phrases dépasseraient 7 mots – courts de préférence. On s’étonnera après cela que Steeman refusât !

« Une Veuve dort seule » est un roman complètement en trompe-l’œil, l’expression de la 4^ème de couverture est bien trouvée. Fiction et réalité sont tellement étroitement mêlées qu’on ne sait plus qui est quoi – j’ai adoré être « baladée » comme cela, d’autant plus que le tout dernier chapitre est une fameuse surprise supplémentaire qui m’a arraché un gros éclat de rire tant j’ai eu une impression de bonne blague avec ce polar qui ressemble à une parodie du genre.