TAMARA DREWE, de Posy Simmonds
Très librement adapté du roman de Thomas Hardy « Far from the Madding Crowd »
Titre français = idem
Quelque part dans la campagne anglaise,
Beth Hardiman, épouse d’un romancier célèbre, gère un gîte pour écrivains en mal de retraite, de calme et d’inspiration. Ainsi débarque à Stonefield, Glen Larson, traducteur et professeur temporaire dans une université londonienne. Selon ses dires, Stonefield est un lieu de repos idéal, peut-être trop idéal d’ailleurs compte tenu de son confort et du dévouement de Beth Hardiman à ce que tout le monde soit confortablement installé.
Le couple Hardiman est en pleine crise, Nick a une maîtresse et il est évident que Beth traverse une crise de la quarantaine.
Dans la propriété il y a le jeune Andy Cobb, jeune homme brillant mais sans réelle ambition dont le domaine ancestral a été perdu par son père. Winnards fut racheté par une certaine Mrs. Drewe qui vient de mourir et dont la nièce a hérité.
Ah la nièce ! belle, élégante et si Londonienne « en visite » même si elle a décidé de revenir vivre dans le pays. Car elle est aussi une enfant du pays, elle était seulement nettement moins belle à l’époque – la chirurgie esthétique a opéré un miracle. Tamara Drewe est chroniqueuse dans un journal londonien et au fil des saisons parle de la vie et des gens de la campagne. Très vite, elle va tourner la tête à tous les hommes de Stonefield, devenir la femme fatale de la campagne.
Arrivée en compagnie de Ben, rock star qui râle d’être coincé dans ce patelin de bouseux – la « cool rock attitude » quoi ! Tamara, elle, fait l’objet de l’envie de deux adolescentes du patelin qui passent leur temps à l’observer. L’une d’elles, Jody, fantasme totalement sur Ben. Le drame n’est pas loin dans toute comédie humaine.
Paru tout d’abord sous la forme d’une série dessinée dans le quotidien britannique « The Guardian », « Tamara Drewe » a pris la suite de l’excellent roman graphique « Gemma Bovery », adapté de Flaubert et qui parut également sous forme de feuilleton dans « The Guardian » avant d’être édité sous sa forme complète.
Que dire si ce n’est que je suis aussi sous le charme de cette adaptation-ci du roman fleuve de Thomas Hardy, un peu moins peut-être que je le fus à propos de « Gemma Bovery », peut-être parce que j’ai trouvé une certaine répétition dans la manière de traiter le thème.
Cette chronique de la campagne, où de vrais (et faux) intellos se réfugient afin de mieux créer, leur côté superficiel, est finement observé par l’auteure.
Les dessins sont, une fois de plus, parfaits : la brave Beth, plus très élégante, plus très mince, plus très belle, totalement dévouée à un mari qui ne la mérite pas ; les hommes, qui sont loin d’être élégants de caractère, prêts à profiter des femmes, sauf le brave Andy qui se considère comme un « loser » et agit comme tel d’ailleurs ; les gamines qui s’ennuient et prêtes à tout pour échapper à la monotonie de leur patelin et, finalement, la Londonienne Tamara qui s’amuse à observer tout ce petit monde pour sa chronique, qui aimerait bien écrire quelque chose de plus profond mais n’a peut-être pas le talent pour cela.
Une galerie de personnages comme on en rencontre souvent et partout, sous d’autres formes, sous d’autres métiers, mais qui existent dans la réalité. Comme l’adolescente complètement absorbée par les chroniques « people » des magazines branchés, qui tombe amoureuse d’une rock star par magazine interposé, bref portrait de la groupie typique
Résultat de cette lecture moderne du roman : j’ai envie de relire le livre-fleuve de Thomas Hardy - « Far from the madding crowd » - découvert il y a de nombreuses années après avoir vu le film de John Schlesinger datant de 1967 et qui était d’ailleurs une excellente adaptation de cette histoire à multiples rebondissements.
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