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mon bonheur est dans la ville
10 décembre 2010

LE MANNEQUIN ASSASSINE, de Stanislas-André Steeman

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Une enquête du commissaire Aimé Malaise (avec un petit coup de pouce de Monsieur Wens)

Etrange aventure qui arrive au commissaire Malaise : il se trompe de train, descend dans une ville minuscule des Flandres et se retrouve sur le quai d’une gare, où le train n’était même pas supposé s’arrêter – aux dires du chef de gare qui, se méfiant de ce voyageur inattendu, garde son arme à portée de main ! Le train suivant ne s’arrêtera pas avant le lendemain matin, Malaise se voit contrait de s’adresser à l’auberge, où on n’a pas vraiment envie de le recevoir apparemment. Bizarre comme d’endroit. Toute la ville semble n’être qu’une grande place, celle de  l’église.

Le soir de son arrivée, alors qu’il fume tranquillement une cigarette à la fenêtre de sa chambre, il remarque un personnage qui porte quelque chose sur le dos,, quelque chose qui ressemble à un homme, mais avec cette pluie de septembre, le commissaire n’est pas sûr de bien voir.

Le lendemain, il décide de prendre le train du matin, comme prévu – et il règne sur le quai de la gare une certaine effervescence. Un mannequin de cire a été retrouvé couché sur les rails et ce mannequin est horriblement abîme : le visage a été lacéré de coups de couteau et le même couteau est planté dans le « cœur » du corps. Mais qui pourrait vouloir assassiner un mannequin, dont il faut le dire le visage de cire était particulièrement séduisant.

Après visite au tailleur, où le mannequin fut volé, Aimé Malaise a envie d’en savoir plus et décide de mener une enquête, ce mannequin « assassiné » l’intrigue vraiment trop. Ses pas le mènent vers une maison, sur la place de l’église ; celle des Lecopte, une famille aussi étrange que toute l’ambiance qui règne dans la ville.

Le moins que l’on puisse dire est que le mannequin et lui n’y sont guère bien reçus par deux jeunes femmes. La maison et ce qui reste d’habitants pleurent la mort de Gilbert, le fils cadet, le beau, le préféré de ses parents. D’ailleurs sa mère mourut peu après ce fils tant aimé.

Qui devait épouser sa belle cousine Laure, qui confirme que le visage du mannequin était le portrait exact de Gilbert.

Un je ne sais quoi fait penser au commissaire que ce n’est pas un hasard si ce mannequin a été mutilé et puis déposé sur les rails pour destruction finale. Et si Gilbert Lecopte n’avait pas été ce jeune homme et paré de toutes les vertus comme le pense son père, comme le lui disent Laure et Irène, sœur du mort – Malaise est convaincu qu’elles mentent et il a décidé qu’il resterait dans le patelin jusqu’à ce qu’il ait des réponses et la solution du mystère, où semble aussi mêlé un jeune homme récemment liberé de prison pour un crime qu’il n’avait pas commis.

Ambiance pesante fort bien rendue, dans ce polar de S.A. Steeman, très différente des « Dix-huit fantômes », lu récemment et très ludique.

La maison où Aimé Malaise pénètre l’écrase rapidement du poids des secrets, bien vite pour lui cette maison est maudite, et il veut savoir pourquoi.

Ici, le seul moment vraiment amusant du roman est la rencontre entre le commissaire et Mr Wens, chez qui Malaise se rend pour lui soumettre son problème. Wens, comme à son habitude, est plein d’humour, très ironique, et la fête qui se déroule dans son appartement vaut le déplacement, croyez-moi ! Ce sera tout de même grâce aux petites remarques judicieuses de Wens que Malaise pourra retourner dans le village et y obtenir les réponses – et par la même occasion témoigner de l’innocence de deux personnes au tribunal.

Le roman est passionnant de bout en bout, tout comme le commissaire Aimé Malaise on a vraiment envie d’obtenir les réponses à toutes ses questions.

La première édition de l’histoire datait de 1931, mais le livre que j’ai lu , d’après les commentaires de l’auteur, était la version revue et corrigée en 1943. On y découvre hélas quelques clichés de l’époque, comme cette image du brocanteur juif qui m’a tout de même choquée tant elle ressemble à l’image que l’on donnait des Juifs dans le passé. C’est avec de tels clichés que se forment les exclusions et même pire.

Par ailleurs, Stanislas-André Steeman répond aux commentaires d’époque qui lui reprochaient d’avoir fait du commissaire Aimé Malaise le portrait «jumeau » du commissaire Jules Maigret, non seulement dans ses goûts alimentaires, son physique et sa manière de se vêtir (nous sommes encore ici à l’époque du chapeau melon), mais également par cette histoire qui ressemble à une enquête du commissaire inventé par Simenon. D’après S.A. Steeman, le commissaire Malaise est « né » deux ans avant Maigret.

Peu importe finalement, les deux auteurs étaient particulièrement talentueux, ne fut ce que pour rendre palpables les atmosphères dans lesquelles ils évoluent.

Et je remarque, une fois de plus, qu’il n’est pas nécessaire d’écrire 500 pages, ou plus, pour créer une bonne histoire avec une excellente ambiance, bien posée, avec des personnages intéressants, et des rebondissements, des détours tortueux avant d’arriver à la solution. Il suffit d'un bon écrivain, capable de créer et condenser une bonne histoire, sans intrigues secondaires pour alourdir le sujet.

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Commentaires
N
je refuse cette lourde responsabilité MDR
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M
Mouarf, je vais finir par avoir peur de dire qu'un livre me tente ! Si je compte les livres qui viennent de toi dans ma PAL, je suis sûre que c'est la moitié (dit-elle pour se déculpabiliser)
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N
le ton, ici, est TRES différent des "dix huit fantômes" - j'ai d'ailleurs l'intention de te l'apporter la prochaine fois qu'on se verra - ambiance rétro assurée ;o)
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M
J'adore ce genre d'ambiance !! Bon, il faut que je sorte celui que tu m'as donné de ma PAL et j'ai aussi "L'assassin habite au 21" (mais je connais le meurtrier mouarf.
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N
pour parfaire la culture du fils, je te conseille également "le furet" - excellent ! (voir cinémathèque, ici même => petite pub gratuite ;o))))
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