TAMARA DREWE, de Stephen Frears
Adaptation par Moira Buffini du roman graphique de Posy Simmonds (lui-même librement adapté de « Far from the madding crowd de Thomas Hardy).
Ewedown, charmant village dans la campagne anglaise – du moins pour les écrivains résidant au cottage des Hardiment. Un trou où il ne se passe jamais rien selon les adolescentes Jody et Casey, qui pendant les congés scolaires ne trouvent rien de mieux que de lancer des œufs sur les voitures qui passent.
Le cottage des Hardiment accueille les écrivains à la recherche de calme pour créer, chouchoutés par Beth, l’épouse du célèbre écrivain Nicholas Hardiment, coureur de jupons invétéré, menteur comme pas deux, mais qui sait qu’il ne peut se passer de son épouse. C’est là qu’a débarqué Glen, un auteur américain écrivant une biographie sur Thomas Hardy, auteur de « Far from the madding crowd ».
Un Glen totalement séduit par la présence quasi maternelle de Beth.
Andy Cobb est un jeune homme doué pour bien des choses, habile de ses mains, dont le père a perdu le domaine familial qui a été morcelé ; la belle demeure Winnards a été vendue aux Drewe, des Londoniens. Mrs. Drewe vient de mourir et ce décès ramène au village sa fille Tamara qui a l’intention de vendre la maison. Elle a bien changé Tamara : elle s’est fait refaire le nez, a une ligne superbe, un job intéressant comme journaliste. Bref la « femme fatale » idéale.
Dès son arrivée à Ewedown, Tamara Drewe secoue tout le petit confort de ce monde bien installé dans sa vie – et fait baver d’envie et (involontairement) enrager les deux adolescentes en mal d’occupations intelligentes – elles vont dès lors fixer leur attention sur Tamara, ses fréquentations, ses amours, sa maison, jusqu’à y pénétrer et fouiller les chambres.
Lorsque Tamara tombe amoureuse de Ben Sergeant, batteur d’un groupe rock qu’il vient de dissoudre parce que la chanteuse se tape le bassiste, la jeune Jody se met à fantasmer sur Ben, qu’elle a découvert via un magazine people. Son ennui, ses envies morbides de capter l’attention de Ben, vont provoquer bien des psycho-drames, surtout lorsqu’elle se met à envoyer des emails signés « Tamara » sur l’ordinateur de celle-ci découvert au cours de l’intrusion dans la maison.
Tout cela va dégénérer au-delà des espérances des adolescentes ; toute la petite communauté d’écrivains en sera chamboulée.
Le film est une adaptation du roman graphique de Posy Simmonds – et non sa retranscription visuelle, aux dires même de l’auteure Posy Simmonds.
Il l’aborde d’un angle différent, nettement plus ironique, piquant comme un bonbon acidulé, et ne se termine pas totalement comme le roman graphique.
Stephen Frears en a fait une comédie – dramatique par certains aspects – mais le tout traité avec ce petit quelque chose de typiquement humour anglais et caustique. Les « bobos » britanniques prennent quelques piques dans les gencives au passage.
J’avoue avoir été légèrement déçue par la fin, mais il est vrai que je venais de lire le livre de Posy Simmonds, et du coup je m’attendais à ce que ce soit encore plus respecté.
La campagne anglaise est toujours aussi jolie et le film est plaisant.
L’interprétation est à la hauteur du sujet :
Gemma Arterton est une ravissante Tamara Drewe, qui tente avec difficulté d’y voir clair dans sa vie et désireuse d’enfin écrire son roman.
Dominic Cooper est excellent en Ben Sergeant, rocker de choc, qui déteste la campagne et regrette sa chanteuse rock.
Le couple Hardiment est interprété par Tamsin Greig (Beth), l’épouse dévouée et Roger Allam (Nicholas), l’auteur célébré que toutes les femmes adorent.
Andy Cobb a le physique sexy de Luke Evans et Glen McCreavy, l’auteur américain que Hardiment méprise, est joué par Bill Camp.
Jessica Barden est l’insupportable Jody, celle par qui le scandale arrive et sa copine est jouée par Charlotte Christie. Je ne supporte pas du tout les ados, en conséquence je n’ai rien à dire de ces jeunes actrices, sauf qu’elles sont parfaites dans le rôle de têtes à claques.
« Tamara Drewe » se laisse voir avec délectation, mais je recommande tout de même le roman graphique.
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