HELLBOY, THE GOLDEN ARMY, de Guillermo del Toro

Lorsqu’il était encore un bon petit diable rouge, le père d’Hellboy, le sympathique professeur Broom, lui racontait une légende ancienne où le monde des elfes et des hommes d’abord amis, se firent la guerre et pour se défendre Balor le roi des Elfes créa les légions d’or. Devenues toutes puissantes, elles ravagèrent la terre ; finalement une trève fut conclue. Nuada-Lance d’argent, fils du roi, préféra l’exil pour marquer son désaccord.

La couronne d’or contrôlant les légions d’or fut partagée en trois pièces : l’une aux humains, deux chez les elfes.

Bien des siècles plus tard, Nuada a décidé de refaire la guerre aux humains qu’il accuse d’avoir détruit la terre que son père leur avait donnée. Lors d’une vente aux enchères, il récupère la pièce de la couronne offerte aux humains et avec l’aide d’ignobles petits elfes carnivores. Lorsqu’il rejoint le royaume de son père, Nuada le tue pour la deuxième partie de la couronne mais sa sœur jumelle,  Nuala fuit avec la dernière pièce.

Pendant ce temps, au département des recherches paranormales du FBI, Hellboy a quelques problèmes avec Liz ; l’ajustement à la vie commune ne semble pas évidente pour ces deux fortes personnalités. Comme le responsable du service, Tom Manning, n’arrive pas à contrôler Hellboy – qui a quand même de fameux problèmes avec l’autorité en général – on a décidé de lui assigner un nouveau compagnon. Il s’agit d’un ectoplasme, Johan Krauss ; inutile de dire qu’Hellboy l’envoie paître lui aussi.

Tout cela va pourtant devoir attendre car après le drame de la salle des ventes, le département doit se rendre à Washington pour enquêter ; l’une des petites fées carnivores ayant révélé qu’un marché de trolls se trouve près de Brooklyn Bridge et que c’est là qu’ils trouveront le prince Nuada à la recherche de la troisième pièce, toute notre équipe part à New York, découvre la jolie princesse, la cache mais son jumeau apparaît et une bagarre éclate avec Hellboy. Celui-ci désespère d’obtenir la reconnaissance des humains que lui et ses copains aident si souvent. Hélas, cet espoir est vain.

Nuada retrouve sa sœur au département des recherches paranormales, l’enlève et blesse grièvement notre gros diable.

Pour le sauver, il n’y a qu’une solution, partir vers l’Irlande, terre des Elfes et de la couronne magique où Hellboy pourra être guéri ; ensuite, une lutte sans merci va opposer tous les êtres mythiques, de Hellboy à Krauss, en passant par Nuada.

Les arguments du prince Nuada –Lance d’argent s’ils sont touchants sur le fond, ne sont pas très acceptables dans la forme qu’il compte leur donner : un seul chef et le reste de la terre qui obéit !

Peut-on cependant lui en vouloir de mépriser les humains qui ont détruit la terre ?

Bref voilà un film de super héros suscitant des sentiments un peu ambigus,.

Ce qui est certain c’est que Guillermo Del Toro et son scénariste Mike Mignola ont lu et relu « le seigneur des anneaux », et peut-être en plus  les « Mabinogion », ces merveilleux contes des légendes celtiques, récupérant le mythe du prince de la mythologie celtique, que l’on surnommait « au bras d’argent », celui qui devait assurer la redistribution des richesses et assumer la royauté, ce même prince que les Gallois appellent « Llud ».

Tous les éléments tolkienniens y sont : elfes, sylphes, trolls, anneau magique (ici « couronne »), un « élémentaire » , c’est-à-dire une créature fantastique composée de l’un des quatre éléments (ici « Terre »).

Peu importe l’inspiration de Del Toro et Mignola (après tout Neil Gaiman a aussi utilisé la fée Nuala dans un de ses romans), ce qui compte c’est le résultat et celui-ci est épatant.

J’ai et de beaucoup préféré ce deuxième volet au premier, non seulement pour l’aspect plus mythologique que le premier (là ça louchait quand même un peu fort vers le troisième Indiana Jones et les Nazis), mais pour la tendresse qui émane de ces personnages hors du commun, exclus de la société qu’ils défendent, méprisés et rejetés par ces humains à qui ils sauvent régulièrement la vie.

La soif de reconnaissance d’Hellboy et ses compagnons est assez touchante et me fait penser à ces gens différents de nous que l’on croise parfois, qui aimeraient que l’on ne détourne pas les yeux en croisant leur regard.

On retrouve, dans les rôles qu’ils défendaient déjà dans le premier volet, les mêmes personnages :

Ron Perlman est à nouveau Hellboy, cet anti-héros très sympathique, amateur de bière et cigares cubains, adorant les chats et sa jolie pyrokinésique.

Celle-ci est interprétée par Selma Blair.

Doug Jones est Abe Sapiens, créature empathique et aquatique, son rôle a un peu plus d’importance que dans le premier volet ; il a toujours ce petit air de C3PO que j’aime bien.

Par ailleurs il interprète aussi l’Ange de la Mort et le chambellan du roi Balor.

Nuada-Lance d’Argent est interprété par Luke Gross, dont l’allure humaine, malgré le maquillage blanc, fait un peu peur ; il m’a fait penser à un zombie, des créatures dont je ne raffole pas particulièrement.

Sa jolie sœur jumelle, Nuala, est jouée par Anna Walton ; elle est la partie lumineuse de l’entité qu’elle forme avec son frère, qui est le « jumeau démoniaque », une particularité souvent attribuée aux jumeaux.

Chez les humains, Jeffrey Tambor est à nouveau Tom Manning ; il y est amusant mais pas très original.

On retrouve très brièvement John Hurt, avec sa tête à la Tryphon Tournesol ; une apparition trop courte mais il ne pouvait en être différemment puisqu’il meurt dans le premier volet.

Inutile d’ajouter que, comme toujours chez Guillermo Del Toro, maquillages, costumes, décors, effets spéciaux sont bluffants.

Et personnellement, je ne me lancerais pas dans un troisième volet si j’étais Del Toro, même si les producteurs insistent ; je trouve que ce 2^ème opus peut très bien terminer la saga.