BLOOD OF THE MUMMY'S TOMB, de Seth Holt

Titre français : Le Momie sanglante

Ça, pour être sanglante elle l’est ! j’ai l’impression que ce film devrait plutôt entrer dans une section « Vampires » que « Momies. En tout cas, ici point de momie enveloppée dans des bandelettes velpeau et qui court partout pour étrangler tout le monde, sauf la demoiselle en détresse qu’elle veut garder pour elle toute seule.

Ici, c’est en fait la demoiselle en détresse qui est à la fois la momie et sa victime … oui je sais, raconté comme ça, c’est pas très clair.

Moi aussi j’ai eu quelques difficultés à comprendre du premier coup en lisant un vague synopsis, mais dès qu’on voit le film, c’est limpide … enfin presque !

Donc, je résume :

La très jolie Margaret Fuchs, fille du professeur Fuchs, fait à chaque fois un cauchemar récurrent qu’elle n’arrive pas à expliquer. La veille de ses 18 ans, son père lui offre un rubis énorme, dans lequel on peut voir un dessin d’étoiles en forme de petite ourse. Il semble que le professeur soit particulièrement inquiet de cet anniversaire approchant.

En fait, le professeur Fuchs, éminent égyptologue, découvrit au cours d’une expédition composée de quatre autres personnes, la tombe de la Reine Tera, princesse égyptienne au temps des pharaons, condamnée pour avoir voulu conquérir le monde – elle a été enterrée la main coupée car ainsi elle ne pourra jamais se réincarner puisqu’elle n’est plus « entière ».

Au moment même où Fuchs et son expédition ouvre le tombeau, son épouse meurt en mettant au monde une petite fille qui semble morte elle aussi mais un très bref instant plus tard, le médecin réalise que le bébé est tout de même vivant.

Une voix « off », celle de la Reine Tera, explique alors que c’est elle qui a guidé l’expédition vers son tombeau afin d’être libre.

La maison des Fuchs est surveillée par un certain Corbeck, un des membres de l’expédition, fasciné par l’histoire de Tera. Fuchs ne veut plus voir cet ancien ami, sachant que celui-ci cherche à pénétrer dans sa cave secrète. C’est dans cette cave que Margaret va découvrir le secret de son père, tombé en catalepsie. Cest là qu’est le sarcophage de la belle princesse, pur esprit du mal.

Tous ceux qui entourent Margaret meurent peu à peu, chaque membre de la mission archéologique qui possède une relique, vivant dans la terreur du 18^ème anniversaire de Margaret. Si les reliques sont réunies auprès du tombeau et que quelqu’un lit les paroles du livre des Morts, Tera reviendra à la vie dans le corps de Margaret. Celle-ci semble d’ailleurs de plus en plus possédée par l’esprit du mal, elle a déjà tué son fiancé trop curieux ; elle est de plus en plus sous l’emprise de Corbeck qui en plus des paroles pour rendre la vie à Tera, possède la main coupée. Dans le sarcophage, le corps de la jeune reine est intact, à part sa main coupée – pas une ride, rien ! (j’aimerais bien avoir le truc).

Dès que la main sera réunie à Tera, celle-ci sera entière, Margaret pourra alors être éliminée, tout comme son père. Tera pourra enfin régner sur le monde, à condition bien sûr que tout se passe comme prévu par Corbeck.

J’adore de plus en plus les films des Hammer Studios ; comparés aux réalisations des films d’horreur actuels, ils ont vraiment l’air d’histoires pour enfants sages à lire le soir avant d’aller dormir… enfin presque ! (moi je vérifie tout de même sous mon lit, on ne sait jamais).

Ici la réalisation est impeccable, même si le film fut « maudit » pratiquement dès le premier jour de tournage.

En effet, l’acteur Peter Cushing qui devait interpréter le professeur Fuchs quitta le tournage le lendemain du premier tour de manivelle car son épouse venait d’être diagnostiquée d’un emphysème et l’acteur préféra se consacrer à Helen Beck à qui il était marié depuis près de 30 ans plutôt qu’à un film ; son épouse décédera d’ailleurs cette même année 1971 et l’acteur restera inconsolable même après avoir repris sa carrière d’acteur. Dans l’autobiographie qu’il fit paraître quelques années plus tard, il reconnut avoir essayé de se suicider pour la rejoindre en fatiguant son cœur. Ce ne sera qu’en août 1994 que Peter Cushing pourra rejoindre son  unique amour.

Deuxième malheur qui frappera cette « Momie sanglante » : le réalisateur Seth Holt mourra d’une crise cardiaque au bout de la cinquième semaine du tournage qui devait en compter 6. C’est le producteur Michael Carreras, fils d’un des fondateurs de la Hammer, qui le remplacera au pied levé et terminera le film.

Peter Cushing sera remplacé par l’acteur écossais Andrew Keir, que les cinéphiles ont pu voir dans le « Cleopatra » de Mankewicz, notamment, mais qui fut aussi un habitué des Hammer Studios.

Personnellement, je pense que Cushing aurait été bien meilleur, on a l’impression qu’Andrew Keir ne croit pas vraiment à son rôle.

Par contre,  James Villiers qui est fasciné par la reine Tera, est interprété avec toute la duplicité qui convient à un élégant et inquiétant personnage. Sa voix particulièrement est l’un des éléments de ce personnage, elle est onctueuse, belle, profonde et presque hypnotique. Par ailleurs, le personnage est véritablement diabolique sous son élégance de gentleman.

Les autres membres de l’expédition sont joués par = Hugh Burden, l’un des gardiens de relique, qui ne veut plus entendre parler de cette expédition et que la vue seule de Margaret terrorise ! Berigan, le malheureux qui est revenu fou de l’expédition, est formidablement interprété par Georges Coulouris. Quant à la seule femme de l’expédition, Helen Dickerson, elle aussi gardienne d’une relique, elle est jouée par l’actrice anglaise Rosalie Crutchley que l’on a pu apercevoir dans divers feuilletons télévisés. Rosalie Crutchley fut l’excellente Katherine Parr de la série télévisée « the Six Wives of Henry VIII ».

Le fiancé de la belle Margaret, spécialiste des sciences occultes, il est interprété par un certain Mark Edwards, un très séduisant acteur britannique, dont on semble avoir complètement perdu la trace depuis.

Quant à la demoiselle en détresse, la très belle Margaret et tout aussi superbe reine Tera, elles sont jouée par Valerie Leon, qui apparaîtra plus tard dans 2 James Bond ; en 1971, cette alors jeune actrice anglaise à la plastique parfaite – elle était également mannequin – était apparue dans plusieurs films de la série humoristique « Carry On… », une série de films où apparurent bon nombre de jeunes acteurs britanniques à leurs débuts.

On comprend fort bien – à la vue de son décolleté (et quel décolleté, mes amis ! ) - que cette jeune femme fut choisie pour sa beauté, pour le jeu d’actrice, c’est un peu limite quand même !

On sent bien, avec cette réalisation de 1971 des Studios Hammer, que le cinéma a fait un léger bond en avant dans les effets spéciaux destinés à faire peur – et je reconnais que voir une main courir toute seule dans le désert, toute sanguinolente, donne quand même un peu envie de regarder sous son lit le soir avant de se coucher !

De plus, le poignet à la main coupée se met à saigner dès qu’on ouvre le sarcophage. Avant cela, tout faisait vraiment rire, mais là on entre dans une nouvelle dimension au niveau des décors qui semblent un peu moins en carton pâte, quoique le tombeau de la momie reste très rigolo.

Quant à la main « courante », inutile de dire que l’on pense immédiatement à « La Chose » de la Famille Addams.

Ce qui est fort amusant à voir c’est que bien qu’elle soit supposée morte, on remarque bien que l’actrice n’arrive pas à ne pas respirer pendant les scènes où elle est tuée par les grands prêtres et l’on voit très imperceptiblement se soulever son superbe collier pectoral. Lorsque le sarcophage est à nouveau ouvert, comme il s’agit toujours de Valerie Leon interprétant Tera, à nouveau on voit la poitrine de Tera se soulever très très légèrement.

Le scenario de Christopher Wicking pour « Blood of the Mummy’s Tomb » est directement inspire par le roman « Jewel of the Seven Stars » de Bram Stocker (l’auteur de “Dracula”).

L’influence vampirique semble avoir aussi été très forte dans ce roman de Stocker, car Tera « tue » en mordant les cous de ses victimes, on se demande un peu comment d’ailleurs puisqu’elle ne quitte pas son sarcophage et pour la tuer, il faut lui planter une corne dans le corps afin qu’avec son sang s’en aille également son esprit.

Là je peux vous dire qu’on est un peu dans le « gore » quand même, c’est pour cela que je dis qu’entre les films des années 50 et cette réalisation de 1971, on voit bien que les mentalités ont déjà un peu évolué.

On a fait pire depuis !

Les relations entre père et fille sont étranges dans cette histoire – alors que dans le roman, l’inceste entre Tera et son père est évident et est la source de tout le mal – ici on se demande si le professeur veut protéger sa fille ou tout simplement l’éliminer. Je me pose encore la question d’ailleurs !

Et ce qui est fort amusant, du moins ce l’est pour moi, c’est qu’alors que tout au long du film la momie est une superbe jeune femme au corps bien palpitant,  à la fin de l’histoire on la retrouve recouverte de gaze, comme une vraie momie, reconnaissable seulement à ses yeux d’aigue-marine. Mais qui est-ce sous les bandages ? That’s the question !

Une autre version du roman « Jewel of the Seven Stars » de Bram Stocker, intitulée « The Awakening », fut réalisée en 1980, avec Charlton Heston, Susannah York et Stephanie Zimbalist (alors à ses débuts) ; le réalisateur en était Mike Newell. LE Mike Newell de « Four Weddings & a Funeral », « Donnie Brasco », « Mona Lisa Smile », l’un des « Harry Potter » ;  comme quoi on peut avoir commencé dans le nanar et poursuivre dans le chef d’œuvre.

La version de Newell insiste plus lourdement sur l’aspect incestueux et là, à la fin il n’y a aucun doute : Tera a gagné !

 

Bram Stocker fut très critiqué, à la sortie de son roman en 1903, en raison de son côté très sombre, surtout la fin ; lorsqu’il tenta de faire republier le roman en 1912, on lui fit comprendre qu’il lui faudrait réécrire la fin s’il souhaitait la réédition du roman. Il modifia donc la fin du roman et pendant de longues années, la véritable fin de l’histoire ne fut plus disponible aux lecteurs.

                  

A l'opposé des autres films où une momie a besoin d'un gardien pour la réveiller, ici elle l'est par le membre de l'expédition le moins scrupuleux et le plus convaincu qu'il est fait pour assujettir les faibles en compagnie de sa jolie reine.

Autre fait marquant dans le film, sont les scènes dans l'asile psychiatrique où est enfermé l'un des membres de l'expédition - l'ambiance y est nettement plus horrifiante, les cris des déments, la méchanceté des gardiens, fait nettement plus peur que les moments où la momie se manifeste par des coups de vent dans les portes et fenêtres.