THIRTEEN WOMEN, de George Archinbaud
Titre français = Treize Femmes
Scénario d’après un roman de Tiffany Thayers (qui comme son nom ne le dit pas est un écrivain et non une auteure)
Quelques jeunes femmes (13 paraît-il, mais je n’en ai pas compté autant dans le film) de la bonne société américaine (WASP pour tout dire) se sont prises d’intérêt pour un gourou établissant leurs cartes du ciel et leur horoscope.
Leurs horoscopes sont généralement positifs, mais sa superbe assistance en modifie le contenu avant de les expédier aux femmes concernées. Chacune d’entre elles semble croire dur comme fer à ces horoscopes et se laisse influencer par leur contenu – comme si tout cela avait un quelconque pouvoir sur elles, les unes après les autres, celles qui ont reçu une lettre du Swami Yogadachi, meurent dans des circonstances étranges = l’une a un accident de trapèze, sa sœur en devient folle, une autre assassine son mari et meurt en prison.
Une autre encore se suicide dans le train qu’elle avait pris afin de se rendre chez Laura Stanhope, riche héritière, riche veuve et mère d’un adorable bambin (enfin quand je dis « adorable » …). Laura Stanhope a décidé de réunir ses anciennes amies d’école, du moins ce qui en subsiste de leur sororité, afin de confirmer aux dernières concernées que toute cette histoire est ridicule, que personne ne peut prédire l’avenir.
Elles ne sont donc plus que trois à cette fameuse « réunion » (même pas assez pour un bridge) ; l’une d’elles les critique violemment de ne pas croire à tout ce que le Swami prédisait – puisqu’il a même prédit sa propre mort et les circonstances dans lesquelles il mourrait, tout cela sous l’influence de sa très belle assistante Ursula.
Dans le train où l’on a trouvé le corps de leur amie dépressive, l’inspecteur Clive a trouvé un billet avec l’adresse des Stanhope – il se rend chez Laura et sur les conseils de son amie Jo, elle lui montre l’emballage d’une boîte de chocolats qui a été apportée pour son petit garçon qui fêtera bientôt son anniversaire. Les chocolats sont empoisonnés, heureusement Laura a défendu à Bobby d’en manger.
Peu après, Burns, le chauffeur des Stanhope, apporte un ballon au petit garçon, un ballon qui, on l'apprendra rapidment contiendrait de la dynamite.
L’inspecteur Clive conseille à Laura et son fils de se rendre à New York, mais dans le train Ursula veille – et Laura Stanhope apprendra pourquoi Ursula Georgi se venge de manière aussi terrible.
« Treize » on le sait, ça ne porte pas chance – du moins si on est superstitieux ! Ici les dames de cette histoire en savent quelque chose !
Alors qu’Irene Dunne était la tête d’affiche de ce film, à mes yeux c’est la très belle Myrna Loy qui lui vole les scènes – Myrna Loy est une actrice que j’ai surtout vue dans des rôles très sympathiques, ici elle est effrayante – superbement maquillée, des yeux en amandes lourds de maquillage, des yeux qu’elle utilise pour hypnotiser les hommes et les femmes qu’elle utilise. Elle est la femme fatale par excellence, celle qui hantera les écrans pendant des décennies – elle montre une soif de pouvoir, un esprit de vengeance et de méchanceté peu commun, elle se complaît à voir souffrir les autres et fait exécuter ses basses besognes par les hommes en son pouvoir.
Irene Dunne, par contre, en femme qui refuse de se laisser intimider par les lettres du soi-disant gourou, mais en mère effrayée, est très mélodramatique et assez agaçante très sincèrement.
Ricardo Cortez (dont le vrai nom est Jacob Kranz, beaucoup moins exotique !) est l’inspecteur Clive qui craque pour les beaux yeux, non pas de la meurtrière, de la riche veuve.
Les belles dames qui font partie de la sororité sont des actrices célèbres dans les années 30 = Jill Esmond (Jo), Mary Duncan (June la trapéziste), Harriet Hagman (sa sœur trapéziste), Florence Eldridge (qui fut une excellente Elizabeth I dans le "Mary Stuart" de John Ford), Peg Entwistle (comédienne de théâtre, dont ce fut le seul film car elle se suicida peu après), Kay Johnson. Blanche Federici est la directrice de l’école ultra-chic où ces dames firent leurs études.
Les hommes subjugués par Ursula/Myrna Loy sont C. Henry Gordon (le Swami) et Edward Pawley est Burns, le chauffeur. Je ne cite pas le gamin, d'abord parce que je ne supporte pas les acteurs-enfants et parce que les parents de ce jeune garçon eurent l'excellente idée après 2 ou 3 films de le retirer du circuit ciné et lui faire terminer ses études.
Ce film ne fut jamais distribué en Europe et est d’ailleurs très peu connu de ce côté de l’Atlantique – c’est une fois encore grâce à Serge Bomberg, sauveteur de films anciens qu’on a la chance de l’avoir en dvd.
Le scénario s’éloigne très légèrement du roman, comme c’est souvent le cas dans une adaptation, mais pas tellement – une chose a été modifiée à cause du code Hays (morale et censure) = l’une des jeunes femmes qui meurt est une homosexuelle qui tue l’homme qui l’a séduite et se laisse mourir de chagrin parce que son amante l’a abandonnée.
J’avoue que j’aimerais beaucoup lire le thriller d’origine car l’ambiance est réellement inquiétante, surtout par la présence de la belle Ursula. Ceci dit, malgré sa méchanceté vengeresse, lorsqu’elle explique ses motifs, on se sent pris d’une certaine compassion pour elle - le film subtilement critique certains aspects de la société WASP made in USA.
L’auteur masculin Tiffany Thayer était un passionné de science-fiction et littérature fantastique, cela se sent un peu au travers de ce film, histoire de vengeance fort bien imaginée, on se demande ce qu’en ferait un réalisateur contemporain.
Le film est considéré comme l’un des premiers films dit « de genre » et est aussi l'un des premiers (avec "Women" de George Cukor) à mettre en scène une histoire presque essentiellement composée de femmes.