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mon bonheur est dans la ville
24 juillet 2009

VALSE AVEC BACHIR, d'Ari Folman

18947035_w434_h_q80Des chiens courent dans une ville et s’arrêtent sous la fenêtre d’un homme, ces chiens sont effrayants, leurs yeux surtout semblent lancer des flammes de haine. Le cinéaste Ari Folman est appelé dans la nuit par un copain qui fait ce rêve récurrent de ces chiens, qui sont l’un des seuls souvenirs qu’il a de la guerre au Liban : il était chargé de tuer les chiens d’une petite ville, car les chiens aboient ce qui fait fuir les terroristes éventuels cachés dans la ville. Il en tua 26 et depuis ce souvenir le hante.

Pour Ari, cette discussion va pour la première fois déclencher un rêve où il sort de la mer avec deux de ses copains.

Il va donc consulter un psy et ses anciens compagnons qui étaient bien des compagnons d’armes. Son travail de mémoire l’emmènera jusqu’en Hollande où vit l’un des rescapés de cette horrible période.

Quelle merveilleuse audace que d’oser faire un documentaire graphique sur les monstruosités que sont les guerres, et sur le massacre de Sabra et Chatila, où les Israéliens laissèrent faire les milices phalangistes catholiques se venger de la mort de Bashir Gemayel.

Ce film est un réel chef d’œuvre.

A la beauté graphique pure s’oppose le choc de l’horreur, pas étonnant que Folman ait oblitéré ces images, sinon comment vivre encore ?

On le comprend parfaitement - lors des images finales de cette horreur indescriptible - que des jeunes soldats de 18/19 ans n’étaient pas préparés à un tel massacre et ce malgré le service militaire où on les forme. Mais forme-t-on jamais les gens à cotoyer et semer la mort ?

Il y a les sentiments de haine, de culpabilité vis-à-vis des copains morts alors qu’on est vivant soi-même. Oui, on est vivant mais à quel prix. Alors, pou ne pas sombrer dans la folie, on occulte tout cela.

Un film poignant qui sera difficile à oublier car on ne sort pas vraiment intact de « Valse avec Bashir » ; à l’onirisme de certaines images se mêle la brutalité même de la réalité.

Quant à la bande originale de ce documentaire graphique, elle est à la hauteur du film, percutante, violente ou douce, bluffante.

Pourquoi avoir choisi l’animation plutôt qu’un vrai film : probablement parce que notre mémoire, au bout de 20 ans, déforme les souvenirs, les rend irréels.

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A aucun moment le film ne prend fait et cause pour les Israéliens, au contraire – ils ne sortent guère grandis de ces massacres.

Un film bien plus percutant que tous les films américains sur les guerres, même ceux de Kubrick, même « Apocalypse Now », malgré leur volonté d’être « vrais », ils finissent par être ce qu’ils sont : une approche superficielle d’un phénomène bien réel.

Ici, ce sont les protagonistes qui parlent.

Techniquement c’est une réelle réussite, les couleurs sont magnifiques.

C’est supérieur au film « Persepolis » et pourtant, là aussi, on était face à quelque chose de très fort.

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