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mon bonheur est dans la ville
21 avril 2010

BLACK IS BACK - Chapitre 1

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Le film noir de Bogart à Tarentino

Première des 2  conférences sur l’un de mes thèmes préférés au cinéma :

LE FILM NOIR, par Olivier Lecomte, critique pour l’hebdomadaire Tele-moustique et l’Evénement.

(Olivier Lecomte assure également une série de formation sur le thème du cinéma à l’université catholique de Louvain, dans le cadre de l’université des aînés (l’équivalent du CEPULB à l’ULB) ; il donne aussi des conférences à l’Espace Senghor et l’Espace Delvaux à Bruxelles.)

Lorsque j’ai reçu l’annonce de ces conférences, il était évidemment qu’il s’agissait d’un sujet auquel il m’était difficile de résister puisque je suis grande fan de polars et films noirs. De plus, je n’aurais eu aucune excuse : les conférences se donnaient dans une aile de la médiathèque de Belgique, située pratiquement en face de chez moi.

Ma période préférée du film noir est incontestablement celle de l’âge d’or du cinéma américain de l’après-guerre, des films souvent qualifiés de « séries B » et qui à présent sont des incontournables pour les cinéphiles mordus comme moi.

doubleindemnityDu « Maltese Falcon » à « Double Indemnity » en passant par « Laura » et « The Blue Dahlia », « Asphalt Jungle » et tant d’autres, le conférencier Olivier Lecomte partage avec enthousiasme son avis sur ce genre cinématographique fascinant.

On considère que « The Maltese Falcon » est le premier film dit « noir ». Ce genre cinématographique fut particulièrement apprécié en France après la guerre – en effet, pendant toute la période de l’occupation nazie, aucun film américain ne parvenait sur le continent – ce fut donc une formidable surprise pour les Européens (les Français notamment) de découvrir ce cinéma-là, qui n’était pas nouveau aux Etats-Unis puisque là-bas ces films n’avaient pas cessé d’être réalisés.

film_noir_00131Curieusement, les critiques cinématographiques français de gauche (Georges Sadoul notamment) n’apprécièrent guère le genre, qu’ils traitèrent avec mépris alors que l’on dépeignait pourtant là cette société américaine si décriée.

Par contre, la Nouvelle Vague française des années 60 fut particulièrement enthousiaste sur le sujet (Chabrol, Godard) et n’hésita jamais à citer le film noir américain comme l’une de ses principales sources d’inspiration.

jean_20simmons_20abgel_20faceMais les critiques de gauche français ne sont pas les seuls à « rejeter » le film noir ; aux Etats-Unis le sujet est traité avec un certain mépris par les critiques également et ne plaît qu’à un certain public. Le « noir » reçoit généralement le label « série B » sans plus. Les critiques considèrent que ce sont des films d’une violence inouïe, le fameux code Hays interdit d’ailleurs des gros plans sur le mort ou l’assassin en même temps. Tout comme il interdit de citer la « maîtresse », généralement celle qui n’est pas la femme légitime est appelée « ma secrétaire » ou « ma nièce » (comme dans « Asphalt Jungle » où Marilyn Monroe est la « nièce » plutôt vénale de l’homme d’affaires). De toute façon, dans le film noir, la femme a toujours un petit côté vénal, même lorsqu’elle n’est pas une complète « s***** ».

Le cinéaste et scénariste américain Paul Schrader a écrit un petit essai sur le sujet dans lequel il distingue trois grandes périodes du film noir =

1.    Période de la guerre de 1940 à 1946  - série de films produits par des réalisateurs « haut de gamme »

Tout y est réalisé en studio – les scènes d’extérieures sont fausses, ce sont des filtres placés derrière les acteurs – cette manière de filmer est voulue, afin d’accentuer l’effet de claustrophobie initié par ce type d’intrigue.

C’est l’époque où le sujet et les dialogues l’emportent sur l’action, ils sont souvent inspirés de l’œuvre de Raymond Chandler, Dashiell Hammett.

L’intrigue y est compliquée.

2.    De 1946 à 1949 – par des réalisateurs dits « prolétaires » comme Kazan, Jules Dassin qui n’hésitent pas eux à descendre dans les rues (de New York de préférence) pour filmer.

3.    La 3ème et dernière période – de 49 à 53 – Schrader arrête le film noir à cette date car on entre alors dans l’ère Eisenhower, une ère de conformisme qui verra un net recul du noir, afin de ne montrer qu’un aspect très « clean » de l’american way of life.

Ce sera toutefois durant cette 3ème ère du « noir » que l’on verra apparaître au cinéma le tueur psychopathe, comme James Cagney dans « White Heat ». La psychanalyse est entrée de plein pied dans la vie américaine et donc le film noir aussi « se psychanalyse ». Les personnages y deviennent de plus en plus névrosés, paranoïaques.

killers_03Quelles sont les caractéristiques principales du film noir = tout d’abord la manière de filmer, toujours en noir et blanc ; la couleur fera son apparition au cinéma au milieu des années 50, principalement pour contrer la popularité grandissante de la télévision. Mais pour le noir, filmer en noir & blanc est incontournable, afin de mettre en évidence les situations glauques, sombres.

La manière de filmer (lumière par « en-dessous » entre autres, afin de mettre la dureté des traits en exergue) est directement inspirée de l’expressionnisme allemand – beaucoup de cinéastes à l’époque, qui inspireront le « noir » - sont des réfugiés de l’Allemagne pré-nazie.

C’est pourtant cette manière-même de filmer – cet expressionnisme – qui finira par lasser le public et le détourner du film noir = trop de plans « rayés », dus aux persiennes laissant filtrer une certaine lumière, trop de coins obscurs, bref le genre s’épuise au milieu des années 50. Toutefois, de manière assez curieuse, c’est le western qui puisera une partie de son inspiration dans certains thèmes du « noir » (par exemple « Five Cards Stud » - note de niki).

Le film noir est un film d’anti-héros par excellence – souvent, l’histoire y est contée du point de vue de l’assassin, en voix off - la voix off est un grand classique du « noir ».

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le principe de la voix off n’est pas une invention du film noir – le procédé a été récupéré par les réalisateurs USA, mais il fut inventé par Sacha Guitry dans son film « Le Roman d’un tricheur » où toute l’histoire est contée par Guitry.

Le film noir est souvent raconté en off, parce que l’histoire est souvent un long « flash back » - parfois c’est même le « cadavre » qui raconte comment il en est arrivé là (comme dans « Sunset Boulevard » - note de niki = voir ma Cinémathèque, publicité gratuite). Cette manière de filmer a été considéré comme une « tricherie », notamment par le cinéaste belge André Delvaux – cependant, cela donne une bonne petite touche d’humour noir, qui est aussi un ingrédient du film noir, mais pas souvent – généralement l’intrigue est dramatique.

La trame du « noir » est toujours compliquée, car tout le monde ment à tout le monde, les mensonges servant dès lors aux multiples retournements d’intrigue.

Ce manque de moralité des personnages a fait que le « noir » fut aussi mal reçu par une partie des Américains, choqués que l’on montre leur société sous un jour aussi désagréable.

outpast1Les femmes notamment n’y ont pas souvent le beau rôle ; les femmes fatales sont l’un des sujets majeurs du film noir = avec ses airs de fausse ingénue, la femme fatale du film noir attrape le protagoniste masculin immédiatement dans ses filets – dès le début de l’intrigue, il est « cuit » (comme dans « The Postman always rings twice »).

La femme fatale est la figure centrale du « noir » - c’est par elle que le malheur arrive ; elle se comporte de la même manière que son opposant/amant = elle ment comme lui, elle le manipule et finalement c’est à cause d’elle qu’il finit avec une balle dans la peau ou sur la chaise électrique.

Il y a beaucoup d’érotisme dans le « film noir » - hors aux Etats-Unis le code de censure Hays est fort actif, en conséquence les réalisateurs utilisèrent quelques astuces afin de le contourner.

Le « film noir » est aussi un genre très fataliste, à cause des pulsions des personnages, pulsions contre lesquelles ils n’ont ou bien pas la force de lutter, ou bien aucune envie de lutter.

Néanmoins, c’est aussi une époque où la « morale » doit être sauve - à côté du film noir de facture classique, où les méchants sont en vedette, il existe des « noirs » de docu-fiction, où des vedettes connues se retrouvent dans certains rôles, mais le but est surtout de montrer le travail qu’accomplissent les différents services de police des Etats-Unis. Ces docus-fictions deviennent alors une apologie du respect de l’ordre et de ses représentants racontés par des voix off qui sont souvent des journalistes de radio.

touchofevilComme je l’ai dit, je suis une grande « fan » du film noir, c’est un genre qui me fascine depuis toujours – la 2ème conférence sera consacrée au « neo-noir », mais ce neo-noir est un genre où l’hémoglobine coule à flots – le « gore » en est la marque de fabrique. Inutile de dire que je suis nettement moins « fan », cependant j’irai aussi suivre cette conférence, par curiosité.

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Commentaires
N
c'est sûr que lorsque j'ai revu "sunset boulevard" j'avais un peu oublié cette finale, qui m'a re-donné la chair de poule.
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D
Même appréciation que pour la seconde partie. En effet "Sunset Boulevard" est superbe et Gloria Swanson impressionnante, la scène finale glaçante !!
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L
Je ne suis pas un grand grand admirateur du cinéma noir et blanc. Mais comme j'aimais le cinéma pour moi, tout était bon. Alors, j'en ai vu plusieurs ... ... Quand j'étais bébé.
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N
je suis contente que le "résumé" de la conférence t'ait plu - j'espère faire aussi bien la semaine prochaine, mais le "neo-noir" m'intéresse un peu moins. Cependant comme je ne le connais pas bien, je suis curieuse de savoir ce que lecomte va en dire
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N
aaaaaaah, je découvre que nous avons de plus en plus de points communs ;o)
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