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mon bonheur est dans la ville
20 novembre 2009

LE PROCES DE LA MOMIE, de Christian Jacq

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Une enquête de l'inspecteur Higgins 

Il y a de quoi glacer les sangs même à un scientifique aux nerfs d’acier comme le fameux archéologue-aventurier Giovanni Battista Belzoni, ingénieur de formation : il a l’impression que la momie parfaitement conservée qu’il va présenter à la crème de la société britannique est vivante ! Heureusement son épouse vient le chercher pour  un essayage de redingote sinon qui sait ce qu’il aurait encore imaginé…

Pas question d’annuler car de la présentation de cette momie au Tout-Londres du début du 19ème siècle dépendent des fonds afin de poursuivre les aventures archéologiques qui passionnent celui que l’on surnomme « le Titan de Padoue » et son épouse, aussi passionnée que lui par les fouilles en Egypte.

La présentation se passe sous les meilleurs auspices : dans une ambiance volontairement mystérieuse,  on ôte les bandelettes de la momie ; pourtant trois trouble-fêtes vont se manifester = un vieil évêque anglican qui hurle qu’il faut détruire cette idole païenne, un vieux lord tyrannique qui veut que l’on donne la momie à ses chiens et un médecin-légiste qui souhaite le corps afin de l’étudier de plus près.  Dans la salle, une étrange jeune femme aux yeux verts intrigue Belzoni, mais elle disparaît avant que ne commence la petite réception.

Le lendemain de ces événements dont il n’a cure, l’ex-inspecteur Higgins – qui a quitté la police compte tenu de la corruption et de la gabegie qui y règnent – reçoit la visite dans son cottage du Gloucestershire, où il comptait couler des jours tranquilles, de l’un des hauts responsables de la police londonienne (qui n’est pas encore « Scotland Yard ») Celui-ci l’oblige à sortir de sa retraite afin de revenir à Londres.

Pour un peu, Higgins se mettrait à rire si la situation n’était grave ; le vieux lord, le vieil évêque, le médecin-légiste ont tous trois été retrouvés horriblement tués à l’aide d’un instrument  servant à la momification – et la momie a disparu !

Bien qu’on lui promette tous pouvoirs, Higgins se rend vite compte qu’on a l’intention d’orienter ses recherches pour lui = les instances gouvernementales ont bien l’intention de mettre le crime sur la bosse d’un certain Littlewood, un homme décidé à renverser la monarchie.

D’ailleurs ne sont-ce pas les trois piliers de la monarchie qui ont été visés =  l’église, la science, la noblesse ?

Car le Londres du règne de George IV n’est pas exactement un lieu de bonheur pour tous ; les pauvres y subissent un véritable esclavage, dû à l’industrialisation à outrance que connaît le pays dans un but de modernisme. Mais les classes dirigeantes s’enrichissent de manière éhontée et les malheureux crèvent de fin dans les rues, ou crèvent tout court sous la charge de travail. C’est ça, ou la rue !

Le mystérieux Littlewood dont personne ne connaît le visage, même pas ses hommes de main, a l’intention de reproduire en Angleterre la même révolution que la révolution française, mais ici la sinistre « terreur » ne prendra pas fin aussi facilement qu’en  France.

De leur côté les Belzoni ne vont pas tarder à comprendre qu’ils ne seront jamais réellement acceptés par la « bonne société » ; ils ne sont ni l’un ni l’autre de « bonne naissance », Belzoni malgré toutes ses connaissances se fait rire au nez lorsqu’il espère fonder une classe d’égyptologie à Oxford. (Thomas Young et Champollion en sont au tout début du déchiffrage des hiéroglyphes) ; pour la direction d’Oxford, l’égyptologie n’est pas une science et les Egyptiens une civilisation de barbares qui n’intéressent pas les gens cultivés = l’exposition n’a pas attiré des gens instruits, seulement des curieux.

Quant à espérer une reconnaissance quelconque par le British Museum, Belzoni peut aussi faire une croix dessus, il n’y a que la culture grecque qui trouve grâce au curateur du musée.

Le couple est à la fois très en colère et très désemparé face à cette situation car point de reconnaissance par les pairs signifie point de budgets pour poursuivre les recherches en Egypte.

Et Higgins pendant ce temps se demande où est passée cette sacrée momie (ou momie sacrée, c’est au choix).

Il va recevoir l’aide inattendue de l’avocate, lady Suzannah – la mystérieuse jeune femme aux yeux verts, qui allie beauté à intelligence et détermination.

Bien que la profession d’avocat soit interdite aux femmes, Suzanna a bravé tous les interdits et gagné le droit de plaider par son intelligence, ses connaissances et surtout son entêtement, alors ce n’est pas Higgins ou n’importe qui d’autre qui l’empêchera de mener cette enquête – soit l’inspecteur accepte sa collaboration, soit elle mènera une enquête seule ! et toc !

Dans l’ombre, il y a encore celui qui se nomme « Le Sauveur », qui a pour charge de tenter de sauver un maximum de momies, souvent utilisées à des fins mercantiles afin de servir d’aphrodisiaque par exemple, momies formant un marché très lucratif pour des gens sans scrupules.

Bref beaucoup de personnages peu scrupuleux, très mystérieux, opposés à Higgins, Lady Suzanna, Belzoni et Lady Sarah.

J’ai retrouvé dans « Le Procès de la Momie » de Christian Jacq le même ton, le même style utilisé par Christopher Carter dans les enquêtes du criminologue Lord Kilvanoch. Rien de plus logique : Jacq & Carter sont un seul et même homme, tout comme Carter et Livingstone (le créateur de l’inspecteur Higgins et des dossiers de Scotland Yard) sont aussi une seule et même  personne.

Et ce ton, assez ironique dans l’ensemble, faussement « british », ne m’a pas totalement convaincue du talent d’écrivain de Christian Jacq. On peut être un archéologue et égyptologue des plus érudits, cela ne rend pas nécessairement capable d’avoir du style dans l’écriture.  Cela m’avait déjà frappée dans les enquêtes de Kilvanoch d’ailleurs.

Ceci dit, que l’on ne se méprenne pas, j’ai passé un très amusant moment de lecture avec les péripéties de cette momie qui apparaît, disparaît, comme bon lui semble … ou presque.

J’ai été un peu agacée par contre par les difficultés que rencontrent Giovanni et Sarah face à l’aristocratie ou la haute bourgeoisie de Londres qui leur fait bien comprendre qu’ils ne sont pas de leur monde. Quant aux relations entre Belzoni et Sarah, ils sont du niveau « roman à l’eau de rose ».
Néanmoins, Giovanni Battista Belzoni, l'un des principaux protagonistes de cette aventure, a réellement existé  - cette histoire est donc partiellement une "biographie romancée", basée sur l'esprit aventureux, la ténacité d'une personnalité sympathique qui a ébloui Londres lorsqu'il mit sur pied l'exposition de l'"Egyptian Hall" à Piccadilly vers les années 1819.

Cependant, je reconnais que même si j’ai trouvé  un peu exagéré  la partie "romancée" du personnage et son épouse, cette histoire possède une bonne intrigue policière. J'en ai certes trouvé l’écriture un peu simplette, sauf en ce qui concerne les détails historiques, là on se rend compte que dans ce domaine Jacq sait parfaitement de quoi il parle. Sous sa plume le Londres et tous ses quartiers  du début du 19ème siècle prennent véritablement vie.

De plus, j’adore les histoires de momie, il y en a quelques-unes dans ma « Cinémathèque », alors je n’allais quand même pas rater celle-ci.

Si je n'avais eu aucune idée de qui était "Littlewood", le fomenteur des troubles, par contre j'avais joué à mon habituel petit "et si untel était le Sauveur" - et j'avais encore une fois deviné juste !

Personnellement, alors que la série des « Dossiers de Scotland Yard » (écrits sous le pseudonyme de J.B.Livingstone) mettent en scène l’ex-inspecteur Higgins, je m’étonne un peu que soudain l’auteur change son porte-plume d’épaule – si j’ose dire – et signe une aventure d’Higgins de son vrai nom.

Je me perds un peu en conjectures ici, mais bon peut-être que Christian Jacq a tout simplement décidé que désormais Higgins serait mis en scène par lui et non plus son double en écriture.

Manœuvre de marketing ? Tiroir-caisse des éditeurs ? Je reconnais que ce genre de chose m’énerve un peu dans la mesure où elle n’est pas expliquée.

Le roman « Le procès de la momie » contient d’ailleurs quelques petits clins d’œil aux multiples casquettes de Jacq = l’archéologue Belzoni se prénomme « Giovanni Battista », ce qui se traduit en français par « Jean Baptiste », initiales J.B. – les mêmes que celles du pseudo « Livingstone » - et  l’aventurier-explorateur Livingstone est l’une des idoles de Giovanni Battista Belzoni.

Peut-être trouverez-vous que je coupe les cheveux en quatre, mais cela m’amuse aussi de jouer à l’enquêtrice lorsque je découvre des petits détails comme ça dans les bouquins.

Pour la petite histoire, Christian Jacq a encore un autre pseudonyme = celui de Célestin Valois, auteur de la série « Basile le distrait ».

Cela fait beaucoup pour un seul homme non ?

Tout cela est un peu anecdotique, je dois bien le reconnaître, seulement je considère que ces anecdotes font aussi partie d’une chronique de lecture quitte à rendre le compte-rendu fort long, comme on me l’a parfois reproché.

Revenons au livre = comme je l’ai dit, pas écrit de main de maître au point de vue du style d’écriture, mais extrêmement bien documenté historiquement parlant, ce qui n’est pas rien.

Et réellement délassant, avec une enquête passionnante, dont l'issue est totalement surprenante.

Que pourrais-je vouloir de plus ?

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Commentaires
M
Ca ne devrait pas les fatiguer lol
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S
oh si ça se lit tout seul tant mieux ! pas envie de fatiguer mes neurones en ce moment LOL
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M
Oui, je suis curieuse d'avoir ton avis ! Ca se lit tout seul cela dit !
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S
tu m'inquiète ... j'ai l'un des "dossiers de scotland yard" dans ma bibliothèque - mais c'est vrai que l'écriture de christian jacq/christopher carter/jb livingstone ne sont pas des chefs d'oeuvre littéraires.<br /> <br /> J'en reviens toujours au même commentaire : on peut être un érudit, égyptologue, archéologue et un piètre écrivain.<br /> mais je vais quand même lire le bouquin en ma possession, histoire de soulager ma PAL
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M
Je ne suis pas une férue d'Egypte mais j'avais dévoré la trilogie "Le juge d'Egypte" lors d'une pénurie de lecture il y a environ 12 ans (eh oui, ça m'arrivait à l'époque ahah) et que j'avais emprunté à ma maman. Mais je n'avais plus rien lu du monsieur depuis. Du moins, je le croyais !!! Car j'ai entretemps acheté pas mal d'enquêtes de l'inspecteur Higgins, en ignorant que les deux auteurs n'en faisaient qu'un !!!! Le pire, c'est que je trouve que cette série est un navet littéraire. Mais à l'époque, où je connaissais peu de choses, elle comblait moyennement mes envies de polars anglais ;-)
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