Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
28 juillet 2009

POIROT

DAVID__jpg_235x611_q95


Il n’est pas grand, il n’est pas non plus vraiment beau, il a le crâne en forme d’œuf, des petites moustaches très apprêtées en forme de guidon de vélo ; il est toujours tiré à quatre épingles, même dans à la campagne où il met des guêtres par-dessus ses souliers vernis, il déteste d’ailleurs la campagne et son inconfort, lui préférant les joies de la ville, il se dandine un peu en marchant, il n’aime pas le sport et est un fin gourmet.

Question caractère, il est plutôt affable sauf lorsqu’on ne le reconnaît pas, il prend alors un petit air très pincé et change de sujet;  il n’est certainement pas modeste, mais alors là pas du tout, il dit même être le seul grand détective existant. Le meilleur du monde, voilà !

Ce qui est un fait, c’est qu’il résout absolument toutes les énigmes à l’aide de ses petites cellules grises. Il préfère d’ailleurs rester confortablement installé dans un fauteuil (il est le prototype de l’ « armchair detective »), envoyant son fidèle associé, Hastings, à courir afin de glâner des indices.
Il est extrêmement courtois avec les dames, a une profonde tendresse pour les amoureux, a le plus grand respect pour les mères de famille, il a le sens de l’amitié même avec le Chief Inspector Japp qui le met en boîte mais qui n’a jamais le dernier mot.
Il est capable de la pire mauvaise foi avec l’air le plus angélique qui soit, il est méticuleux jusqu’à en devenir maniaque et qui plus est, contrarié, il peut devenir particulièrement irascible.

Son ami, le capitaine Arthur Hastings en sait quelque chose, heureusement qu’il est lui toujours d’humeur égale, tout comme sa secrétaire Miss Felicity Lemon, aussi maniaque que lui lorsqu’il s’agit de son système de classement.

 

Il s’appelle Hercule Poirot, ne lui dites surtout pas qu’il est Français, car il est Belge.

Il est né de la plume de la romancière britannique Agatha Christie, en 1920, dans « The Mysterious Affair at Styles » que l’on peut considérer comme sa première vraie enquête en tant que détective privé en Angleterre, puisque la guerre de 14-18 l’a forcé à quitter sa chère Belgique.

 

Il ne considère pas que la cuisine anglaise soit de la « cuisine » mais plutôt de la « nourriture » ; pas de petit déjeuner à l’anglaise pour lui, mais des rôties parfaitement coupés en petits carrés égaux ; s’il consomme un œuf à la coque et que celui-ci n’a pas de symétrie, cela lui coupe l’appétit. 

Poirot a un sens de l’humour assez limité, sauf bien sûr si c’est lui qui le pratique. Il est par contre relativement imperméable à l’humour des autres à qui il répond d’une petite phrase bien sentie, histoire de remettre les pendules à l’heure.


Il est apparu pour la première fois à la télévision en janvier 1989, magistralement interprété par l’excellent comédien britannique David Suchet (ne prononcez pas le « t » SVP).

Suchet se métamorphosant en Poirot est une performance phénoménale ; grâce à l’un des bonus figurant sur l’une des DVD de la série, l’acteur parle de sa vraie voix, qui a un superbe timbre grave et profond.

L’homme est mince et aussi élégant que le personnage qu’il interprète, mais peu à peu on le voit, par la magie du maquillage, se transformet en Poirot et c’est hallucinant : du rembourrage aux épaules (pour lui donner l’aspect très légèrement vouté, du rembourrage sous la poitrine pour lui donner sa petite bedaine craquante, ensuite fixation des moustaches tellement typiques et coiffure permettant de donner au crâne de David Suchet l’aspect en forme d’œuf décrit par Lady Agatha.

 

Aussitôt que la métamorphose physique s’est installée, l’acteur reprend alors la voix qu’il a « inventée » pour le petit détective belge : une voix plutôt haut perchée « une voix d’intellectuel, qui a tout dans le crâne y compris la voix »  selon le comédien; David Suchet explique d’ailleurs que s’il n’a pas interprété Hercule Poirot pendant quelque temps, il lui faut retravailler cette voix qui ne correspond guère à la sienne.

Il reprend également alors la démarche typique qu’il a aussi développée.

Bref, après David Suchet plus personne ne pourra interpréter le personnage d’Hercule Poirot car il le marque totalement  de son empreinte et est le meilleur Poirot de tous les temps, meilleur même que Peter Ustinov que pourtant j’aimais beaucoup dans ce même rôle au cinéma.

Après un léger choc pour les fans de la série, où Suchet annonçait avoir  décidé de quitter le rôle, l’acteur a rectifié en disant qu’il irait jusqu’au bout des enquêtes où le personnage apparaît y compris la dernière « Curtain » (prévue pour 2010) où hélas le petit détective meurt.

La Série télévisée

En janvier 1989 passe pour la première fois sur la chaîne britannique ITV une enquête d’Hercule Poirot, avec en plus de David Suchet en Poirot, Hugh Fraser en Capitaine Arthur Hastings, Philip Jackson dans le rôle du Chief Inspector James Harold Japp et Pauline Moran en Miss Felicity Lemon.

cast

moran

Les deux premières saisons seront essentiellement consacrées aux nouvelles policières, certaines étant d’ailleurs des versions courtes de ce qui deviendra ultérieurement un roman.

Poirot et Hastings sont associés et leur agence fonctionne bien ; Miss Lemon s’occupe de son système unique de classement qu’elle met au point tout en filtrant les appels téléphoniques.
Hastings et Lemon apportent la touche comique du trio, se moquant parfois gentiment dans son dos du grand détective ; le problème pour eux, c’est qu’on est pas un grand détective pour rien et ils en sont souvent pour leurs frais !

Il y a une réelle synergie entre les personnages créés pour la télévision, les scénaristes ayant exploité et développé ce qui est déjà perceptible dans les romans d’Agatha Christie.

Au trio s’ajoute régulièrement l’inspecteur en chef Japp, qui est systématiquement en compétition avec le petit détective privé, menant l’enquête officielle qui généralement n’aboutit que grâce au concurrent, qui réunit de manière très classique tout le monde dans une pièce (salon, véranda, salle de conférence) et dévoile le coupable en coup de théâtre. C’est toujours celui qu’on ne soupçonnait pas, évidemment ! Arthur Hastings est d’ailleurs aussi surpris que les autres protagonistes, lui qui croit toujours comprendre la situation.

Il est absolument charmant ce capitaine Arthur Hastings, grand sportif, dont l’expression favorite est « I say ! » que l’on peut traduire par « mon dieu ! » - il l’utilise particulièrement lorsqu’il rencontre une très jolie femme car Hastings est fort sensible au charme féminin, ce qui a le don d’amuser Poirot;

Le comédien anglais Hugh Fraser marque aussi le personnage fictif de son empreinte personnelle et je ne vois personne d’autre devenir, un jour, un autre Hastings.

6062

Même s’il n’est pas aussi intelligent que Poirot, Hastings n’est pas non plus ce personnage un peu lourd que l’on imagine en lisant les romans d’Agatha Christie et tout le talent de Fraser a été justement de lui donner cette dimension un peu désinvolte, terriblement sympathique, mais se plantant dans ses conclusions ce qui aide d’ailleurs son associé.

Pour la petite histoire, Hugh Fraser eut sa période « Swinging London », cheveux longs et musicien, préférant d’ailleurs pendant tout un temps la période rock&roll au métier d’acteur. Quelle chance pour nous qu’il ait changé d’avis !

Je ne vois personne d’autre non plus interpréter l’inspecteur James Japp de Scotland Yard que l’acteur Philip Jackson. Belle moustache en brosse, amateur de « vraie » cuisine anglaise, baignant dans la gelée ou la sauce, faite de purée et de petits pois accompagnant des boulettes de viande, il est bourru à souhait, se sentant toujours en compétition avec Poirot, méprisant d’ailleurs les détectives privés. Pourtant, parce qu’il est Anglais, donc l’esprit sportif, il reconnaîtra au cours d’une conférence l’immense talent de son concurrent et néanmoins ami.

japp

Japp c’est le type très terre à terre, pratiquement toujours à la traîne de Poirot ce qui le vexe considérablement. Mais c’est un flic honnête quoique bien trop désordonné dans ses enquêtes telles que le conçoit Poirot.

Et Philip Jackson lui a réellement donné une empreinte très personnelle.

On sent aussi la complicité entre Jackson et Suchet lorsqu’ils enquêtent plus ou moins ensemble.

Miss Felicity Lemon, très joliment interprétée par Pauline Moran, n’est pas aussi jolie dans les romans que l’actrice choisie pour le rôle.
Mais ici aussi, il sera difficile de voir un jour une autre actrice devenir Miss Lemon, la maniaque du classement, qui ne s’en laisse pas conter par son patron et le remet parfois gentiment à sa place en lui servant sa tisane.

Comme le disent tous les acteurs récurrents ou invités sur la série, David Suchet a tellement marqué le personnage d’Hercule Poirot que toute l’équipe a à chaque fois eu envie de se surpasser afin d’être à la hauteur.

J’ai lu quelque part que les personnages d’Hastings, Japp et Miss Lemon ont disparu de la série télévisée lorsque David Suchet est devenu co-producteur car il craignait leur concurrence compte tenu de la sympathie qu’ils suscitaient dans le public.

C’est un commentaire particulièrement mesquin et qui montre une réelle méconnaissance des romans d’Agatha Christie.

Arthur Hastings quitte Poirot après « Murder on the Links », lorsqu’il rencontre « sa petite Cendrillon » et qu’il se marie (un peu comme chez Sherlock Holmes, lorsque le docteur Watson se marie, il quitte également les romans).

Miss Lemon et l’inspecteur Japp ne figurent pas non plus dans toutes les enquêtes des romans, il était donc assez logique qu’à un moment donné ils cessent aussi d’apparaître dans la série télé, car même si celle-ci prend quelques libertés avec les nouvelles et romans de la Reine du Crime, les scénaristes respectent tout de même ceux-ci dans la mesure du possible.

 

Apparaît également en cours de saisons, comme dans les romans, l'inénarrable Ariadne Oliver, alter ego d'Agatha Christie. Interprétée par Zoe Wanamaker, avec talent - elle rend Mrs. Oliver parfaitement crédible - et totalement exaspérante comme dans les romans.

 

Ariadne_Oliver_jpg_235x611_q95

 

A partir de la troisième saison, les épisodes s’allongent. On commence par “ The Mysterious Affair at Styles  où Poirot, réfugié pendant la guerre 14-18, retrouve son “bon ami” Hastings.

La saison 4 par exemple ne comporte que trois épisodes, mais qui sont en réalité des téléfilms d’une heure et demie.

La saison 5 est à nouveau constituée de nouvelles et c’est au cours de cette saison-là que Poirot retourne à Bruxelles, avec son copain Japp qui doit y recevoir la plus haute distinction que peut recevoir un policier dans son pays. Hercule Poirot conte alors à Japp une enquête personnelle qu’il mena à propos du décès d’un jeune politicien belge très en vue, empoisonné par des chocolats.


Toutes les saisons suivantes sont constituées de téléfilms, extrêmement bien conçus, mieux mis en scène que certaines réalisations pour le cinéma.

Car on ne peut parler de la série « Poirot » sans aborder le sujet des décors et des costumes.

Que ce soit en décors extérieurs ou intérieurs, ceux-ci sont particulièrement bien étudiés et soignés, donnant une réelle image de l’époque art déco au niveau des immeubles notamment.

Tout semble bien étudié afin d’éviter tout faux pas que ce soit pour les véhicules (trains, automobiles, bateaux) ou même les compétitions sportives (comme le golf par exemple, dont est si friand le capitaine Hastings).

Villages anglais ou cités balnéaires de la côté anglaise ou pays étrangers apportent une vraie touche de dépaysement.

Quant aux costumes, ils sont fort bien rendus également, que ce soient les costumes des messieurs ou les toilettes et coiffures des dames et des jeunes filles ;  elles me font souvent rêver par leurs formes élégantes et leurs étoffes, sous oublier les craquants petits bibis très seyants.

Des acteurs de la télévision anglaise se retrouvent régulièrement dans les différents épisodes.

Par exemple dans « One Two Buckle my shoe », on découvre le jeune Christopher Eccleston qui est devenu comédien de cinéma depuis.

Dans « The A.B.C. Murders », l’acteur Donald Sumpter offre une très belle performance dans le rôle du principal suspect.

« The Mystery of the Spanish Chest » permet de retrouver John McEnery, tout comme  “The Chocolate Box” pemet de retrouve l’actrice Anna Chancellor.

Vernon Dobtcheff, Edward Fox, Lysette Anthony,  Sarah Miles, Alexander Siddig, Elliot Gould, Damian Lewis, Kelly Reilly, James Fox, Emily Blunt, David Soul, pour ne citer que les plus connus, sont apparus dans les divers téléfilms de la série.

  

Bien que je préfère, et de loin, la version originale, je voudrais tout de même rendre hommage au comédien Roger Carel, qui prête sa voix à la version française du personnage.

 

roger_carel_23

Ce formidable acteur, surtout connu par les multiples voix qu’il apporte aux personnages de dessins animés, dans les films. « Kermit la grenouille », dans les Muppets, c’est lui aussi.

Et il est un parfait Hercule Poirot, version française.

A propos, vous ai-je dit à quel point  j'adore Hercule Poirot, qui est véritablement "l'homme de ma vie de lectrice" ?
J'en suis tellement amoureuse que mon petit mari, qui n'était pas du genre jaloux, me disait qu'un jour il ficherait tous ces bouquins au feu si je continuais à le tromper avec ce détective privé ....

Et depuis qu'il est apparu à la télé, j'adore tout autant son interprète David Suchet.

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Mon frère vient de me télécharger la série en VO. J'espère que je pourrai suivre! Pour lire en anglais, no problem! Mais comprendre...
Répondre
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 222
Archives
Derniers commentaires
Publicité