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mon bonheur est dans la ville
29 août 2009

SI VERSAILLES M'ETAIT CONTE, de Sacha Guitry

versFresque extraordinaire en deux volets.

Non pas extraordinaire par son souci de vérité historique, ça on l’oublie ! mais en raison de la distribution.

D’Henri IV à la Révolution française, Sacha Guitry s’est fait plaisir en racontant la monarchie française à travers trois de ses rois : Louis XIV, Louis XV,  Louis XIV et Marie-Antoinette.

Lorsque son film commence, le grand Guitry feuillette un livre d’images qui raconte Versailles, au départ une simple colline qu’Henri IV décide d’offrir à son fils, le futur Louis XIII, qui y construit un petit pavillon de chasse.

Le ton est déjà donné dès le générique : décors de Mansart, jardins de Le Nôtre, scénario de Sacha Guitry en personne qui signe évidemment la réalisation. Les costumes sont de Monique Dumas.

Vient ensuite la petite dose d’humour sarcastique qui définit tellement bien Sacha Guitry. Lorsque le « bon » roi Henri IV demande à un paysan le nom de la colline, il pense que le paysan ne l’a pas reconnu. Et le paysan de s’en aller en bougonnant « Celui là et sa poule au pot ! ».

Dès lors, le ton est lancé et l’histoire par le petit bout de la lorgnette peut commencer.

Car dans « Si Versailles … » Sacha Guitry s’est surtout attaché aux anecdotes ayant rendu certains rois célèbres, à savoir sous Louis XIV, la tristement fameuse Affaire des Poisons, mais aussi le développement des arts grâce à Marivaux, Molière, Fragonard, Madame de Sévigné et dans d’autres qui firent l’éclat du roi soleil.

De Louis XV, il a conservé le côté « beau gosse », aimable, léger, frivole, ne s’intéressant que très peu aux affaires de l’état, appauvrissant la France de plus en plus pendant que dans les campagnes grondent les malheureux.

Lorsque Louis XVI et Marie Antoinette arrivent au pouvoir, les finances sont exangues et l’Affaire du Collier donnera le coup d’estoc à une monarchie brinquebalante.

Versailles sera abîmé par la révolution, laissé à l’abandon jusqu’à ce qu’il soit transformé en musée par Louis-Philippe.

Trois visites du musée à travers trois époques plus modernes clôturent cette fresque grandiose par le nombre d’acteurs qui y jouent ou n’y font que passer.

Car si les trois Louis en question et leurs reines et maîtresses tiennent l’écran un certain temps, une multitude d’acteurs célèbres dans les années 50 défilent dans « Si Versailles m’était conté ». Sacha Guitry reprendra d’ailleurs le procédé un an plus tard avec son « Napoléon ».

Revenons donc à cette gigantesque distribution, qu’il est impossible de nommer toute, mais où l’on croise notamment dans des apparitions « cameo » :  Brigitte Bardot,  Jean Desailly, Gisèle Pascal, Edith Piaf, Annie Cordy, Bourvil, Tino Rossi, Pierre Larquey, Jean-Louis Barrault, etc., sans oublier l’américain Orson Welles en Benjamin Franklin.

Louis XIV jeune est interprété par Georges Marchal, séducteur, autoritaire, qui sera remplacé par Sacha Guitry en personne lorsqu’il s’agira de faire vieillir l’un des monarques qui régna le plus longtemps sur la France. Ici encore, même procédé que dans « Napoléon », au passage d’une porte « il n’est plus le même homme » et l’acteur change.

La maîtresse en titre de Louis le Quatorzième est la marquise de Montespan, interprété par Claudette Colbert, star US dont on oublie qu’elle fut née en France. Gérard Philipe apparaît brièvement en Charles de Batz, mieux connu sous le nom de d’Artagnan.

Dans l’épisode de l’Affaire des Poisons, c’est Pauline Carton qui interprète La Voisin, en ayant l’air de s’amuser beaucoup, elle qui jouait plus souvent les concierges.

Jean Marais est le séduisant Louis XV, frivole à souhait, gentil et souriant, tout surpris que son bon peuple ne l’aime plus ; l’interprétation de Jean Maris est l’une des meilleurs dans ce film. Sa jolie marquise de Pompadour est interprétée par Micheline Presle.

Louis XVI est interprété par l’acteur Gilbert Bokanowski ; apparemment cet acteur-producteur jouera surtout le rôle de Louis XVI dans les trois superproductions de Sacha Guitry : Si Versailles m’était conté, Napoléon et Si Paris m’était conté.

Il figurait généralement au générique sous le pseudonyme de Gilbert Boka.  Il a participé à d’autres films des années 50, en qualité soit d’acteur soit de producteur, mais peu.

C’est à son épouse Lana Marconi que Sacha Guitry confia le rôle de Marie-Antoinette et même si le talent de cette actrice ne fait pas de doute ( ?), le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’a absolument pas la grâce de la reine de France.

Je ne suis pas une admiratrice de celle que certains appellent la reine-martyre, mais si l’on s’en réfère aux portraits de Mme Vigée-Lebrun, Marie Antoinette était fine et gracieuse,  Lana Marconi bien que belle n’était pas exactement « fine et gracieuse », mais bon quand on est Madame Sacha Guitry, il faut bien qu'on ait un rôle important.

C’est le très beau Jean-Claude Pascal qui interprète Axel de Fersen, la scène où il quitte la reine prête vraiment à la rigolade tant elle manque de naturel.

Jean Pierre Aumont sera le cardinal de Rohan dans l’Affaire du Collier et Gaby Morlay est la comtesse de la Motte, qui concoctera cette vengeance pour avoir été ignorée par la reine.

C’est Bourvil, l’un des trois guides touristiques (avec Pierre Larquey et Jean Tissier) qui amènera la « grandiose » image finale, l’impressionnante descente du grand escalier de Versailles par tous les comédiens du film, sur une musique hélas fort pompeuse.

Comme à l’accoutumée, avec Guitry, les dialogues sont autant de mots d’esprit, ils sont caustiques et raffinés à la fois, un plaisir à entendre, Guitry reste, même au cinéma, un homme de théâtre et « Si Versailles … » est plus un théâtre filmé qu’une fresque cinématographique.

Le décor de Versailles est bien évidemment somptueux, c’est le château qui est la grande vedette de ce film.

Par contre les costumes sont peu flatteurs, clinquants et donnant un aspect « j’ai trouvé ces vieilles frusques dans une malle au grenier ».

J’imagine que pour l’époque (1955) on peut penser qu’il y avait pas mal de recherche, surtout pour les messieurs, mais les robes des dames ont parfois l’air de morceaux de taffetas assemblés à la va-vite ! Quant aux perruques, le moins que l’on puisse dire est qu’elles n’étaient absolument pas flatteuses du tout, elles enlaidissaient même les actrices.

Quant aux 3 différents cardinaux (Richelieu, Mazarin, Rohan), on a l'impression que c'est un seul et même costume qui a servi aux trois acteurs.

« Si Versailles m’était conté », malgré ses multiples défauts, vaut d’être vu ou revu, non pas que ceux qui s’intéressent à l’histoire de France sérieuse y trouvent leur compte. On est plutôt dans l’histoire de France par Guy Breton, mais il faut reconnaître que c’est bien plus drôle !

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