DORIAN GRAY, d'Oliver Parker
D’après le roman « The Picture of Dorian Gray » d’Oscar Wilde – adaptation de Toby Finlay (premier scenario)
Remake du film en noir & blanc de 1945
Le jeune Dorian Gray, ayant hérité des biens de son grand-père, arrive à Londres ; sa jeunesse et sa candeur le rendent extrêmement attirant. Il attire l’attention de Basil Hallward, un jeune peintre qui décide de faire son portrait. Hallward est un ami de Lord Henry Wotton qui décide de s’occuper de l’ « éducation » de Dorian Gray.
Lorsque Dorian voit son portrait terminé, il émet le souhait de garder toujours cette jeunesse et cette beauté, pendant que Wotton le taquine, lui demandant s’il vendrait son âme au diable pour cela. « Oui » sera la réponse et la damnation.
Lorsqu’il rencontre la ravissante comédienne, Sybil Vane, une parfaite Ophélie, Dorian tombe amoureux et exprime le désir d’épouser la jeune fille. Hélas, ici encore l’âme damnée du jeune homme va le conseiller, la douce Sybil sera la victime.
Plus le temps passe, plus Dorian Gray va loin dans les plaisirs que la ville et ses bas-fonds lui offrent, il tient à goûter à tous les excès. Plus il s’affirme, plus il devient cruel aussi.
Jusqu’à ce que Basil Hallward lui demande son tableau dans le but de l’exposer à Paris. La découverte du portrait, désormais caché sous les combles, lui sera fatale. Le portrait montre toute la corruption de Dorian, qui lui n'a aucun des stigmates de cette vie de débauche.
Dorian Gray disparaît alors pendant de très longues années ; lorsqu’il revient, tout a changé, sauf lui. La rencontre avec Emily, la fille de Lord Wotton, sera déterminante.
Après le positif billet de Teki, j’ai eu très envie de voir cette nouvelle version de cette histoire d’horreur gothique, métaphore de la déchéance d’une âme tombée dans le « côté obscur » sous l’influence d’un être cynique, ravi de corrompre un être jeune et pur.
Difficile cependant pour moi - hélas - de ne pas penser à l’excellente version de 1945, avec un George Sanders, plus que cynique, mais que l’on parvient (presque) à trouver sympathique alors que Colin Firth en Lord Henry (Harry) Wotton est véritablement odieux.
Comme cette version de 1945 me reste encore fort en mémoire, surtout pour l’excellente performance d’Angela Lansbury en Sybil Vane et George Sanders en Henry Wotton, j’ai été quelque peu déçue par cette version « moderne », qui prend quelques libertés avec le roman, mais qui surtout nous montre tout ce qui est suggéré tant dans le roman que dans la version 1945, à savoir toutes les débauches de Dorian Gray (sexe et drogues).
Par contre Ben Barnes en Dorian Gray a été une bonne surprise – l’ex-Prince Caspian des « Chronicles of Narnia » ne me paraissait pas vraiment taillé pour ce rôle ; je me trompais, il est convaincant en jeune homme charmant, séduisant, qui passe un pacte avec le diable pour garder sa beauté et sa jeunesse.
En dehors de Colin Firth, déjà mentionné (et qui m’a brisé le cœur par sa cruauté et sa lâcheté – mais où est mon Darcy ?), il faut encore mentionner Ben Chaplin (aucun rapport avec Charlie Chaplin) dans le rôle de Basil Hallward le peintre rendant le portrait de Dorian tellement magnifique qu’il en bouleverse totalement la vie de ce dernier. Ben Chaplin fait du bon travail, tout en sobriété.
Du côté des femmes qui traversent la vie de Barnes/Dorian Gray, il faut citer Rebecca Hall, en fille de Lord Henry Wotton, Emily, qui se prend d’un amour réel pour Gray (comme la fille du pasteur dans le roman).
Avec Sylbil Vane, interprétée avec sensibilité par une bien jolie Rachel Hurd-Wood, qui paraît tout droit sortie d’un tableau de John Millais
Ces deux rôles féminins sont les plus importants du film.
Citons encore Caroline Goodall en Lady Radley, elle aussi victime de la séduction de Gray, Fiona Shaw en Agatha et Maryam d’Abo en Gladys, une autre amie d’Agatha qui ne pourra non plus résister au séducteur.
Quant à Victoria, lady Wotton, elle est jouée par Emilia Fox. James Vane, le malheureux frère de Sybil, est interprété par Johnny Harris.
Quant à la fin, je l’ai trouvée complètement alambiquée et je ne suis même pas certaine de l’avoir comprise. Elle a gâché une grande partie du plaisir que j’ai eu à regarder cette nouvelle version d’un grand classique de la littérature anglo-saxonne.
Je pense d’ailleurs qu’ il serait grand temps pour moi d’enfin lire ce classique de la littérature britannique, dans lequel Oscar Wilde parle beaucoup d’hédonisme et d’esthétisme, thèmes qui lui tenaient à cœur – il souhaitait également par ce livre démontrer les hypocrisies de son époque dont Lord Henry Wotton est finalement l’exemple le plus évident : c’est lui qui corrompt, mais sauve lâchement les apparences dans sa vie.
Selon le personnage de Wotton, seule la classe pauvre est dépravée, par contre pour les nantis, se procurer des plaisirs interdits est une forme d’art – ce qui révèle, je crois, une partie de la personnalité d’Oscar Wilde.
La lutte du bien contre le mal, un peu à la manière de Jekyll & Hyde en quelque sorte, un roman que Wilde admirait beaucoup.
Le réalisateur de cette adaptation 2009 du « Picture of Dorian Gray » a adapté deux pièces d’Oscar Wilde « An Ideal Husband » et « The Importance of Being Earnest ».
Il a également réalisé les versions modernes des drôles et caustiques « St-Trinian », les films étant basés sur la série télé tirée des dessins de Ronald Searle.
C’est lui qui a mis en scène une nouvelle version d’ « Othello » avec Laurence Fishburn.
Oliver Parker est le frère du séduisant Nathaniel Parker, alias l’inspecteur Thomas Linley.