FRIDA KAHLO Y SU MUNDO
Elle regarde le visiteur d’un regard hautain, comme si elle n’avait pour lui que dédain.
Et pourtant, il n’y eut pas de peintre ayant plus de compassion pour les autres que Frida Kahlo dont la vie fut une succession de malheurs (accidentée à 17 ans, colonne vertébrale brisée en divers endroits, fausses couches répétées, et amours tumultueuses avec l’homme qu’elle adore = Diego Rivera, grand peintre de la révolution mexicaine). Frida Kahlo n’eut pas qu’une relation tumultueuse avec celui qu’elle épousera deux fois ; elle eut différentes liaisons, l’une notamment avec Leon Trotsky, réfugié au Mexique, une autre avec Joséphine Baker. Passionara communiste, féministe avant la lettre, femme libre et artiste magnifique, dont j'ai déjà eu l'occasion de parler dans Artistes & Personnalités.
Frida, qui souffrit dans sa chair et son âme, toujours aura un regard pour les plus démunis, que l’on retrouve dans ses peintures, souvent autobiographiques, remplies de symboles. Profondément attachée à ses racines mexicaines, c’est pour cette raison qu’elle se vêtira toujours à la manière des femmes de son pays, une façon de se vêtir qui convient totalement à son type de personnalité.
Une grande rétrospective lui fut consacrée en été 2005 à Londres, que j’ai eu le bonheur de découvrir à la Tate Modern, cette année là.
On ne peut guère y substituer l’exposition qui lui est consacrée au Bozar, mais permet cependant de découvrir quelques toiles, dessins et photographies. L’ouvrage artistique de Frida Kahlo se monte à 150 tableaux, la plupart des auto-portraits qui racontent ses blessures, ses souffrances.
De plus, elle y exprime beaucoup de symbolisme aussi, attachée à la terre et la nature comme elle l’était.
Les œuvres exposées au Bozar sont celles de la collection de Dolorès Olmedo-Collins. Cette « mécène » n’acheta les œuvres de Kahlo que parce qu’on lui avait dit que ce serait un bon investissement, car Mrs. OImedo n’appréciait que très peu, paraît-il, la peinture de Frida, elle ne la trouvait pas très belle. Comme quoi, on peut être « mécène » mais ne pas bien comprendre les œuvres que l’on achète.
Il faut connaître la vie de Frida Kahlo pour apprécier toute la passion de sa peinture ; Frida Kahlo vivait sans arrêt entre ses pulsions de vie et des pulsions de mort et de souffrances, de ces souffrances qui la poursuivront toute sa vie à côté de son immense appétit de vivre. Toutes ses blessures – personnelles et physiques sont exprimées sur les toiles.
L’artiste le dit elle-même = « ma peinture porte en elle le message de la douleur ». Son dernier tableau, peint juste avant de mourir s’intitulait « Viva la Vida », même si un peu auparavant elle avait écrit dans son journal « J’espère que la sortie sera joyeuse – et j’espère bien ne jamais revenir. »
Pour découvrir Frida Kahlo, il y a la biographie que lui a consacré Pierre Clavilier « Frida Kahlo, les ailes froissées », celle de Hayden Herrera « Frida », qui donna lieu à une adaptation cinématographique, le livre de J.M. Le Clezio, qui fut leur ami « Diego & Frida », mais également l’intéressant petit livre dans la collection « Découvertes Gallimard = Frida Kahlo, je peins ma réalité ».
Frida Kahlo, que ce soit sa vie ou sa peinture, ça vous prend aux tripes et ça ne vous lâche plus jamais.
(Les peintures illustrant ma chronique sont celles de la galerie du programme du Bozar. Les photos viennent de la bibliothèque d’images google.)