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mon bonheur est dans la ville
28 février 2010

LES BELLES-SOEURS, d'Eric Assous

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Mise en scène de Martine Willequet, pour le théâtre des Galeries

On pend la crémaillère chez Nicole et Francky ; belle maison avec grand jardin en dehors de Paris, 15 ans de  crédit à rembourser. Il ne manque qu’un enfant à leur bonheur.

Les_Belles_soeurs_381_visuDans le salon se trouvent déjà Mathilde et Yvan.

Pour Mathilde, cette soirée est une réelle corvée ; Mathilde c’est l’intello qui porte un regard méprisant sur tout ce qui l’entoure à commencer par sa belle-sœur et son beau-frère, qu’elle considère comme des « non évolués ». Son époux tente, avec difficulté, de tempérer ses répliques acerbes qui jette généralement un froid. De toute façon elle n’apprécie pas plus Christelle, la bourgeoise snob, agente immobilière, qui ne parle que par vêtements griffés et par la valeur de toute chose ; elle est très fière de « son » fils, Théo, un surdoué.

Les_Belles_soeurs_095_visuChristelle est mariée à David, dentiste qui a brillamment réussi, bonne clientèle, peu de temps pour sa famille, qui est entre les mains « capables » de sa mono-maniaque d’épouse, qui de toute façon préfère avoir le contrôle sur tout.

Les_Belles_soeurs_268_visuCeux qui invitent, Francky & Nicole, ce sont les « gentils » de la famille ; Nicole surtout, elle ne voit le mal nulle part, elle aime tout le monde. Elle ne travaille pas, elle adore faire la cuisine, nourrir les gens qu’elle aime. Elle tape totalement sur les nerfs de ses belles-sœurs, qui la méprisent, probablement parce qu’elles rendent compte que  leurs époux respectifs apprécient cette femme gentille qui ne parle pas en fonction de son portefeuille ou du dernier bouquin à la mode.

Ce dîner est une fête pour elle… Elle va rapidement déchanter, car elle a invité une certaine Talia.

Tollé général des trois frères : pourquoi avoir invité Talia, on vous le demande ?

Talia est la secrétaire de Francky – est-ce qu’on invite une secrétaire à une réunion de famille ? Bien vite, il apparaît que les trois frères connaissent tous Talia – Mathilde sur un ton acide commence à demander des explications = pour Yvan, elle fut  sa cliente en tant qu’avocat ; même chose pour David, il a été son dentiste. Et Francky est donc son patron.

Les_Belles_soeurs_304_visuLorsque Talia arrive, ravissante, jeune, un  peu fofolle, qui s’adresse aux trois frères comme si elle les connaissait depuis toujours – bref elle est au mieux avec eux et comprend bien que les épouses sont prêtes à la dévorer toute crue, mais la belle enfant a de la répartie !

Au fil des conversations, il va pourtant apparaître qu’elle a un secret à peine voilé = elle a été la maîtresse d’un des 3 frères. Lequel ?

Comme le dit l’auteur, une « belle-sœur est une pièce rapportée » (cela vaut d’ailleurs aussi pour les belles-filles, les beaux-fils, les belles-filles) ; leur éducation a été différente de celle de leur mari, leur amour pense les a fait s’imaginer que tout allait se passer simplement – erreur monumentale !

Arriver dans une famille avec son éducation, son bagage personnel, ne simplifie pas nécessairement la vie et même si le conjoint fait tout ce qu’il peut pour que l’on s’y intègre, cela ne va pas sans mal et parfois pas du tout ! Ce n’est déjà pas simple de s’entendre dans le couple, mais quand  en plus il faut se faire accepter par le reste de la famille, cela grince parfois fameusement.

On se fait des politesses de circonstance, des sourires un peu tendus, on tente de rester souriant tout au long de la réunion familiale ou du dîner, mais si cela dure un peu, le vernis de la bienséance finit par se fissurer.

Qu’y a-t-il de plus compliqué d’ailleurs que les relations humaines, cette complication offre cependant de bons moments de théâtre, comme ce dîner de famille avec au menu = adultère, rivalités, mensonges et rosseries.

Inutile de dire que ce type de pièce me fait immédiatement penser à Alan Ayckbourn et  son humour anglais totalement caustique, auteur qui adore brosser des portraits familiaux faisant grincer des dents (voir sa célèbre « Table pour six »).

La pièce m’a aussi fait penser à des romans lus récemment (Madeleine Wickham et « the Tennis party » - et le fameux « Diner » d’Anna Davis, ou l’ « Arlington Road » de Rachel Cusk).

Cela tendrait un peu à confirmer ce que je ressens très souvent tant dans le domaine cinématographique que littéraire = plus grand-chose de très original, ce qui ne veut pas dire qu’on ne rit pas à ces « Belles-Sœurs », au contraire. 

Les relations familiales et de couple sont une source intarissable d’humour grinçant (voir notamment « Cooking with Elvis – La Cuisine d’Elvis », pièce vue récemment au TTO).

Je ne peux cependant m’empêcher de trouver que les personnages sont tout de même fort stéréotypés  = les femmes ne sont jamais à court  de rosseries, se jalousent, se sentent immédiatement les rivales d’une autre femme, les hommes aiment bien s’arranger avec leur conscience et ne sont donc pas à court de petites lâchetés.

Tout le monde gère le quotidien, l’usure des sentiments de la manière qu’il peut.

La distribution est épatante, mais je crois que je suis un peu partiale car j’ai retrouvé dans cette pièce, mise en scène par une comédienne que j’apprécie beaucoup, d’autres comédiens belges de grands talent =

IMG_0003Marie-Paule Kumps est une excellente Mathilde ; quand on connaît cette femme chaleureuse et sympathique, on se dit que là c’est vraiment un rôle de composition. Yvan, son époux à la scène est Pierre Pigeolet, qui a vraiment fort à faire afin de limiter les dégâts que causent les réflexions acerbes de sa moitié.

IMG_0002Bernard Cogniaux (époux de M.P. Kumps dans la vie) interprète le charmant Francky, tout fier de sa nouvelle maison, tout content de cette soirée avec ses frères – on sent bien d’ailleurs la complicité fraternelle. Son interprétation de Francky m’a beaucoup fait penser au rôle qu’il interprétait dans « Art » de Yasmina Reza.

Sa compagne de théâtre, Nicole, est jouée par Catherine Claeys, qui fait un bon boulot dans le rôle de la brave fille qui voudrait bien que tout le monde s’entende, puis qui commence à se poser des questions sur l’ambiance.

IMG_0001David est interprété par Bernard Sens et c’est Marie-Hélène Remacle qui calcule tout ce qu’elle prend en main.

IMG_0004Talia est la « femme en rouge » de la soirée, ravissante et court vêtue et fort bien interprétée par Hélène Couvert.

Je terminerai ma petite chronique par les paroles de Georges Simenon, que cite l’auteur Eric Assous dans le programme du théâtre et qui résume assez bien toute la situation =

Simenon disait “quand je peins un personnage, je tente toujours de montrer, non pas ce qui le différencie des autres, mais ce qui le rapproche des autres. »

Du coup, on a un peu l’impression que c’est plutôt la rosserie cruelle qui rapproche ces trois belles-sœurs, face à l’ « ennemie » commune, plutôt qu’une affection réelle.

Et finalement je suis très contente d’être enfant unique !

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Commentaires
N
promis/juré, je te dévoile tout lorsqu'on se verra, mais j'ai voulu éviter de mettre ce point important de la pièce dans ma chronique, parce que cela gâcherait tout le plaisir de voir une pièce soit sur scène, soit à la télé (où elle passe parfois m'a-t-on dit).<br /> Surtout que cette révélation dans la pièce aura des conséquences sur la suite des événements sur scène, comme tu peux l'imaginer.
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M
Et alors, la fameuse thalia, elle était la maîtresse duquel ?
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