LES INGENUS, de Paul Verlaine

FETES GALANTES - 7

Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,
En sorte que, selon le terrain et le vent,
Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent
Interceptés ! - et nous aimions ce jeu de dupes.

Parfois aussi le dard d'un insecte jaloux
Inquiétait le col des belles sous les branches,
Et c'étaient des éclairs soudains de nuques blanches,
Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous.

Le soir tombait, un soir équivoque d'automne :
Les belles, se pendant rêveuses à nos bras,
Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,
Que notre âme, depuis ce temps, tremble et s'étonne.

(françois boucher)

Comments

[niki]

je suis rarement intriguée par les vers d'un poète, car les poètes, comme les écrivains, mettent quelque chose d'eux-mêmes dans ce qu'ils écrivent, leur imagination fait le reste.

je "découvre" verlaine un peu tardivement, je l'avoue, mais ces fêtes galantes me séduisent beaucoup.

baudelaire et apollinaire avaient plutôt mes préférences jusqu'à présent

[mango]

Oui, oui, oui, Verlaine à jamais! C'est le poète de mes quinze ans qui ne m'a jamais déçue depuis (sauf les derniers que je ne lis pas!)
Ces mots si spécieux m'intriguent! Pas toi? Tu as une idée? :)
Il a d'ailleurs sans doute bien raison de rester dans le vague une fois de plus!