MRS. JEFFRIES & THE YULETIDE WEDDINGS, d'Emily Brightwell
Dans dix jours ce sera Noël et toute la maisonnée de l’inspecteur Witherspoon se prépare au mariage de Betsy, la jeune domestique et Smythe, le cocher. Bien qu’ils adorent tous jouer aux détectives afin d’aider « leur » inspecteur à résoudre des crimes, cette fois ils espèrent que rien ne se passera avant le mariage – vu tout ce qu’il y a à préparer (nouvel appartement des tourtereaux, robe de Betsy, arrivée de sa sœur et beau-frère du Canada), bref plus personne n’a une minute à soi.
Seulement voilà, le crime n’attend pas et lorsque l’inspecteur Witherspoon est chargé de l’enquête sur le meurtre d’Agatha Moran, tout le monde (y compris les futurs mariés, tout contents de pouvoir s’évader un peu des préparatifs) est sur le pont.
Pourquoi cette respectable ex-gouvernante, devenue propriétaire d’une petite pension pour dames seules, a-t-elle été poignardée sur le pas de la porte de la famille Evans, une famille évidemment très en vue dans la bonne société londonienne ? Les Evans fêtent les fiançailles de leur fille qui se mariera également peu avant Noël.
Il s’avère que Miss Moran était l’ancienne nanny et préceptrice de la gentille Rosemary, avant que celle-ci ne soit envoyée en pension. Rosemary Evans est bien la seule à regretter Miss Moran, toutes les autres personnes présentes au « high tea » n’ont aucune envie d’être mêlées à une affaire aussi vulgaire qu’une enquête policière, ce n'était qu'une ancienne gouvernante après tout !
L’inspecteur et son adjoint, le constable Barnes, sont donc priés de laisser tout ce beau monde en paix – apparemment ils ne comprennent pas qu’ils sont peut-être tous suspects, et que de toute façon, une enquête est une enquête, même les riches y ont droit lorsque quelqu’un est tué sur le pas de leur porte, gratin de la société ou pas.
Pour les personnes connaissant Agatha Moran il ne fait aucun doute que c’était une femme respectable, qui ne se mêlait pas des affaires des autres. Pourtant elle a été tuée par quelqu’un qui souhaitait faire passer ce meurtre pour un crime crapuleux, commis par un voyou.
C’est mal connaître Mrs. Jeffries et la maisonnée de l’inspecteur ! Une Mrs. Jeffries qui a l’impression de patauger. La brave gouvernante de l’inspecteur perd un peu les pédales et son sang-froid car celui qu’elle considérait comme son principal suspect ne peut en aucune manière avoir commis le meurtre. Pourvu qu’on arrive à résoudre ce crime odieux avant le mariage !
Quel plaisir j’ai eu à lire ce petit polar situé dans le Londres de l’ère victorienne et retrouver toute la domesticité de l’inspecteur Witherspoon – désormais considéré comme le meilleur inspecteur de tout le Yard ! – ses domestiques lui sont tellement reconnaissants de son caractère respectueux et affable (rare chez des gens riches à l’égard des domestiques), qu’ils font tout pour qu’il puisse résoudre les enquêtes qui lui sont confiées. Car si l’inspecteur est une bonne pâte d’homme, il n’est pas toujours très fûté.
Du cocher Smythe au valet Wiggins (qui rêve de devenir détective privé), en passant par la cuisinière Goodge et la jolie servante Betsy, sans oublier évidemment la gouvernante Mrs. Jeffries, veuve d’un policier, tout le monde fait appel à ses ressources pour glaner des indices qui aideront l’inspecteur à capturer le coupable, pour le soutenir dans sa lutte contre le crime.
Rien ne leur fait plus plaisir que d’aider à ce que les vrais criminels – quel que soit leur rang dans la société – soient punis. Ce qui rend Mrs. Jeffries, ses acolytes et leurs amis-enquêteurs amateurs, si fiers est le fait que justice soit rendue et que ce ne soient pas toujours les plus démunis qui soient accusés de meurtre.
Une ambiance festive règne dans cette enquête criminelle, avec une course contre la montre afin que tout soit réglé pour ce mariage tant attendu !
Une intrigue très bien ficelée, un plaisant moment de lecture (un "cozy murder mystery" impossible à lâcher), dans l’ambiance Noël déjà bien installée dans les magasins et avec la neige qui recouvre tout à Bruxelles pour l’instant.