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mon bonheur est dans la ville
11 octobre 2009

LE CAPITAINE FRACASSE, de Théophile Gautier

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Dans une nouvelle adaptation théâtrale de Thierry Debroux

En création mondiale

fracasse_020Théophile Gautier, plus très jeune et désormais célèbre, reçoit la visite de son éditeur qui insiste pour qu’il termine enfin l’histoire du « Capitaine Fracasse », qu’il entama vingt ans auparavant et puis l’abandonna pour voyager, écrire… Il est prêt, l’éditeur, à faire paraître les chapitres chaque semaine dans le journal au prix de 20 Francs la page, ce qui n’est pas rien à cette époque (19ème siècle). Gautier a été devancé dans le roman de cape et d’épée, dans l’épopée héroïque par les « Trois Mousquetaires » de Dumas – comment lutter contre cela et introduire son pauvre « Capitaine » ?

C’est alors que paraît Pierre, le serviteur du baron de Sigognac, qui enguirlande copieusement l’auteur, lui reprochant de laisser moisir son jeune maître dans un début qui paraissait prometteur et de l’avoir ensuite abandonné pour des horizons lointains. Vingt ans qu’il est là, dans un fauteuil devant le feu qui se consume et n’arrive pas à réchauffer ces vieux murs, à avoir le ventre presque vide, au point que même les souris ont quitté un château où l’on a si peu à grignoter.

Bousculé, Théophile Gautier renâcle puis alléché par ce que lui paiera son éditeur, se lance dans la suite de son histoire dont le premier chapitre s’était terminé par trois coups violents frappés à la porte du château en ces mois d’automne.

Or donc, amis lecteurs, reprenons notre histoire =

fracasse_134Dans son vieux château délabré en Gascogne, le jeune baron de Sigognac se morfond, n’attendant plus grand-chose de la vie au désespoir de Pierre, son serviteur-ami qui l’a élevé en partie et lui a appris l’art de l’escrime.

Trois coups sont frappés à la porte ; il s’agit d’une troupe théâtrale dont le char s’est embourbé près du château et dont Blazius, le directeur demande l’asile à Sigognac qui lui offre bien sûr l’hospitalité avec grand plaisir mais reconnaît ne pouvoir pas les régaler d’un repas.

Qu’importe lui dit  Blazius :   « vous nous offrez un gîte, nous vous offrons le couvert ».

La troupe se compose de tous les personnages de la Commedia dell’Arte = un directeur, également maître des costumes ; une délurée soubrette (Seraphina) ; une ingénue (Isabelle) ;  un comique (Scapin) ;  un bellâtre interprétant le rôle des amoureux transis (Léandre) et finalement de « Matamoros », l’homme maigre, qui devrait en principe sauver les demoiselles en détresse mais qui est aussi lâche que vantard.

Le lendemain, séduit par les beaux yeux et l’allure de la jeune comédienne qui interprète les ingénues, la douce Isabelle, Sigognac décide d’accompagner la troupe par monts et par vaux, lui qui de toute façon n’attend plus rien. La jolie jeune fille est née et a vécu au théâtre ; sa mère, morte jeune, ne lui a laissé pour seul héritage qu’une bague donnée par le riche seigneur qui l’aima dans sa jeunesse mais fut obligé de la laisser pour rejoindre sa riche famille et faire un riche mariage !

Isabelle répond aux sentiments de Sigognac mais estime qu’elle n’a pas le droit d’accepter sa proposition de mariage puisqu’elle n’est pas de belle naissance.

Voilà donc notre baron désormais membre d’une troupe de théâtre, pendant que Pierre garde le château ; en route, l’hiver rattrape la troupe et hélas, Matamoros trop maigre et trop faible pour lutter contre les éléments, meurt au bord de la route. Ses amis le pleurent et l’enterrent. Lorsque le directeur     se demande comment le remplacer, car Matamoros était un élément important pour amuser le public, Sigognac se propose de reprendre le rôle. Adieu Matamoros, Vive le Capitaine Fracasse !

Lorsque la troupe arrive à Paris, lieu de tous leurs espoirs, ils sont invités à jouer devant le marquis de Bruyère qui reconnaît Sigognac, sans toutefois aborder sa présence parmi les saltimbanques, ce que l’orgueilleux jeune baron déplore vivement.

fracasse_105Pendant ce temps, Isabelle a capté l’intérêt du duc de  Vallombreuse ; excité par ses refus, enragé de jalousie à l’égard du baron, un duel les oppose dont Sigognac sort vainqueur avec panache et grandeur.

Inutile de dire que le séducteur est doublement en rage et complote afin de faire tuer Sigognac et enlever Isabelle.

Seulement voilà, grâce à Pierre, le baron est fin bretteur et il met bien vite en échec ses futurs assassins, suscitant même l’admiration de leur chef qui se range à ses côtés.

Le baron arrive au château où Vallombreuse veut forcer Isabelle à l’aimer ; un duel les oppose à nouveau, où cette fois le baron blesse le duc à mort. Arrive le prince de Vallombreuse, prévenu par le marquis de Bruyère ; il reproche sa conduite à son fils, mais ne peut pardonner à Sigognac. Puis reconnaît la bague d’Isabelle, celle qu’il avait donné à sa mère au temps de sa jeunesse ! Catastrophe, Sigognac a donc blessé à mort le frère de celle qu’il aime et qui, de plus, est de plus haut lignage que lui. Il ne lui reste qu’à retourner au fin fond de sa Gascogne.

C’est là que, guéri, arrive Vallombreuse avec de bonnes nouvelles = Sigognac devient capitaine des armées du roi et Isabelle va enfin pouvoir l’épouser ! Mais comme un bonheur n’arrive jamais seul, les jeunes époux rejoignent le château qui a été complètement retapé par la fortune des Vallombreuse ! Joli cadeau de noces, non ? hélas, le très vieux chat de Sigognac ayant attendu le retour de son maître, vient mourir à ses pieds. Le baron veut l’enterrer au pied d’un acacia et c’est là que ô surprise il tombe sur un coffret rempli d’une véritable fortune, enfouie là par un ancêtre !

Je ne sais pas trop comment décrire l’enthousiasme dans lequel je me suis trouvée tout au long de la pièce ; c’était réellement tellement formidable que je n’avais aucune envie de quitter mon siège après que les lumières se soient rallumées. Mes mains me font mal à force d’avoir applaudi, mais il m’a quand même fallu me résigner à quitter le théâtre.

A tous les niveaux ce fut épatant, non seulement par le jeu des comédiens, mais par la mise en scène novatrice et  intéressante.

J’ai adoré cette manière de mettre l’auteur  au devant de la scène, avec ses personnages qui viennent lui parler lorsqu’ils ne sont pas d’accord avec lui, avec un décor que l’on pourrait traiter de minimaliste et qui pourtant contenait tout = une scène peinte en noire, dans laquelle figurait une immense toile transparente, décorée comme un cadre ancien, sur laquelle étaient projetées des scènes des différents lieux où se rendent nos amis, ou figurant la salle du château de Sigognac, comme des ombres chinoises.

Ce décor est dû à une nouvelle venue dans ce domaine, Catherine Cosme – c’est un début original et prometteur.

Les costumes sont de Thierry Bosquet et, faut-il encore le dire, comme à l’accoutumée : superbes !

Son et lumière, plus un pianiste qui – comme pour les projections de films muets – interprétait quelques mesures au piano afin de bien « placer » l’ambiance drôle ou dramatique, une mise en scène due à Thierry Debroux, l’écrivain-adaptateur du roman, avec Gérard Verhulpen à la régie.

Certains des comédiens interprètent plusieurs rôles, d’importances diverses.

Sigognac/Fracasse est joué par Steve Driesen, plein d’allant et d’enthousiasme ; l’objet de son amour, Isabelle, est interprétée par Anouchka Vingtier – au début je la trouvais mièvre, mais n’est ce point finalement le rôle d’une ingénue. Cependant face à Vallombreuse, elle fut nettement plus dynamique.

Celui-ci était joué avec toute la roublardise d’un arrogant jeune noble à qui rien ne résiste par Laurent Bonnet.

Son père est joué par Gérard Wauthia, qui interprète aussi la marquise de Bruyère. Il est également un Théophile Gautier tout en rondeur et mauvaise humeur.

Le marquis de Bruyères est joué par Patrick Waleffe qui est aussi « Pierre », le fidèle serviteur du jeune baron.

Léandre, le bellâtre, est interprété par Pierre Poucet – qui joue aussi un homme de main, tout comme le jeune pianiste, Jean-François Breuer.

L’éditeur de Gautier est Benoît van Dorslaer qui est également Blazius le chef de notre sympathique petite compagnie théâtrale.

Nicolas Buysse, que j’ai retrouvé avec plaisir, joue le quelque peu benêt ami de Vallombreuse, mais également Dame Léonarde la duègne de la troupe et un homme de main.

Philippe Résimont qui fut brillant dans « Robespierre » est ici un Matamore bien sympathique, de même que Lampourde l’homme payé pour tuer Sigognac et qui finalement lui offre son épée.

Petite mention spéciale également à Othmane Moumen, très drôle en Scapin  et dont les cabrioles étaient fort enlevées.

Il faut d’ailleurs insister sur le fait que la pièce n’est pas seulement une belle histoire avec de belles phrases, mais que les comédiens avaient aussi à exécuter des cascades, formidablement réglées par Jacques Cappelle, pour les combats et l’escrime.

Le théâtre du Parc de Bruxelles a décidé d’alterner pièces classiques et répertoire plus récent, et c’est une excellente idée.

Comme je l’ai dit, ce fut absolument enthousiasmant.

Il ne me reste plus à présent que trouver le dvd du film avec Jean Marais, Philippe Noiret et Gérard Barray afin de revoir ce film qui nous emballa les enfants et moi lorsqu’il fut diffusé à la télévision. J’eus d’ailleurs beaucoup de plaisir à le faire découvrir à mes fils, surtout qu’il m’avait déjà emballée à sa sortie au cinéma         .

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