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mon bonheur est dans la ville
11 avril 2010

LE CARREFOUR DES ECRASES, de Claude Izner

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3ème enquête de Victor Legris, libraire à Paris et détective-amateur

Victor Legris, l’un des propriétaires de la librairie Elzévir, aimerait acquérir une garçonnière, qui lui permettrait non seulement de se libérer de la tutelle de son ami et associé Kenji Mori, mais aussi de pratiquer sa passion pour la photographie.  Mr Mori, de son côté, râle car il est en quarantaine pour cause de scarlatine.

Joseph, leur commis, a des peines de cœur : la jeune fille dont il était secrètement amoureux se marie – un commis de librairie ne saurait aspirer à la main d’une jeune noble. Du coup, le pauvre garçon est en panne d’écriture, lui qui rêve d’égaler Emile Gaboriau.

Pendant qu’à leurs œuvres non perverses, nos amis courent haletants (merci Théophile Gautier), une jeune fille de la digne pension Bontemps demande à une certaine Iris de lui emprunter de jolis souliers rouges qui s’accordent avec sa robe et de la couvrir pour un rendez-vous galant. Le jeune Elisa ne reviendra jamais de ce rendez-vous ; son cadavre défiguré au vitriol est retrouvé carrefour des Ecrasés. Et c’est avec surprise que Joseph et ensuite Legris reçoivent une chaussure délicate, remise par un sympathique chèvrier. Dans le soulier, l’adresse de la librairie.

Supputant quelqu’énigme, Victor Legris entame des recherches qui le mènent à Saint-Mandé chez Mademoiselle Bontemps – c’est là qu’il fait la connaissance de la jeune Iris, « filleule » de Monsieur Mori. Ayant appris la vérité sur la chaussure, Legris va trouver Mori car il craint que la jeune fille ne soit en danger puisqu’elle connaît le secret de la jeune morte qui a été identifiée entretemps – solution : l’amener rue des Saints-Pères, puisqu’il a un nouveau logement, elle pourra occuper ses appartements. Il ne sait pas encore la surprise que lui réserve la délurée jeune fille, qui n’a pas du tout sa langue en poche et qui en plus déteste la lecture et les bouquins !

Joseph et lui ont la puce à l’oreille lorsque paraissent d’autres articles concernant des décès aux allures plus que suspectes ; de fil en aiguille, ils en arrivent à la conclusion que tous ces crimes sont liés – et voilà donc les futurs fins limiers lancés sur la piste d’une horrible vengeance.

Description détaillée du monde des « caf’conces » avec leur faune multicolore, j’ai particulièrement apprécié le « poulailler » de l’un d’eux, ainsi que l’ambiance savoureuse du Moulin-Rouge, où l’on croise Alphonse Allais, Toulouse-Lautrec, La Goulue et bien d’autres, comme Alfred Stevens. Ouverture également du « Chat noir », illustré par la belle affiche du peintre Steinlein, où règne Rodolphe Salis.

Victor Legris est toujours aussi jaloux : et des amis de Tasha, et de sa peinture, qui selon lui occupe trop sa charmante amie – il a l’esprit assez petit-bourgeois finalement car il montre ouvertement son mépris de la faune artistique parisienne, il prise par exemple très peu Toulouse-Lautrec entre autres. Les peintres de leur côté ne considèrent pas la photographie comme un art en soi, ce qui vexe notre détective ET photographe amateur.

Bref Legris est quelqu’un de très complexe, totalement possessif et susceptible, mais qui heureusement culpabilise quand même un peu ! J’admire le personnage de Tasha qui doit le supporter, moi je l’aurais déjà envoyé paître depuis longtemps. J’apprécie aussi la manière dont les romancières (Claude Izner est le pseudo de deux sœurs) la montrent luttant pour trouver sa voie dans la peinture.

Ceci dit, les problèmes amoureux compliqués de l’un des personnages principaux de la série prennent  quand même beaucoup de place dans ses enquêtes, parfois cela m’agace un peu. Surtout les multiples petits mensonges dans lesquels ils s’enfoncent tous parce qu’ils craignent que la vérité ne les blesse. D’autre part, cette vie personnelle des personnages ajoute de la vivacité à la série ;

Heureusement, il y a Joseph le commis, qui apporte une réelle touche d’humour et prend de plus en plus d’importance grâce à son intérêt évident pour les enquêtes menées par Legris, ce qui lui vaut désormais de presque accéder au rang d’adjoint. De plus, Mademoiselle Iris lui témoigne un intérêt charmant qui lui redonne soudain l’envie d’écrire.

J’aime bien aussi l’ironie à propos de l’inspecteur Lecacheur, un détective désireux d’arrêter de fumer et accro aux cachous, qui a souvent une longueur de retard sur Legris et Joseph ; son personnage fait un peu penser au  Lestrade du « Sherlock Holmes ».

L’aspect historique de la série reste passionnant et la découverte du Paris du 19ème siècle a quelque chose de réellement fascinant. Dans cette aventure-ci, le lecteur fait connaissance au monde de la Salpêtrière et ses malheureux, soignés selon les méthodes du professeur Charcot.

Vous l’aurez compris : je suis devenue complètement accro à cette série sympathique, au rythme vif, aux intrigues bien tournées et au dénouement presque toujours surprenant, dont le style et l’ambiance sont réellement appréciables.

Une lecture idéale pour journée fraîche et maussade.

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Commentaires
N
bonjour YS, et bienvenue<br /> <br /> si l'on veut suivre les méandres de la vie privée de victor legris, son associé et son commis, plus leurs dames respectives, mieux vaut effectivement commencer par le premier de la série - mais sinon, chaque enquête est indépendante<br /> <br /> n'hésite pas à revenir ;-)
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Y
Bonjour, bien heureuse de découvrir ton blog avec cette série car le Paris du 19e, ça me tente bien. L'enquêteur est libraire, c'est ça ? Ça n'est pas un défaut... il est préférable de commencer par le premier je suppose...
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