LA PORTE OUBLIEE, de Marc De Smedt
Du Bon Sens dans la Quête du Sens
La sagesse …
Vaste sujet, vaste combat avec soi. Ouverture d’esprit, ouverture aux autres, comment ne pas, parfois, les oublier pour ne plus voir que sa petite personne, ses propres croyances.
Je ne suis pas croyante en un dieu, j’ai horreur de toutes les chapelles quelles qu’elles soient – seul le bouddhisme a mon attention dans la mesure où il est philosophie et non religion comme en Asie ; avoir appris qu’il existait quatre « chapelles » dans le bouddhisme et que chacune estime avoir raison sur l’autre m’a flanqué l’un des plus grands coups au moral que j’aie connu.
C’est le bouddhisme qui m’a apporté la sérénité, qui m’a appris la méditation, qui m'a aidée à sortir de l'abominable trou dans lequel j'étais tombée, qui m’a fait comprendre que je n’étais rien d’autre qu’une molécule dans l’univers – au moment où l’on vous dit ça, vous prenez un sacré coup dans les gencives car l’ego étant omniprésent, ça l’enquiquine drôlement de se voir relégué au néant. Quel bonheur pourtant une fois que l’on sait « que l’on ne peut tout contrôler », que l’on n'est maître que d’une seule chose : sa vie.
Il est aussi très vrai que l’on peut, en quête de soi, tomber sur des gurus (professeurs), petits chefs de sectes ou fanatiques religieux ; le courant « new age » est particulièrement dangereux pour ceux dont l’esprit est fragilisé par la vie.
C’est pour cela que j’apprécie ce livre qui tente, sans trop de prêchi-prêcha (ce que je déteste par-dessus tout), d’aborder les thèmes de la tolérance envers les autres.
Marc De Smedt essaie, dans les chapitres de son livre, de proposer une éthique du comportement religieux, un manuel de sagesse pratique sur les valeurs essentielles d’une vie intérieure. Ne croyez pas que cet écrivain-éditeur soit une vieille barbe, bien au contraire = il est peut-être fan de Mozart, mais ne renie ni les Stones, ni Miles Davis.
L’un de mes chapitres préférés dans cet essai est « Le détournement de la parole » : avançons ensemble vers un mieux, mais pas en niant les autres, pas en faisant du prosélytisme. Pas en établissant des dogmes, ces dogmes prônés par les hommes qui ont récupéré les textes = jesus n’a jamais exigé que les prêtres soient célibataires, il n’est écrit nulle part dans le coran que les femmes doivent se voiler ou que les hommes et les femmes doivent être séparés à la synagogue ou à la mosquée.
Ce sont des dogmes établis par ceux qui se sont érigés en « représentants officiels » des philosophes (Paul de Tarse entre autres).
Le théologien Harry Küng (cité par Marc De Smedt) l’explique très clairement : la seule, la vraie obligation des fidèles – quels qu’ils soient – est de servir la communauté humaine, dans le respect de leur croyance qui doit être vécue avec sincérité et non interprétée, légiférée, imposée. On en est loin n’est ce pas ?
J’aime ce livre car il me remet régulièrement en cause – l’appel à la haine (que l’on connaît pour le moment à cause des intégristes islamistes) est une sirène dangereuse, qui parfois m’influence car je suis alors tentée de haïr ceux qui se livrent à cet appel. Mais non, ces cris n’atteindront pas celle que je suis – je n’ai pas la vocation de martyre, je la leur laisse de tout cœur. Et je les plains.
J’ai peint un jour pour une amie professeur de yoga ces « Fleurs du Bouddha », qu’elles soient un modeste complément à un beau livre.