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mon bonheur est dans la ville
25 juillet 2009

BRIDESHEAD REVISITED

 

brideshead_revisited_ (1)

photo-Retour-au-chateau-Brideshead-revisited-1981-9

Titre français = Retour au château

En 1981, une série-fleuve de 12 épisodes (ce que l’on nomme dans le jargon actuel une « novella ») paraissait sur les petits écrans et remporta tous les suffrages.
Vingt huit ans ont passé et la série n’a pas pris une seule ride, au contraire. L’interprétation y est toujours aussi flamboyante, bluffante, de même que les décors et costumes.

La série est basée sur le livre éponyme de l’auteur anglais, Evelyn Waugh, célèbre pour son humour cynique, ses bons mots, mais également son conservatisme ainsi que sa conversion au catholicisme.

« Brideshead revisited » (« Retour au château » en français) est considéré comme le roman le plus autobiographique de cet auteur.

L’histoire nous est contée par Charles Ryder, l’un des principaux protagonistes, qui revient à Brideshead au printemps 1944 avec son régiment. Ses souvenirs affluent et le submergent.

Vers 1923, Charles part à Oxford afin d’y étudier l’histoire ; après une première rencontre peu plaisante avec le très saoul Sebastian Flyte, le plus jeune fils des Marchmain, une famille de l’aristocratie britannique, les deux jeunes gens se lient et entament une très belle amitié faite de tendresse et probablement d’amour. Un jour Sebastian emmène Charles chez lui ; il a envie de lui faire rencontrer quelqu’un qu’il aime énormément, mais ne veut pas que Charles rencontre le reste des Marchmain. Pour Sebastian, Charles est son ami personnel, à lui, comme Aloysius son ours en peluche.

Charles – qui est issu de la classe moyenne - est fasciné par la manière de vivre de Sebastian, une vie insouciante où le champagne et s’amuser sont les seuls mots qui comptent.

 

Les grandes vacances venues, chacun retourne chez soi ; Charles retrouve son père avec qui les conversations sont toujours assez incongrues, mais faites d’une certaine affection.
C’est alors qu’un câble arrive, Sebastian serait au plus mal après s’être blessé. Le jeune homme s’est effectivement blessé, mais ce n’est pas grave du tout. C’est l’occasion pour Ryder de faire la connaissance de Julia, la sœur de  Sebastian, une Julia qui le snobe immédiatement.

Les jeunes gens vont  passer leur été ensemble et peu à peu, le jeune Lord Flyte va dévoiler son secret : il déteste sa famille, sa mère surtout, dont la bigoterie chassa leur père de Brideshead, le domaine dont Charles est tombé complètement amoureux.

La foi catholique régit complètement la vie de Lady Marchmain, une femme qui joue les martyres ; « Bridey », le fils aîné et héritier du titre, tout comme l’adorable Cordelia, la plus jeune des Marchmain, sont complètement sous la coupe de la religion.

Pour l’agnostique Charles Ryder tout cet étalage de prêchi-prêcha est ridicule ; par ailleurs, la religion semble être leur seul sujet de conversation, du moins tout tourne autour de ce sujet à la moindre occasion.

Pas étonnant que le père ait fui vers l’Italie après la première guerre mondiale et que Sebastian étouffe dans ce monde étriqué.

Après avoir rendu visite au père à Venise, l’année scolaire reprend, les deux amis se retrouvent, mais entretemps, Charles a été accepté par les Marchmain et à partir de là, l’amour que lui porte Sebastian va s’étioler. Plus il est accepté par la famille, plus il s’éloigne de Charles, en se réfugiant dans l’alcool.
Le jeune aristocrate sombre dans une profonde dépression et s’enfonce dans l’alcool.

Lorsque Charles s’en va étudier la peinture à Paris, les amis se perdent de vue ; après une scène pénible, Lady Marchmain a fait comprendre à Ryder qu’il n’était plus le bienvenu à Brideshead.

Sebastian a fui vers le Maroc ; à la demande de Julia, la sœur aînée, Charles va retrouver Sebastian pour le ramener à Brideshead où leur mère se meurt.

Rien de tout cela n’est possible vu l’état du jeune homme.

On retrouve Charles Ryder, quelques années plus tard, marié et peintre célèbre. Son mariage est tout sauf heureux et c’est alors qu’à bord du transatlantique qui les ramènent d’Amérique en Europe, il retrouve Julia et entame une relation passionnée avec elle.

Elle lui raconte son malheureux mariage avec Rex Mottram,  l’homme d’affaires qui s’est converti au catholicisme pour l’épouser car une aristocrate donnerait du cachet à son blason.

Charles et Julia veulent divorcer de leurs conjoints respectifs ; à l’aube de la seconde guerre mondiale, le vieux Lord Marchmain revient à Brideshead où il souhaite mourir en paix. C’est alors que sa foi va revenir en pleine figure à Julia et son sentiment de culpabilité est telle qu’elle rompt avec Charles Ryder.

Les droits de reproduction de « Brideshead revisited » appartenaient à la MGM qui comptait en faire un film ; mais le livre est tellement dense, comprend tant de situations et personnages complexes que le comprimer à un film de 2 heures à 2 heures et demies semblait une tâche insurmontable. Et même si pas insurmontable, certainement pas destinée à être un chef d’œuvre comme l’a prouvé le film de Julian Jarrod. 

Bien que le film m’ait plu et vaut la peine d’être découvert, lorsqu’on a vu la version réalisée par la BBC, ce film paraît soudain bien pâle ; de plus il ne respecte pas totalement le roman et je comprends mieux à présent que les héritiers de l’écrivain Evelyn Waugh n’ait pas été satisfaits par cette version cinéma.

Michael Lindsay-Hogg, le principal réalisateur, fut immédiatement choisi et apprécié par le producteur Derek Granger de la Granada Prod., connu pour ses choix judicieux.

Lindsay-Hogg eut particulièrement le nez fin quant à la distribution ; la qualité de l’interprétation est au-delà de tout ce que l’on peut imaginer d’excellence, dans les grands comme dans les plus petits rôles.

Ce fut une grève assez longue des techniciens de télévision qui obligea le producteur à changer de réalisateur, Lindsay-Hogg ayant d’autres contrats à honorer. Il fut remplacé par Charles Sturridge, très jeune dans le métier qui releva le défi avec panache ; toute l’équipe parle encore de lui, à ce jour, avec enthousiasme.

Au départ, le scénario comportait seulement six heures, un « condensé » normal pour ce type de réalisation, mais John Mortimer, le scénariste, estimait que réduire la puissance du roman à ces six heures en retirait tout l’essence fondamentale.

C’est d’ailleurs ce que l’on ressent lorsqu’on pense au film de Julian Jarrod surtout après avoir vu la série télévisée, que je recommande chaudement.

Les acteurs relurent le livre, comparant leur script avec le roman et à l’unanimité il fut demandé – et accordé par la société de production – de prolonger ces six heures originalement prévues en 13 heures. Lorsqu’après deux ans de tournage, tout était dans la boîte, le producteur eut soudain quelques doutes, quant à la longueur des épisodes, la lenteur voulue de cette histoire – correspondant à celle du roman – et la manière dont les téléfilms seraient reçus.

Une partie des acteurs n’eut même pas le courage d’assister à la première, par superstition, mais le lendemain l’enthousiasme déferlait dans les critiques de presse.

L’enthousiasme du public était énorme et la série captiva véritablement les audiences ; d’après certains témoignages d’époque (1981), plus personne ne sortait de chez soi les soirs où « Brideshead revisited » était diffusé.

Il était devenu « LE » feuilleton télé dont chacun parlait, qu’il fallait regarder à tout prix.

Pourtant certains critiques ont émis des opinions négatives concernant la relation amico-amoureuse de Charles et Sebastian, prétendant que les réalisateurs de la série avaient exagéré l’homosexualité qui est suggérée dans le livre ; mais même s’il s’agit d’un amour « gay », il est traité avec beaucoup de pudeur et surtout de tendresse et d’amour.

Je suppose que dans une histoire de ce type, actuellement, avec ce besoin de soi-disant vérité artistique et intellectuelle, les producteurs n’hésiteraient pas à y obliger quelques scènes glauques et sado-masochistes. Au lieu de cela, heureusement pour tous, dans la série de 1981, c’est l’amour qui prime.

 

On se rend aussi compte, à la vue des décors, quel formidable travail d’étude à été fait afin de respecter les lieux appropriés des époques de l’histoire.

Grâce aux costumes, coiffures et maquillages, on voit les acteurs passer de 1924 à 1944 avec naturel.

Quant à la musique, elle fut composée par Geoffrey Burgon spécialement pour la série, dans un style baroque de trompettes et cordes bien en rapport au style baroque de la grande demeure.

Les réalisateurs ont eu la bonne idée de ne pas se précipiter sur les habituels compositeurs baroques choisis pour ce type d’histoire. La musique contribua largement au succès du feuilleton.

Pour planter le décor, aussi bien pour le film de Jarrod que pour la série, c’est le magnifique Castel Howard dans le Yorkshire qui servit de décor à Brideshead.

Pour la demeure des Marchmain à Londres, c’est le très intéressant immeuble de Bridgewater House, face à Green Park à Londres qui a été choisi.

Les scènes en mer furent tournées à bord du Queen Elizabeth II. Sans oublier les extérieurs à Venise ainsi qu’à Malte pour les scènes du Maroc et de Tunisie.

Il est temps à présent de passer à la distribution. De ce côté-là ce fut vraiment du grand art.

A commencer par les deux acteurs principaux : Jeremy Irons et Anthony Andrews, respectivement Charles Ryder et Lord Sebastian Flyte.

Au départ, « Sebastian » devait être joué par Jeremy Irons, mais c’est finalement Anthony Andrews qui obtint le rôle.
Quelle chance pour nous !

Car désormais, plus personne ne pourra interpréter Sebastian Flyte comme lui. Et Irons était réellement taillé sur mesure pour le rôle de Charles, homme envieux d’un monde qui n’est pas le sien.

Pas étonnant que les récompenses tombèrent sur lui et Jeremy Irons, et les catapulta dans la célébrité.

Diane Quick fut choisie pour être Julia, jeune femme ambiguë qui aimerait être libre, mais porte en elle le poids de la religion.
L’un des rôles les moins sympathiques, celui d’Anthony Blanche, est allé à Nickolas Grace et lui aussi trouve là une formidable expression à son talent également.

Un autre rôle parfaitement antipathique est celui de Mr. Samgrass joué par John Grillo.


La jeune et sympathique Cordelia est interprétée par Phoebe Nicholls et elle rend la plus jeune des Marchmain vraiment mignonne et drôle.

 

Dans le rôle des parents (Ryder et Marchmain) les producteurs eurent le nez fin en faisant appel à =

John Gielgud pour interpréter le père de Charles Ryder, Edward (Ned) ; ce sont des moments fort drôles où la manière pince-sans-rire de parler de Ryder Senior.

Lord Marchmain est joué par Laurence Olivier, un autre grand nom du théâtre et de l’écran britannique.

Son épouse, la « martyre » Lady Marchmain, est interprétée par Claire Bloom et sa compagne italienne, Cara, est jouée par Stéphane Audran ; c’est un réel plaisir de retrouver tous ces excellents acteurs dans des rôles relativement courts.

 

L’épouse de Charles Ryder, Celia, est interprétée par Jane Asher tandis que son frère, Boy, est joué par Jeremy Sinden. Le mari de Julia, Rex Mottram, est interprété par Charles Keating.

Il y a pas mal d’autres acteurs connus, dans des petits rôles, comme par exemple John Le Mesurier dans le rôle du prêtre catholique à qui Mottram pose des questions difficiles sur la religion.

 

Je pourrais encore parler pendant des heures de cette série réellement épatante, dont j'aimerais bien trouver les dvd s'ils étaient encore disponibles, mais que je loue car je peux la voir et revoir sans m’en lasser.
Et qui me donne à chaque fois, envie de lire le roman, ce que je ferai certainement un jour.

 

 

front view - castle Howard

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