THE ADVENTURE OF SHERLOCK HOLMES' SMARTER BROTHER, de Gene Wilder
Scenario de Gene Wilder
Titre français = Le Frère le plus fûté de Sherlock
Que sait-on finalement de la vie du plus grand détective de tous les temps ? Peu de choses, sauf qu’il a un frère aîné, Mycroft, travaillant pour les services secrets de sa Majesté Victoria (mais il n’a rien d’un James Bond !).
Mais qui le savait qu’il avait un frère plus jeune, jaloux de l’ombre que lui fit toute sa vie ses aînés, surtout Sherlock ? personne, même pas le docteur Watson.
Pourtant il existe bien ce jeune et beau Sigerson Holmes, qui râle sec parce qu’il se considère comme nettement plus intelligent que son aîné et c’est ce dernier qui recueille systématiquement les lauriers des enquêtes.
Lorsque la reine Victoria confie un document secret de la plus haute importance à Lord Redcliff, elle ne sait pas encore que son ministre des affaires étrangères se fera voler le document (de la plus haute importance !) la nuit même où il le mit dans son coffre.
Quelle horreur, l’honneur du ministre et de la couronne britannique sont compromis. Sauf si Sherlock Holmes accepte de retrouver le document (de la plus haute importance !). Afin de déjouer les plans des voleurs, Holmes et Watson quittent l’Angleterre, confiant les affaires moins importantes au jeune Sigerson qui décide, pour sa part, de retrouver le document de la plus haute importance.
En compagnie du sergent Orville Stanley Sacker, il réfléchit à la manière de procéder, lorsque débarque chez lui Jenny Hill, se faisant passer pour une chanteuse d’opéra. Elle lui dit avoir volé le document (de la plus haute importance !) dans le coffre de son papa parce qu’on la fait chanter. Le maître-chanteur n’est autre qu’un certain Gambetti. Mais derrière tout cela, Sigerson en est convaincu, rôde l’ombre du sinistre Moriarty et son gros assistant, pas très fûté.
Retrouver le document (de la plus haute importance) avant qu’il ne soit vendu au plus offrant par Moriarty est une tâche dangereuse, mais un Holmes n’a pas peur de se sacrifier au nom de la Couronne. Tout va se jouer sur la scène de l’opéra, avec d’étranges mendiants qui suivent Sigerson et Orville Sacker pas à pas.
Surtout ne cherchez aucune vraisemblance, ni aucune ressemblance avec les histoires créées par Arthur Conan Doyle.
Ce « Frère le plus fûté de Sherlock » est une de ces comédies loufoques dont je raffole, typique exemple de « nonsense » où on a l’impression que scénariste, également réalisateur, s’en est donné à cœur joie pour mettre en scène des situations plus abracadabrantes les unes que les autres et ce pour le plus grand plaisir du spectateur, amateur d’un genre créé par Mel Brooks.
Celui-ci a écrit et réalisé quelques pastiches, dans lesquels Gene Wilder a joué mais aussi participé aux scénarios, ce qui lui a probablement donné envie de voler de ses propres ailes, à l’ombre de son ami et aîné, en quelque sorte « le jeune frère de Mel Brooks, même si pas le plus fûté ».
Que l’histoire ait des faiblesses, c’est indéniable, mais l’interprétation rattrape tout ça =
Gene Wilder est un séduisant Sigerson Holmes, fin bretteur et aux raisonnements presque aussi foireux que sont infaillibles ceux de son aîné, dont le rôle est joué par Douglas Wilmer, même si on ne le voit que très brièvement. De même d’ailleurs que le dr Watson interprété par un très blond Thorley Walters.
Marty Feldman, l’homme aux yeux qui vont dans tous les sens, est le sympathique sergent Orville Sacker (et non « Sucker » comme on serait tenté de le prononcer !)
C’est la jolie et hilarante Madeline Kahn, trop tôt disparue des suites d’un cancer, qui interprète la fofolle nymphomane de service, c'est-à-dire Jenny Hill, aspirante chanteuse d’opéra qui ment comme elle respire (un clin d’œil au personnage d’ Irene Adler).
Mel Brooks disait d’elle que Madeline Kahn était capable d’interpréter les rôles les plus fous, les plus ridicules et s’en sortir avec tous les honneurs dus à son talent. Elle a souvent interprété les rôles de jeune femme hystérique ; sa jolie voix fit merveille sur les scènes de Broadway.
Dans le film de Steve Martin « Mixed Nuts » (hélas !), remake américain du « Père Noel est une ordure », elle reprend le rôle de Josiane Balasko et elle est l’une de celles qui tire le mieux son épingle du jeu de ce pathétique remake.
Le cabotin ténor Gambetti est interprété par un autre acteur de la bande à Mel Brooks, le très amusant et tout en rondeurs Dom DeLuise.
Le sinistre (enfin si on veut !) Moriarty est interprété par Leo McKern, un acteur australien que l’on retrouva dans le rôle du N°2 de la série « The Prisoner ». Quant à son baffreur d’assistant, Finney, il est joué par Roy Kinnear.
John Le Mesurier est Lord Redcliff.
Ce film n’a pas eu le succès qu’il méritait, il a été boudé par la critique parce que ceux-ci considérèrent que Gene Wilder a réalisé un sous-Mel Brooks. Les gens aiment les étiquettes !
Je ne dis pas non plus qu’il s’agit d’un « grand » film comique, j’ai été un peu dérangée par les numéros chantés, car cela m’agace toujours un peu quand on pousse la chansonnette dans un film, mais c’est mon seul bémol (jeu de mots intentionnel !). Néanmoins je confirme que si l’on n’est pas adepte de comédies loufoques et un peu absurdes, mieux vaut s’abstenir de voir ce pastiche.