Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
17 août 2010

PAS L'OMBRE D'UN DOUTE, de Georgette Heyer

51QPKZMMRML__SL500_AA300_

Titre original : No Wind of Blame

41KRLg1EdlL__BO2_204_203_200_PIsitb_sticker_arrow_click_TopRight_35__76_AA300_SH20_OU01_

Une enquête de l’inspecteur Hemingway de Scotland Yard

Il y aura de l’ambiance à Great Palings en ce week end de début septembre : Mrs. Ermyntrude Carter a invité un prince russe et lancé des invitations au voisinage qui généralement n’est pas très enthousiaste à la fréquenter.

On considère cette ex-actrice, veuve extrêmement riche, comme assez commune malgré sa grande et réelle générosité.

Mais c’est surtout son vulgaire époux, Wallis Carter, dont le voisinage préfère éviter la fréquentation.  Néanmoins, Lord et Lady Dering ont donné leur accord, ainsi que les Bawtry ; se joindront à eux Robert Steel, un riche propriétaire terrien, amoureux de la dame, sans oublier la ravissante Vicky Fernshaw, fille du premier mariage d’Ermyntrude.

Ce que lui reproche par contre son mari, c’est qu’elle refuse d’inviter Harold White son cousin et ami. Or, ce White est réellement détestable, tant aux yeux de Mrs. Carter, mais aussi de Mary, la pupille de Wally Carter qui a généreusement été engagée comme secrétaire par « Tante Ermy » après le remariage de celle-ci avec son tuteur. Pour la pupille comme pour Mrs. Carter, White est un odieux personnage qui entraîne Carter sur une très mauvaise pente.

Comme si Wallis Carter avait besoin d’être entraîné ! la gentille Mary en sait quelque chose des multiples petites affaires très louches de son tuteur, séducteur sur le retour, qui a eu l’immense chance de rencontrer Mrs. Fernshaw et de l’épouser, car sans ce mariage, il aurait sans doute fini en prison.

Jusqu’au dimanche, tout se passe bien, quoique Ermyntrude ait trouvé un mot d’un certain Percy Baker affirmant que Wally Carter a déshonoré sa sœur et qu’il estime qu’il doit payer pour ce futur bébé. Une violente dispute a opposé Tante Ermy et son veule époux qui hausse d’ailleurs les épaules à cette histoire sordide.

Non Wallis Carter n’est pas vraiment un type très bien et son cousin White est encore pire !  Lorsque Wally est tué d’une balle le dimanche, les suspects ne manquent donc pas de l’épouse bafouée à la jolie et douce pupille qui en principe hériterait de son tuteur, puisque ce dernier a, quelque part dans une maison de santé, une tante richissime et très vieille. Sans oublier le fermier soupirant incompris ou le prince russe, tous deux espérant la main de la belle Ermy, ni le frère de la jeune femme déshonorée, et, tant qu’on y est, pourquoi pas le médecin de famille

Pour Ermyntrude Carter, par contre, l’assassin de son époux ne fait aucun doute, ce ne peut être que cet odieux Harold White, seulement voilà, le dénommé White était avec ses enfants et un copain en guise de témoins au moment où Wally se fait abattre en arrivant dans la propriété de Little Palings. Un alibi en béton.

La police locale piétine un peu car il n’y a réellement aucun indice et une série de suspects, avec en plus une Mrs. Carter qui s’estime harcelée par les inspecteurs, on n’est pas pour rien une ancienne comédienne.

Malgré la réticence des locaux, arrive du Yard de Londres le sympathique inspecteur Hemingway et son adjoint afin d’aider dans les recherches, mais cela ne va pas leur être plus facile car il n’y a pas de trace de l’arme du crime.

Et pour couronner le tout, la ravissante Vicky est déjà aussi comédienne que sa maman et se mêle de tout ;  heureusement, il y a Hugh Dering, le fils des voisins, avoué de son état et prêt à donner un coup de main, même si l’inspecteur Hemingway le croit plutôt là pour les beaux yeux de Miss Fernshaw. 

Une chose est d’ores et déjà certaine aux yeux de l’inspecteur : il ne va pas s’embêter avec cette bande de barjos. La seule à garder la tête froide est la gentille Mary, qui malgré les soupçons qui pèsent sur elle, fait en sorte que sa gentille tante adoptive ne soit pas trop bousculée par tout ce monde.

Pour moi, Georgette Heyer et son humour décapant, c’est comme Shakespeare : à la traduction, ça passe mal !

Et c’est vraiment dommage de constater à quel point ce petit polar qui n’a d’autre prétention que détendre est mal traduit ! c’est à peine si l’humour caustique de la romancière passe et pourtant, croyez-moi, cette galerie de portraits de la province anglaise a de quoi faire hurler de rire un croque-mort dénué d’humour.

On retrouve une galerie de personnages chers à Mrs. Heyer : la gentille jeune fille engagée comme gouvernante, une richissime ex-actrice qui espère la reconnaissance d’un voisinage pompeux et snob, sa fille complètement fofolle pour qui chaque jour est une nouvelle occasion d’un nouveau rôle à jouer, un médecin de campagne qui tente de garder la tête froide en toutes circonstances – et il a du mérite, un beau jeune homme que la jolie fofolle intrigue et exaspère, un brave type de fermier pas très à l’aise en société, un odieux personnage vulgaire avec un fille larmoyante et un faux intello de fils, un jeune homme aux idées bolchévistes déterminé à sauver l’honneur de sa sœur,

Et cerise sur le gâteau, un prince russe – pardon géorgien ! – onctueux, faux-cul de première, aux allures de gigolo qui a flairé le bon filon en découvrant la richissime ex-actrice.

Sans oublier, « Prince » l’épagneul, dont le patronyme provoque quelques malentendus avec le vrai prince lorsqu’on s’adresse à lui. C’est vrai quoi : hurler « aux pieds, Prince », en présence d’un prince russe, cela peut surprendre !

L’ambiance que recrée Georgette Heyer est tellement vivante que l’on arrive à passer quelque peu sur la traduction, mais ce n’était pas évident du tout et un peu décevant.

Je ne vais toutefois pas prétendre que je ne me suis pas amusée à cette galerie de caractères très différents, aux enquêteurs pataugeant à qui mieux mieux tant l’affaire est compliquée par trop de suspects et pas assez d’indices.

Comme toujours, beaucoup d’humour ; il faut lire les réflexions de l’inspecteur lorsqu’il est face à Vicky et ses multiples rôles, cela vaut son pesant de rire.

J’ai trouvé la manière de procéder de l’assassin fort compliquée au point de vue technique et il m’a fallu relire deux fois les explications de l’inspecteur Hemingway, enfin soulagé d’avoir découvert la façon dont le crime fut commis. Il y a des criminels à l'esprit vachement tordu, c'est moi qui vous le dit !

Avec son supérieur du Yard, le superintendant Hannasyde, l’inspecteur en chef Hemingway est l’un des personnages récurrents de Georgette Heyer – il arrive qu’en cours d’enquêtes, il croise à nouveau des personnages rencontrés précédemment, qui lui ont généralement rendu la vie difficile – mais il n’est pas rancunier !

41B11M2Y72L__SL500_AA300_Georgette Heyer fut considérée, en leur temps, comme la rivale directe d’Agatha Christie dans le cœur des Anglais.

Ce qui me surprend un peu tout de même, car Mrs. Heyer était plutôt connue pour ses histoires romantiques historiques, situées dans l’époque Regency – un hommage non déguisé de la part de la romancière à Jane Austen.

Ses polars, bien qu’excellents, ne furent pas aussi nombreux que ses autres romans et certainement beaucoup moins nombreux que ceux de la duchesse du crime. La concurrence était également très forte à l’époque avec Dorothy L. Sayers et Ngaio Marsh.

Mais dans ma biblio, il y a de la place pour toutes ces dames, car en dehors de Ngaio Marsh qui ne m’a pas convaincue, j’apprécie non seulement Agatha Christie (ça ce n’est pas nouveau) et Dorothy L. Sayers et son Lord Peter Wimsey.

Et Georgette Heyer, mais en V.O. svp.

Publicité
Publicité
Commentaires
N
et bienvenue !<br /> je ne peux que te donner entièrement raison, l'humour anglais ne se traduit pas n'importe comment.<br /> J'avoue avoir bien aimé le prénom d'ermyntrude aussi, au moins ce n'est pas banal ;)
Répondre
Y
Bonjour,<br /> je ne connais pas cette Georgette, mais si elle vaut vraiment lecture, il lui faudrait effectivement un bon traducteur, l'humour anglais nécessite des pros ! En tout cas, rien que le prénom d'Ermyntrude me plait...
Répondre
N
c'est sûr qu'un "cosy mystery", ce n'est pas comme un thriller de maxime chattam :o)<br /> mais heureusement qu'on n'aime pas tous les mêmes livres, sinon plus rien à découvrir
Répondre
D
J'ai toujours eu du mal avec les auteurs anglais de cette époque. Même la reine du crime n'arrive pas à me faire frissoner!
Répondre
N
c'est dommage, car elle est drôle et les intrigues bien ficelées
Répondre
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 222
Archives
Derniers commentaires
Publicité