THE IMAGINARIUM OF DOCTOR PARNASSUS, de Terry Gilliam
Scénario de Terry Gilliam é Charles McKeown
Dans le Londres actuel, une vieille cariole toute bringuebalante s’arrête et un Hermès de pacotille interpelle les badauds afin qu’ils puissent assister aux performances du célèbre « Dr Parnassus » ; ce qu’il ne faut pas « c’est traverser le miroir ». Après un moment assez mouvementé avec la foule, la roulotte s’éloigne – on assiste alors aux reproches de la mignonne Valentina qui aura bientôt 16 ans et qui rêve d’une autre vie.
En fait, son père, le Dr Parnassus est un homme qui a bien plus de 1000 ans – Mille ans auparavant il a vendu son âme au diable afin de pouvoir conquérir la jeune femme dont il était tombé amoureux. Mais il aimait les paris et il a commis l’erreur de parier avec Mr. Nick, alias le diable.
Le résultat est que sa fille devra être donnée au diable au jour de ses seize ans. Il ne reste pas beaucoup de temps pour sauver Valentina, si mignonne, si tendrement aimée. Et qui ignore tout des paris de son père. Pourtant, Old Nick aime bien jouer lui aussi, de préférence avec les sentiments des autres, et il propose un nouveau pari au vieil homme, un pari grâce auquel Valentina sera sauve – un concours d’âme – 5 à sauver de part et d’autre.
C’est alors que Valentina et Anton, amoureux d’elle, sauvent un jeune pendu. Il dit ne plus se souvenir de rien – malgré le docteur et Anton qui n’ont pas envie qu’il se joigne à eux à cause de cette « amnésie », Valentina et Percy, le nain ami du docteur, décident de le garder. On apprend par la suite qu’il s’appelle Tony, en réalité – cependant, tout le reste de sa vie reste un mystère.
Joliment dédié à « Heath Leadger & his friends », est bien un film de Terry Gilliam et son univers onirique. Le co-scénariste Charles McKeown est un habitué des « Monty Python’s » ; il fut le co-scénariste de « Brazil » et écrivit avec Terry Gilliam le scénario de son « Dr Munchausen ». Il est également acteur à ses heures et on le retrouve dans des petits rôles de « Fawlty Towers », avec John Cleese ainsi que dans « Life of Brian ».
McKeown a également participé au scénario de « Batman » et a, par ailleurs, participé à quelques séries télévisées britanniques.
L’univers si drôle et particulier n’est pas totalement oublié non plus avec une scène clin d’œil d’n groupe de « bobbies » (the fuzz) dansant sur scène.
« Dr. Parnassus » est une adaptation très originale du fameux mythe de « Faust » = on vend son âme pour la jeunesse éternelle, mais également du mythe de « L’Autre côté du miroir », à savoir l’inconnu qui nous attire tous, savoir ce qui nous attend, mais comme toujours la curiosité peut avoir des conséquences troublantes, sinon graves.
Moi qui adore l’univers des contes, inutile de dire que ces thèmes m’attirent énormément.
Tous les acteurs sont à la hauteur de leur rôle = Christopher Plummer est un pathétique vieux docteur, plutôt ivrogne, qui regrette amèrement le pacté passé avec « Mr. Nick », alias « Old Nick » alias « Mephisto » ; celui-ci est magistralement interprété par Tom Waits, que ce rôle semble avoir beaucoup amusé.
La mignonne Valentina, fille du vieux docteur, est jouée par Lily Cole, un jeune mannequin britannique que je découvre pour la première fois mais qui n’est pas une totale débutante au cinéma.
Anton, le jeune garçon amoureux de Valentina, recueilli par le vieux docteur, est joué par Andrew Garfield, que l’on a pu voir dans « Lions for Lambs ». Percy, le confident-ami du Dr. Parnassus, est interprété par Verne Troyer, celui qui interprétait « Mini Me » dans « Austin Powers ».
J’ai gardé pour la fin les quatre interprètes du jeune Tony. Tout d’abord Heath Ledger, dont ce fut le dernier rôle et qui mourut avant la fin du film. Ce décès a failli remettre tout le projet, mais Johnny Depp, Jude Law et Colin Farrell ont accepté de reprendre le rôle, chacun représentant « Tony » à chaque transformation à chaque fois qu’il passe à travers le miroir. C’est un exercice de style un peu dangereux, mais au final, c’est assez crédible.
Il y a beaucoup d’humour et de tendresse dans cette histoire digne de Lewis Carroll ou de Roahl Dahl ; l’ « Imaginarium », ce monde étrange de l’autre côté du miroir, qui inquiète et attire à la fois, est un décor réellement épatant.
D’ailleurs décors et costumes sont nominés aux futurs oscars ; je ne dirai pas que c’est une référence depuis que je sais comment se passe les oscars, mais de toute façon leurs créateurs mériteront tous les prix qu’ils pourront glâner.
Pour la petite histoire, il paraît que Terry Gilliam et Charles McKeown auraient basé leur personnage de « Tony » sur l’ex-premier ministre britannique Tony Blair, qui « racontait les histoires les plus abracadabrantes et mensongères et y croyait fermement lui-même ! ». Par ailleurs, toujours selon Gilliam, le docteur Parnassus est inspiré par lui-même Terry Gilliam = un homme vieillissant à l’imagination fertile, qui continue, envers et contre tout, à croire en ses rêves mais a souvent été confronté au « cauchemar » (pour rappel : le projet manqué de son malheureux « Don Quichotte »).
Johnny Depp, Jude Law et Colin Farrell – tous trois de très bons amis d’Heath Ledger – ont versé le montant de leur salaire sur ce film à la petite fille de l’acteur disparu, Matilda, afin qu’elle soit à l’abri du besoin. Qui dira encore après cela que les acteurs sont tous des gens superficiels ?
Je recommande vivement le film aux personnes qui aiment faire jouer leur imagination – pragmatiques s’abstenir. Il faut aimer les contes et avoir envie d’y croire pour accepter cette réécriture de « Faust ».