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mon bonheur est dans la ville
26 juillet 2009

HAPPY-GO-LUCKY, de Mike Leigh

16519_thumbPoppy, 30 ans, institutrice d’école primaire, passé à travers la vie en s’amusant, en pratiquant une derision gentille, pétillante. Elle vit en colocation avec Zoe, une amie un peu plus sérieuse, avec qui elle s’entend super bien.

Il faut la voir traverser Londres à vélo, cheveux et sourire au vent, tenues vestimentaires totalement colorées – même lorsqu’on lui vole son vélo, elle garde sa bonne humeur. Dans les transports en commun, elle sourit aux autres, elle leur parle. Certains sont gagnés par sa bonne humeur contagieuse, d’autres n’arrivent pas à se dérider, comme ce libraire qui aurait pourtant tout pour être heureux !

En guise de loisirs, elle sort en boîte avec ses copines ou fait de la trampoline ; lorsqu’elle se fait mal au dos à la suite d’un saut, elle se fait soigner – toujours avec humour – ensuite décide d’apprendre le flamenco.

Puisqu’on lui a piqué son vélo, Poppy décide d’apprendre à conduire et là, pas de chance, elle tombe sur un instructeur complètement dépourvu du sens de l’humour ; dans un premier temps, l’homme l’amuse mais peu à peu elle réalise que cet homme très en colère pourrait bien lui être néfaste.

A l’école où elle enseigne, elle réalise que l’un de ses élèves devient particulièrement violent et elle décide de l’aider – c’est ainsi qu’elle rencontre l’assistant social qui va se charger du cas du petit garçon ; l’étincelle fonctionne immédiatement entre les deux jeunes gens. Lui, il ne résiste vraiment pas à la bonne humeur et la tendresse de la jeune femme.

Poppy, c’est vraiment l’anti-Lorna.

Le film de Mike Leigh confirme exactement ce que j’écrivais dans ma critique sur « Le Silence de Lorna » : avec un sujet « quotidien », Mike Leigh parvient à nous apporter un « feelgood-movie », un film dont on sort content, de bonne humeur.

Il paraît qu’à Cannes, beaucoup de critiques ont été exaspéré par ce personnage qui vit son positivisme ; par surprenant quand on privilégie le réalisme à la belge, ou à la roumaine.

En anglais une personne « happy-go-lucky » est quelqu’un de toujours optimiste et insouciant. Et c’est ce qu’est Poppy, du moins en apparence.

Ceux qui disent ne pas supporter « autant de bonne humeur » ont bien tort ; c’est un jugement superficiel et arbitraire sur un personnage qui a beaucoup plus de profondeur qu’il n’y paraît.

Poppy n’est pas en dehors de la vie, elle la voit comme elle est, tout ce qu’elle essaie de faire c’est de dédramatiser. Parfois cela fonctionne, parfois pas, comme avec cet instructeur automobile à la limite sociopathe.

Lorsqu’elle réalise qu’un enfant de sa classe est en souffrance, elle s’occupe du problème et très sérieusement.

Mike Leigh aime bien égratigner gentiment les familles aussi et la réunion chez Helen, l’autre sœur, celle qui est rangée (et qui voudrait que tout le monde le soit) est un petit morceau d’anthologie « leigh-ienne ».

La leçon de vie de Poppy – et de Mike Leigh – est que la vie est dure, mais qu’il y a quand même de belles choses à vivre, il suffit de prendre la vie comme elle vient, avec ses hauts et ses bas, et profiter au maximum des bons moments. J’adhère à cette philosophie à mille pour cent.

Moi, en tout cas, j’ai trouvé cela bien plaisant un film où la protagoniste est toujours souriante et toujours gentille – je ne rencontre pas souvent des gens comme elle, par contre comme elle, j’essuie des regards surpris lorsque je souris aux gens. Je l’avoue, j’ai besoin d’avoir de l’empathie pour les personnages d’un film ; les personnages froids et calculateurs comme « Lorna » me mettent mal à l’aise, le manque de sensibilité de quelqu’un m’est difficile.

Bon, vous me direz : « tout ça c’est du cinéma », et vous n’aurez pas tort, mais j’aime bien ressentir quelque chose. Autre chose que de l’agacement ou de l’indifférence, pour cela mon quotidien me suffit, merci beaucoup.

Ce qui est évident, à mon sens, c’est que ceux qui ont apprécié le film de Luc et Jean-Pierre Dardenne vont avoir des difficultés à accepter Polly et le film de Mike Leigh, qui nous a donné d’excellents films comme « Secrets & Lies », « All or Nothing », et le plus sombre « Vera Drake ».

18950417Je pense qu’il faut être totalement coincé pour ne pas céder à la bonne humeur et au sourire contagieux de Poppy et de son interprète, l’actrice Sally Hawkins qui  interprète Poppy ; comme Arta Dobroshi dans « Lorna », l’actrice anglaise est ominiprésente à l’écran. Elle n’a pas qu’un très beau sourire, elle a aussi un air naturellement gentil lorsqu’elle tente de comprendre les gens.

Bref, elle est épatante. Tout comme elle l’était dans « Cassandra’s  dream ».

18950424_w434_h_q80A ses côtés, il y a sa colocataire, Zoe interprétée par Alexis Zegerman, une comédienne de théâtre qui  a déjà été mise en scène sur les planches par le même Mike Leigh.

18950421_w434_h_q80C’est l’acteur Eddie Marsan qui joue Scott, l’instructeur automobile, fanatique, raciste, homophobe, remplis de frustrations et de colère.

18950419_w434_h_q80Quant au charmant Tim, l’assistant social, il est interprété par Samuel Roukin.

Les sœurs de Poppy sont interprétées Kate O’Flynn et Caroline Martin.

Karina Fernandez est une prof de flamenco vraiment très amusante également.

« Happy-Go-Lucky » est un délicieux bonbon acidulé ; je le recommande, mais n’allez pas piquer une crise de nerfs et me vouer aux gémonies si vous trouvez cela trop « gai » - au sens premier de ce mot, c'est-à-dire : joyeux, de bonne humeur, toujours content.

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