UN PETIT MOT DE NICOLE PROVENCE
A propos de "La Dernière Cuvée de Marianne" et du polar en général
Suite à la publication de mon avis sur son roman,
Nicole Provence partage avec nous quelques réflexions personnelles
sur le monde des polars et sa vision à elle sur le sujet.
Cette réponse est trop longue et intéressante
pour ne figurer que dans les commentaires où elle risque de passer inaperçue.
Je considère qu'elle est une chronique en soi, que je prends grand plaisir à diffuser.
Jusqu'à la lie....
Il n'y a pas de polars tendres, il n'y a pas de polars soft, il n’y a pas de polars merveilleux. Un crime est un crime dans tout ce qu’il a d’horrible, d’injuste, de détestable.
Ecrire du polar c'est décrire froidement le mal qui ronge la société. Ne nous faisons pas d’illusions, il sera toujours présent dans le monde, il rôde autour de nous même si on le refuse, même s’il nous fait peur. Malgré l’espoir que l’on pourrait former, on ne pourra jamais l’éradiquer
Mais dans toutes ces scènes d’horreurs qui abîment nos vies et nous révoltent on trouve parfois des moments de tendresse, des fous rires et la beauté omniprésente de la nature. Un terrible contraste que j’aime exploiter dans mes romans
J’écris des polars et je les habille de verdure, de couleurs, de parfums, de rires et souvent de cavalcades de chats. Oui c’est traître. Mais les assassins ont-ils des visages d’assassins ? Non, ils ont souvent des visages d’innocents. Tout est caché « dessous »
.
Des couleurs éclatantes de la nature qui rutilent sous le soleil, du chant d’une source on plonge brusquement dans le noir. Les paysages de la nature dans mes romans, c’est l’instant de respiration que j’offre au lecteur qui découvre les funestes projets et les suit jusqu'à leur accomplissement. Et je n’invente rien, c’est bien ainsi que tout se passe.
Pour mes histoires j’adopte des humains, des êtres bafoués, timides, doux, des faibles, mais surtout des méchants. Quand je fouille au fond de leur âme je trouve ce petit coin où sommeille leur tendresse, si bien cachée qu’ils ont fini par l’oublier, parce qu’ils ont été blessés et ont décidé de faire justice eux-mêmes.
Alors oui, les polars dérangent, mettent mal à l’aise, révoltent pour toute la réalité qu’ils ressuscitent…. sauf si on ne les prend que pour des histoires.
Mais voici qu’au fil de mon écriture, je m’attache a mes personnages, même les méchants, et quand je devine la raison qui les a poussés dans la voie du crime ou de la vengeance, je le murmure à l’oreille du lecteur pour qu’il leur accorde un peu de compréhension à défaut de pardon.
C’est ce que j’aime dans ma relation avec les lecteurs, quand on peut lire une histoire à plusieurs, eux, mes personnages et moi.