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mon bonheur est dans la ville
9 décembre 2010

DAVID SEYMOUR, LE PHOTOGRAPHE HUMANISTE

estremadur

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Voilà déjà quelque temps que cette exposition est en cours au musée juif de Belgique – et que je mourrais d’envie de la découvrir. C’est à présent chose faite – et quelle belle consolation après la déception que fut « L’Orientalisme en Europe » au musée des beaux-arts.

Je recommande vivement ce magnifique regard du souvenir, d’un homme qui à travers sa passion pour la photographie a fait passer toute son humanité – et son amour des enfants.

Je connaissais Robert Capa, Henri Cartier-Besson et l’agence Magnum, mais je ne connaissais pas CHIM. Je suis très heureuse d’être allée à « la rencontre » de cet homme que j’aurais aimé connaître « en vrai ».

Robert Capa a dit de CHIM = c’est lui le vrai photographe

Henri Cartier-Bresson a dit de CHIM = sans lui, Magnum n’aurait pas existé

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Un intéressant moment d’histoire et un beau moment d’émotion.

Ce qui suit est un résumé des informations trouvées sur le site du musée juif de Belgique (les remarques en italique et entre parenthèses sont les miennes).

Né Dawid Szymin – il naquit à Varsovie en 1911 et ne se destinait nullement à la photographie, qui prouvera bien vite être sa vraie vocation – même s’il y vint par le hasard et la nécessité.

Chim grandit dans un milieu privilégié, son père possédant une maison d’édition – grâce à cela, le jeune Chim accède à la philosophie et la littérature. Dawid Szymin, tout naturellement, étudie les techniques de l’imprimerie avec l’intention de reprendre, plus tard, l’entreprise familiale. Après obtention de son diplôme, il revient à Varsovie et travaille avec son père.

La crise économique frappant durement la Pologne, il obtient un visa d’étudiant et s’inscrit à la Sorbonne à Paris. Il doit néanmoins rapidement abandonner ses études, compte tenu des difficultés financières de ses parents. Devant trouver un emploi, un ami de la famille – David Rappaport, propriétaire de l’agence RAP – lui propose de devenir reporter. On pense que Szymin avait déjà une expérience en photographie en Pologne, puisqu’il détient une carte de presse en arrivant à Paris.

Il entre donc dans l’histoire du photojournalisme – par le regard différent qu’il porte sur les choses, la maîtrise technique et une rigueur quasi scientifique, il se distingue de ses collègues. Il publie ses images dans Paris Soir, Voilà, Ce Soir – et ses images portent désormais la signature CHIM, pseudonyme plus facile à prononcer pour les Français – tout en masquant ses origines. Nous sommes alors dans les années 30, ne l’oublions pas.

A Montparnasse, au café le Dôme, il fait la connaissance d’un certain André Friedman, que l’histoire a retenu sous le nom de Robert Capa, et par hasard rencontre Henri Cartier-Bresson. Les trois hommes deviennent amis et ensemble créeront la célèbre agence MAGNUM.  La politique passionne ces jeunes gens et les événements seront autant de sujets de discussions. Les extrémistes tentent de prendre le pouvoir partout en Europe, les régimes fascistes menacent les démocraties. Les journaux utilisent la photographie afin d’émouvoir les lecteurs.

Le magazine Regards, créé en 1932, adopte une ligne politique à gauche et fait appel à CHIM, dont la vision humaniste s’impose dans les reportages qu’il propose.

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Quelque temps après la formation du gouvernement Blum en France, Franco lance son coup d’état en Espagne, qui sombre dans la guerre civile. CHIM est déjà sur le terrain, et recommande Robert Capa, dont les photos sur le front républicain révèlent aussi un homme de grand talent. CHIM préfère rester à l’arrière, dénonçant les petites gens et leurs souffrances. Après la défaite républicaine espagnole, CHIM se rend au Mexique avec des fugitifs. Là ses photos soutiennent la cause socialiste de Lazaro Cardenas.

CHIM s’établit à New York après l’invasion de la Pologne en 1939, et la deuxième guerre mondiale l’incite à rester aux Etats-Unis. Il y crée un studio de développement et en 1942 s’engage dans les services d’espionnage américains, recevant par la même occasion la nationalité américaine.

Il adopte également un nouveau nom = David Robert Seymour, afin d’éviter les représailles sur sa famille restée en Europe. Il aide à analyser les photos aériennes grâce à sa grande compréhension de la photographie.

Après  la libération de Paris, il retrouve ses amis Robert Capa et Henri Cartier-Bresson ; la fin de la guerre permet à Capa de réaliser un vieux rêve  = créer une agence photographique. MAGNUM PHOTOS est née, en 1947. Sous la forme d’une coopérative internationale, gérée par les photographes. CHIM est en charge de l’Europe, Cartier-Bresson de l’Asie et Capa reste disponible pour des reportages dans le monde entier.

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CHIM reprend son métier et réalise un reportage en Allemagne, une Allemagne qui se reconstruit, des scènes de la vie quotidienne, ainsi que les procès des chefs de camp de Buchenwald.

Dans les photos de la vie quotidienne s’exprime tout l’humanisme du photographe qui en 1948 accepte un reportage pour l’Unicef, sur les conditions des enfants en Hongrie, Pologne, Autriche, Italie et Grèce ; les enfants seront toujours le sujet privilégié de David Seymour ; CHIM est touché par la misère et la détresse des enfants, comme la petite Tereska ayant grandi dans un camp de concentration polonais.

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Dans les années 1950, le public a envie de se secouer un peu du poids des années de misère ; du coup, avec ces envies de rêver un peu, les regards se tournent vers Hollywood, usine à rêves par excellence. La presse est la première à exploiter cette envie de rêve du public en publiant les photos des stars.

CHIM photographie alors Sophia Loren (à laquelle il parvient à donner une certaine distinction), Ingrid Bergman (qui se promène avec ses jumelles dans leur couffin), Françoise Sagan (songeuse à côté de sa machine à écrire), Audrey Hepburn (sur le tournage de « Funny Face »). CHIM souhaite montrer la personne humaine derrière la star et y parvient particulièrement bien. Comme cette photo d’une Joan Collins jeune et songeuse également.

Pour photographier les stars, CHIM utilise une méthode (qui deviendra aussi celle d’Annie Leibowitz plus tard) : il s’immisce dans leur intimité et les présente telles qu’on ne les voit pratiquement jamais.

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Sans oublier cette sympathique photo de David Seymour et Marilyn Monroe, prise à New York par Burt Glinn.

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C’est en Egypte que le parcours de CHIM se terminera brutalement : réalisant un reportage sur l’affaire du canal de Suez, du côté egyptien, il tombera sous les balles d’un soldat égyptien le 10 novembre 1956.

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A découvrir absolument au musée juif de Belgique.

Un autre avis sur  le blog de denis.

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Commentaires
N
bonjour et bienvenue chez moi - j'ai été très touchée par cet homme et cette exposition
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O
Merci pour ce billet! Je ne connaissais pas ce talentueux photographe
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N
euh oui ! comme je l'écris dans la petite chronique, c'est bien ingrid bergman et ses jumelles
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N
c'est beau les photos en noir et blanc. Dis moi l'actrice avec les deux bébés ce ne serait pas ingrid bergman?je dois tjrs lire sa biographie"ma vie" qui est tjrs en attente dans ma biblio.<br /> <br /> Fin tragique d'un artiste fabuleux.Avoir échappé à la guerre et finir comme ça c'est vraiment triste.
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N
effectivement, un métier fort dangereux, lorsqu'il est pratiqué par des gens sérieux comme CHIM
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