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mon bonheur est dans la ville
19 juillet 2009

ATONEMENT, de Ian McEwan

51QCMT2DC8L__AA240_En ces jours d’un été particulièrement chaud de 1935, en Angleterre, la jeune Briony Tallis attend avec impatience les « cousins du Nord » ; elle a une imagination fertile, voire  débordante et rêve de devenir romancière ou dramaturge ; elle a d’ailleurs écrit une pièce « The Trials of Arabella », ou les tourments d’une jeune fille trop naïve, ayant fait confiance à un immonde cousin, qui la séduit et l’abandonne, la jetant dans la misère et la disgrâce jusqu’à ce qu’un être noble et bon la sauve. Très « gothique », très romantique comme peuvent l’être les écrits d’une adolescente.

Dans la propriété familiale se trouve aussi un ami des Tallis,  scion d’une famille très nantie, invité par Leon, le frère de Briony et puis il y a Robbie Turner, le fils de la femme d’ouvrage de la propriété, grand ami des filles Tallis, Briony mais surtout Cecilia, sa ravissante sœur aînée. Tous ceux viennent d’arriver de Cambridge pour les vacances, où ils poursuivent des études car Robbie aimerait devenir médecin.

Le déroulement des répétitions de la pièce ne se passent pas comme l’espérait Biony ; les « cousins du Nord » trouvent cette dramaturgie des plus « rasoirs », Lola, la sœur des jumeaux, joue les affranchies, aguiche à qui mieux mieux.

Comble de malheur, Briony réalise qu’elle n’est encore qu’une petite fille aux yeux de Robbie, mais que par contre ses relations avec Cecilia ont pris un tour nettement plus familier, voire intime. Elle les surprend qui s’amusent dans la fontaine du domaine, mais frustrée et jalouse y voit autre chose qu’un jeu de jeunes amoureux. 

L’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autre va soudain se révéler, surtout à eux-mêmes car en étaient-ils seulement conscients ? Mais cet amour et les frustrations de l’adolescente Briony vont mettre en mouvement un acte dont la gamine ne réalisera les conséquences que lorsqu’il sera  trop tard. L’imagination trop vive d’une gamine de 13 ans va briser à jamais les vies de sa sœur et de l’homme qu’elle aime.

Lola est agressée par un homme,  que Briony dit reconnaître ; elle est convaincue que le violeur de sa cousine n’est autre que Robbie. Malgré les dénégations de ce dernier, il est arrêté sous les larmes de Cecilia et celle de la mère du jeune homme. Qui écoute les clameurs de ceux qui ne sont pas nantis ?

Robbie passera cinq ans en prison, mais à la déclaration de guerre est envoyé en France et tentera d’échapper à l’enfer du nord, de Dunquerque et Bray Dunes. Cecilia a rompu avec sa famille, y compris Briony à qui elle n’a jamais pardonné son mensonge bien que la jeune fille se soit accrochée à sa version des faits. Briony est élève-infirmière et le doute s’est infiltré dans son esprit : et si, réellement elle s’était trompée ? C’est au mariage de Lola que Briony comprendra l’erreur monumentale qu’elle a commise et va tenter de réparer l’injustice commise. Peut-être se réconcilier avec Cecilia, restée fidèle à travers tout à Robbie, peut-être être pardonnée par Robbie ? Toute une vie suffira-t-elle à la jeune fille, devenue plus mûre et moins superficielle, d’expier une erreur d’enfance ?

« Atonement » m’a bouleversée et je ne m’y attendais pas autant, ou plutôt si, je m’y attendais un peu, c’est pourquoi j’ai mis autant de temps à le lire. Ce livre m’attendait depuis trois ans dans ma pile à lire ; je l’avais acheté suite à certains commentaires positifs lus ça et là, mais j’étais assez sceptique, je dois l’avouer car je craignais un affreux mélo. Et puis, l’histoire de cette adolescente dont le mensonge a des conséquences dramatiques m’interpellait particulièrement pour des raisons très personnelles : moi aussi, j’ai menti au même âge, heureusement les conséquences ne furent pas aussi graves mais ce fut de justesse et j’y perdis également l’estime de certaines personnes. Nous avons tous un squelette dans notre placard.

Revenons au roman de Ian McEwan.

Il est composé de trois parties : la première relatant les événements de l’été 1935, l’histoire démarrant lentement, la description des lieux, des atmosphères occupant une grande partie du chapitre, jusqu’à l’ « événement » qui bouleverse la vie de tous, à commencer par Lola la cousine, jusqu’à Robbie et Cecilia, sans oublier Briony.

Le deuxième gros chapitre, le deuxième acte en somme, est la description de la vie de Robbie, ayant purgé sa peine, enrôlé dans les forces britanniques en France ; la description de la vie des soldats, de l’horreur des champs de bataille est terriblement réaliste et bouleversant. Cela vous prend aux tripes comme si on y était.

Enfin, troisième et dernier volet, Briony est une dame très âgée, romancière désormais célèbre, ayant toute sa vie tenté de faire publier le livre dans lequel est racontée la vérité. Un livre que sa maison d’éditions refuse de publier tant que les vrais coupables sont en vie et ce, afin d’éviter les procès qui ne manqueraient pas de suivre la publication des aveux.

J’ignore si c’est parce que Briony Tallis est issue d’une famille de nantis, de la bourgeoisie anglaise en vue que c’est par son seul témoignage – elle est considérée comme un témoin visuel puisqu’elle est persuadée avoir vu Robbie Turner agresser Lola – que le jeune homme est condamné ; cela ne serait guère logique à l’heure actuelle, mais peut-être qu’en 1935, la police était moins regardante surtout lorsqu’il s’agissait de la lutte des classes ; les Anglais ont une longue histoire d’injustices dans ce domaine à leur actif. Bref, c’est à mes yeux (commentaire basé sur mon expérience personnelle) la faille de l’histoire, mais si on s’y arrête, il n’y a pas d’histoire évidemment !

Ce détail de la sceptique, parfois un peu cynique que je suis, il reste un roman qui vous prend à la gorge. Premiers émois, premières amours, problèmes familiaux (oui, les riches ont aussi des problèmes !), relations familiales pas toujours faciles, même pas faciles du tout (rappelez-vous Sartre et son « famille je vous hais » !), une famille qui se cache derrière ce qui finalement l’arrange bien, ambiances de guerre, souvenirs d’une vieille dame qui se dépêche de témoigner avant que la dégénerescence neuronale qui la guette fasse son œuvre définitive d’effacement de la mémoire.

Les descriptions sont longues, précises – ceux qui n’ont pas aimé le roman le lui reprochent d’ailleurs, considérant que c’est trop long, trop ennuyeux. Cela peut effectivement sembler le cas, mais si l’on s’accroche au livre, on découvre peut-être pas le chef d’œuvre qu’ont décrit les critiques, mais un livre à l’ambiance puissante, aux personnages vivants et perdus dans un destin qu’ils n’ont pas choisi.

A lire ! sans aucun doute.

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