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mon bonheur est dans la ville
18 octobre 2010

LES GRECS par LE THEATRE EN LIBERTE

lesgrecs

Epopée en deux parties, d’après Homère, Eschyle, Sophocle et Euripide, proposée par le Théâtre en Liberté, au Théâtre des Martyrs

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Dans une mise en scène et scénographie originale de Daniel Scahaise

Costumes = Anne Compère – Vidéo = Philippe Fontaine – Régie/lumières = Nicola Pavoni

1ère partie = LA GUERRE – LES FEMMES

LesGrecs_Martyrs

Troie la mythique, la puissante, la très riche, celle que les Grecs enviaient depuis toujours, est tombée dans la violence et le sang.  Les vainqueurs – considérés comme des héros, comme s’il y avait le moindre héroïsme à trahir pour conquérir  – ne se sont pas comportés  comme les êtres nobles et courageux qu’Homère voulait nous faire croire qu’ils étaient. Ils sont parvenus à se disputer pour les trésors, les femmes qu’ils ont transformées en esclaves,  et ont massacré Les enfants afin d’assurer qu’ils ne viennent  pas venger leurs pères.

Poséidon regarde avec colère sa ville de Troie rasée, pillée, en cendres, il jure de se venger sur les Grecs. Sa nièce Athéna, qui portant protégeait les Grecs, a bien l’intention de l’aider. Pourquoi cette incohérence : parce qu’elle est offensée – après la victoire les Grecs ne l’ont pas honorée comme elle le méritait !

Les Toyennes sont là, autour de leur reine Hécube, qui malgré la mort de son époux, de ses fils et ses filles, résiste encore et défie les vainqueurs. Non, elle ne suivra pas le traître Ulysse dans sa patrie, elle préfère mourir – et Poséidon l’y aidera, afin que la dernière des offenses – l’esclavage – lui soit épargnée. Ne seront cependant pas épargnées les autres femmes de Troie = Andromaque, qui part avec le fils d’Achille, après que l’on ait assassiné son fils. Cassandre, qui échoue à Agamemnon, qui se réjouit de le suivre puisque cela signifie la mort. La petite dernière, Polyxène, doit être sacrifiée sur le tombeau du grand Achille à qui elle était promise. Toutes les autres Troyennes seront des esclaves, des putains, au service des Grecs.

Quant à Hélène par qui le malheur arriva, elle parvient à convaincre le faible Menelas qu’elle aussi est une victime et que plutôt que la mort, elle mérite d’être pardonnée.

2ème partie = LES CRIMES – LES DIEUX

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Les dieux ont réclamé la fille ainée d’Agamemnon et Clytemnestre, pour avoir du vent ! Malgré les suppliques de la mère, Agamemnon n’a pas cédé, il s’est retranché derrière les exigences d’Artemis par la voix de Calchas son grand-prêtre, aidé par Ulysse.

De rage, la mère a tué le père lorsqu’il est revenu chez lui, avec une nouvelle épouse.

Puis ce sont la fille et le fils qui ont voulu venger le père car ils n’avaient rien compris à ce qu’éprouvait leur mère, du coup, on l’égorge ! La haine d’Electre est sans limite pour sa mère, tout ce qu’elle souhaite c’est le retour d’Oreste, son frère, dont elle arme le bras – trop lâche pour frapper elle-même, elle préfère distiller sa rage.

Guerre,  vengeance, cupidité, amour, passions, tout y est. Et cette manie de se retrancher derrière leurs dieux aussi ! quelle aberration.

Plutôt que deux soirées de deux heures, j’ai privilégié la version « tout en un », et j’ai passé un dimanche après-midi absolument fabuleux. Il est vrai que les thèmes mythologiques me passionnent et surtout cette tragique saga, l’une des plus célèbres au monde, sur la conquête de Troie par les Grecs. Je ne regrette pas une seule minute de ces quatre heures et je n’étais même pas fatiguée.

GRAND COUP DE CHAPEAU aux comédiens pour une telle performance.

Janine_Godinas__c_ZvonockJe n’ai qu’admiration pour Janine Godinas, magnifique et formidable Hécube – ainsi que la clocharde d’Argos qui forme avec le vieillard interprété par Jaoued Deggouj – le chœur grec cher aux dramaturges de l’antiquité. Janine Godinas est, pour moi, avec Jacqueline Bir et Suzy Falk, l’une des grandes dames du théâtre belge.

Je n’ai guère été étonnée du choix de Dolores Delahaut, à la fois en Cassandre et Electre ; j’avais découvert cette comédienne dans « Six Personnages en quête d’auteur » de Pirandello, où j’avais déjà eu un aperçu de son talent pour la tragédie, même si je l’avais moins appréciée qu’ici.

Jean-Henri Compère ne m’a pas totalement convaincue en Agamemnon, avide, paillard, arrogant. Par contre Laurent Tisseyre est un Menelas lâche et stupide devant sa ravissante épouse qui le tourne autour de son petit doigt.

Cette Hélène est présentée ici comme une bimbo, blonde, sotte, amoureuse de sa propre image. Elle est très bien jouée par Julie Lenain, qui par ailleurs joue aussi Aphrodite.

Clytemnestre est formidablement interprétée par Hélène Theunissen ; que ce soit en épouse plaidant pour sa fille ou en amante passionnée d’Egisthe, et mère bafouée et assassinée par ses enfants, elle est réellement impressionnante. Par ailleurs, cette même comédienne interprète aussi Athena.

Le comédien Bernard Marbaix prête sa belle voix grave à Poseidon, mais aussi à Tyndare, le père d’Hélène et Clytemnestre.

A côté de Dolores Delahaut, qui après avoir été Cassandre, se retrouve en Electre, amante de son frère Oreste joué par Bernard Gahide. Leur sœur Chrysothémis est jouée par Delphine Bertrand, qui était aussi une émouvante Polyxène dans la 1ère partie.

A côté de cela, on retrouve les élèves du conservatoire dans les rôles de figuration (captives troyennes, filles d’Argos, soldats).

Les costumes étaient un mélange un peu hétéroclite d’habits déchirés pour les Troyennes (logique après ce qu'elles ont subi); quant aux tenues des soldats, ils étaient un amalgame de tenues de soldats contemporains. Une touche intéressante cependant dans cela = les robes d’un rouge flamboyant d’Hélène lorsqu’elle retrouve Menelas, mais aussi de Clytemnestre lorsqu’elle vient plaider la cause d’Iphigénie, robes modernes mais qui ajoutent une touche dramatique à la situation.

Du côté des décors, c’est minimaliste = des colonnes pour figurer l’Olympe, des videos sur les murs pour la mer, une frise de pierres pour le palais d’Argos. Ce minimalisme met cependant très bien en évidence le jeu des comédiens, à qui je tire une fois encore mon chapeau.

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