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mon bonheur est dans la ville
26 juillet 2009

THE LETTER, de William Wyler

vign_a_14612_lettre__la__1940__1b     14612__14612__lettre__la__1940__6Dans la moiteur de la nuit dans une plantation de caoutchouc près de Singapour, le calme est soudain rompu par un coup de feu. Un homme sort de la maison en titubant suivi par la femme du patron, qui continue à vider son chargeur sur lui.

Puis elle reste là, comme une statue pendant que les travailleurs de la plantation se réveillent, courent dans tous les sens.  Leur chef reconnaît l’homme qui est mort, il s’agit d’un ami de la famille. On s’anime, on va chercher la police, on prévient le mari qui arrive à toute vitesse.

Ensuite arrivent le jeune chef de police et l’avocat de la famille. Leslie Crosbie commence alors le récit de ce qui l’a amenée à tuer Hammond ; il serait venu en cachette, aurait bu un verre avec elle, puis lui aurait fait des avances qu’elle refusa. Ensuite il l’a saisie et était prêt à la violer, lorsqu’il trébucha ; elle se souvint alors de l’arme de son mari et tira sur lui. Après cela, elle dit se souvenir vaguement d’encore avoir entendu des coups de feu, mais tout est confus.

Le jeune policier et son mari la croient sur parole, seul Howard Joyce, l’avocat, paraît sceptique ; il dit que les questions qu’il lui pose, seront celle du procureur, car il serait bon qu’elle aille se constituer prisonnière.

Il accepte sa défense, rassurant tout le monde sur le fait qu’il s’agit d’un cas de légitime défense et que le procès sera bref, le verdict d’innocence certain.

Pendant qu’ils se mettent tous en route vers la ville, une ombre dans les buissons les suit du regard. Cette femme au visage comme un masque est accompagnée du chef des travailleurs.

Pendant que Leslie devient la prisonnière préférée de toute la prison, par sa grâce et sa gentillesse à l’égard de tous, l’assistant de Joyce commence à poser des questions d’une manière insidieuse ; finalement il en vient au fait : un de ses amis a en sa possession une lettre écrite de la main de Leslie, une lettre prouvant que la présence d’Hammond n’était pas due au hasard, qu’elle lui avait demandé de passer la voir, tout en laissant son véhicule à l’écart de la maison.

L’avocat reçoit alors une copie de cette lettre ; lorsqu’il s’en ouvre à sa cliente, celle-ci nie tout d’abord, prétendant qu’il s’agit d’un faut ; Joyce lui fait comprendre qu’il ne s’agit que d’une copie, elle est alors obligée de reconnaître qu’elle a écrit effectivement mais que c’était pour discuter d’un cadeau à faire à son époux. C’est là que Joyce comprend la duplicité de la jeune femme, car les termes de la lettre sont bien différents de ce qu’elle prétend.

Ong, l’assistant de l’avocat, toujours obséquieux et insidieux, dit servir d’intermédiaire et tout ce que son « ami » souhaite c’est qu’on lui rachète cette lettre, ensuite tout le monde sera content ! Seulement c’est Leslie qui doit apporter l’argent – et quel argent, carrément toutes les économies de Crosbie, le planteur, un homme d’une immense bonté, qui ne peut rien voir de mauvais en son épouse et qui dit qu’il faut payer, l’ennui c’est qu’il n’a aucune idée de la somme.

L’entrevue est effrayante pour Leslie, elle est face à l’Eurasienne que Hammond avait épousée ; le visage de cette jeune femme reflète la haine qu’elle éprouve pour la meurtrière. L’échange se fait donc, d’un côté toutes les économies du mari (qui n’en sait toujours rien), de l’autre la lettre compromettante.

Grâce à la disparition de cette preuve accablante, l’avocat peut plaider l’auto-défense et comme prévu, Leslie est libérée. Pour leur ami avocat, cette loyauté à l’égard de Robert Crosbie pourrait le faire rayer du barreau si cela s’apprenait ; il n’a désormais plus aucune illusion sur la femme de son ami. Dans la foule, la veuve d’Hammond est là.

Ce dernier décide de quitter les lieux et d’acheter une autre plantation, où ils pourront oublier ce drame – c’est alors qu’il va falloir lui révéler le coût de la lettre compromettante et son épouse lui apprend par la même occasion qu’elle aimait passionnément l’homme qu’elle a tué et qu’elle ne supportait pas d’être négligée, ni qu’il ait épousé l’autre femme.

Effondré, Crosbie boit un peu trop au cours de la soirée organisée pour fêter la libération de son épouse ; celle-ci se prépare mais se sait épiée par ceux qui aimaient Geoffrey Hammond ; malgré une tentative de réconciliation avec son époux, un homme si bon qu’il est prêt à tout lui pardonner, Leslie quitte la pièce et part vers son destin.

J’ai pour l’actrice Bette Davis une immense admiration, tant pour les combats de l’actrice contre les studios afin d’échapper aux stéréotypes hollywoodiens, mais aussi pour la femme qui voulait vivre libre et qui rencontra de tous les côtés pas mal d’écueils.

letterDans « The Letter » tiré d’une nouvelle de Somerset Maughan, et surtout brillamment mis en scène par William Wyler, Bette Davis crève littéralement l’écran, comme elle le fera d’ailleurs dans tous ses rôles. Sa personnalité est tellement puissante qu’elle semble éteindre littéralement tous ses partenaires.

La tension est palpable dans le film de bout en bout par d’habiles jeux de lumière, par l’utilisation parfaite du noir et blanc ; la construction de l’histoire va crescendo, dès qu’il est question de la fameuse lettre, la tension s’intensifie encore et pendant tout ce temps, Bette Davis conserve son calme, sa froideur, poursuit un travail au crochet afin 14612__lettre__la__1940__3de se distancier d’une affaire qui dépasse tout le monde : le mari, un homme trop bon comme la plupart des personnages masculins dans les romans de Somerset Maughan dont tous les personnages féminins sont des manipulatrices et femmes vénales.

Le film aborde aussi l’époque coloniale britanniques, avec la condescendance des uns face à l’obséquiosité des autres qui ne cachent toutefois pas leur mépris dès que les Blancs ont le dos tourné.

C’est particulièrement évident dans le rôle du jeune assistant de l’avocat.

Même si la présence à l’écran de Bette Davis est telle qu’elle semble « repousser » tous les autres acteurs vers un coin de l’écran, il faut citer le travail de James Stephenson en Howard Joyce, l’avocat pris entre sa loyauté professionnelle et son amitié.

L’époux de Leslie est interprété par Herbert Marshall, il interprète fort justement cet homme foncièrement bon, qui est prêt à pardonner à la femme infidèle.

14612__lettre__la__1940__4Le rôle de la veuve on trouve Gale Sondergaard, qui n’apparaît que dans quelques scènes brèves, qui n’a que très peu de texte mais qui donne une performance impressionnante en ange de la vengeance.

Je ne dirai jamais à quel point je suis ravie que la cinémathèque de Belgique ait décidé, en ce mois de septembre 2008, d’honorer la mémoire de l’actrice Bette Davis qui aurait eu 100 ans ce mois-ci en lui consacrant un mois d’hommage cinématographique, en reprenant un florilège de ses rôles les plus importants.

Elle est l’une des plus grandes actrices de tous les temps et j’espère qu’elle ne sera jamais oubliée.

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