WHISPERS OF THE DEAD, de Peter Tremayne

Dans ce recueil de 15 nouvelles assez courtes mais suffisamment bien construites pour que chacune d’elles capte l’attention., on retrouve Fidelma de Cashel, religieuse et enquêtrice. Pour une fois, non flanquée de son Frère Eadulf.

Dans la toute première, celle qui donne son titre au recueil, à savoir « Whispers of the Dead », Fidelma de Cashel découvre les indices permettant de démasquer l’assassin véritable d’une jeune femme. Elle explique comment comprendre les « signes » d’une personne morte et lorsqu’on lui demande de quelle manière elle a procédé, la jeune avocate énumère – bien avant les techniques modernes des célèbres « Experts » - comment déceler et lire les indices ; c’est ainsi qu’elle prouvera que l’homme accusé du meurtre n’est pas le véritable assassin. C’est ainsi, explique-t-elle, que « murmurent les morts afin que justice soit faite ».

La nouvelle « The Blemish » est un bref retour en arrière dans les années d’études de la jeune Fidelma ; elle doit passer un important examen qui lui permettra de passer à l’échelon supérieur de ses études et dès le départ tout va mal ! On lui a fermé la porte à clé, elle arrive quasi en retard à l’examen et là, l’examinateur très sévère qui accompagne le juge, mentor de l’étudiante, lui pose une véritable colle.  Loin de se laisser impressioner par eux, la jeune femme va faire preuve de la détermination qu’on lui connaît au travers de ses enquêtes et son acharnement à faire éclater la vérité.

Dans « The Fosterer », la jeune « dalaigh » est confrontée à un dilemme, à savoir que loi et justice ne pas pas toujours de paire. Il y a eu crime, elle sait comment et pourquoi est mort un jeune garçon, tué un membre de sa famille d’adoption, mais malheureusement elle n’est pas à même d’étayer cette découverte par des preuves tangibles ; elle ne peut donc pas condamner la personne pour meurtre sur simples présomptions, seule la négligence sera retenue contre cette famille peu scrupuleuse.

« The Lost Eagle », la dernière nouvelle du recueil, entraîne Fidelma de Cashel, sœur de roi et brillante avocate, dans une sorte de jeu de piste à la suite d’un véritable puzzle historique que lui soumet le descendant du chef de la 9^ème Légion. Mais il n’est pas facile de tromper Fidelma, elle ne sera pas dupe du stratagème utilisé et déjouera une escroquerie.

Ces quatre nouvelles sont celles qui m’ont le plus frappée pour l’ingéniosité face au problème auquel la jeune avocate est confrontée. 

Par petites touches, à travers chaque récit, l’auteur Peter Tremayne, pseudo Peter Beresford Ellis, éminent celtologue, comme toujours aborde les différends entre ceux qui sont fidèles à l’église progressiste d’Irlande (au 7^ème siècle s’entend !) et ceux qui préfèrent les diktats rigides de l’église de Rome. Ceci est particulièrement illustré dans « Death of an Icon ». Les nouvelles, comme les romans d’ailleurs, nous informent en partie sur les us et coutumes celtiques.

Les deux recueils « Whispers of the Dead » et « Hemlock at Vespers »,  nouvelles mettant en scène Fidelma de Cashel, princesse, religieuse et avocate à l’un des plus hauts rangs, n’ont malheureusement pas été traduits jusqu’à présent et c’est fort dommage car  en dehors de l’intérêt historique, chaque petite énigme policière est bien amenée. Sans oublier les petites touches humoristiques ou les exaspérations de la jeune femme face au chauvinisme masculin ambiant.

Les nouvelles sont un mode d'écriture qui me plaît énormément; l'auteur doit en peu de  pages amener le problème, l'énigme doit être passionnante, il faut quelques rebondissements malgré tout pour en arriver à la surprise finale qui est la solution.
Dans une nouvelle, le temps de l'écrivain est compté, ce qui rend le genre difficile, l'action doit être plausible ainsi que la chute qui doit aussi être inattendue afin que les lecteurs ne restent pas sur leur faim.