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mon bonheur est dans la ville
19 juillet 2009

MRS. JEFFRIES AND THE BEST LAID PLANS, d'Emily Brightwell

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La maison de l’inspecteur Witherspoon est en effervescence; on est à quelques semaines du mariage de Betsy, la jolie femme de chambre et Smythe, le cocher. Betsy est tellement nerveuse qu’elle finit par porter sur les nerfs de toute la maisonnée, depuis la cuisinière jusqu’à son fiancé, ils sont tous sur les dents ; seule Mrs. Jeffries la gouvernante – « Mrs. J » comme la surnomme gentiment Smythe - garde la tête froide, en espérant toutefois que l’inspecteur n’aura pas d’affaire criminelle à résoudre car pour l’instant ça ne fait pas partie de leurs priorités.
Seulement, dans les meilleurs plans il y a souvent un grain de sable (comme le dit si bien le titre) et l’inspecteur Witherspoon se voit, une fois de plus, confier une affaire délicate ; ses résultats positifs parlant pour lui, désormais toutes les enquêtes présumées difficiles lui sont confiées au grand dam de sa némésis, l’inspecteur Nivens qui ne lui pardonne pas d’avoir sauvé un innocent du gibet alors que lui, Nivens, l’avait déclaré coupable.

Cette fois le mort est un banquier dont le passetemps préféré est la peinture à l’huile, il semblerait même que l’homme ait un certain talent et qu’il espérait être reçu à l’exposition annuelle de la prestigieuse Royal Academy of Arts de Londres.
L’homme a été assassiné dans son atelier (quelqu’un qui n’aimait peut-être pas la peinture ?) ; on a tenté de camoufler le crime en accident, espérant que tout parte en flammes puisqu’il y avait de la térébenthine partout, même là où on s’y attend le moins. C’est une employée de bureau, travaillant dans la pièce à côté, qui fut attirée par l’épaisse fumée et quelques flammes dans le studio et s’est précipitée chez les pompiers ; l’employé de banque qui était présent sur les lieux également a étouffé quelques flammes avec un vieux tapis. Ces gestes rapides ont permis de sauver la maison des flammes et le constable sur les lieux a constaté que le cadavre avait été violemment frappé à la nuque, avant la mise en scène. L’accident est donc exclu.

Les gens de maison étaient absents au moment de l’incendie, seuls les deux employés de bureau étaient présents. La jeune dactylo était envoyée par une agence, donc ne sait pas grand-chose de cette maison ; l’employé de la banque par contre aurait eu quelques raisons de supprimer son patron, puisque par cette mort il a des chances d’avancement qui lui étaient refusées par le banquier.
A la banque, l’inspecteur et son adjoint, le constable Barnes, découvrent que Boyd, le banquier-artiste, avait commis quelques très mauvais placements, pouvant gravement nuire à la réputation de la banque, mais avait aussi donné quelques mauvais conseils à ses clients.

Parmi les « ennemis » privés de Lawrence Boyd, il y a également pas mal de monde parce que l’homme n’était pas vraiment des plus sympathiques, c’est assez logique d’ailleurs, les gens gentils se font rarement assassiner.
Il était prétentieux, avare, cruel avec ses employés qu’il payait un minimum, utilisait même une cousine comme gouvernante, l’obligeant à le traiter en supérieur et non en cousin. Toutefois, comme l’explique le personnel : être mal payé n’est pas une raison pour un meurtre, la plupart des employés ayant de toute façon décidé de chercher un autre emploi, ce qui est plus simple et tout de même nettement plus légal.

La vie privée de Boyd va dévoiler d’autres petits secrets pas très sympathiques, mais pour l’inspecteur Witherspoon il n’y a pas vraiment de raison de tuer quelqu’un. Pour lui la raison serait plutôt professionnelle. Bref des suspects, des conjectures, mais rien de concret.
Heureusement, sa fine équipe de limiers-amateurs (dont il ignore les activités extra-domestiques) se lance sur toutes les pistes possibles, interrogeant ce qu’ils appellent « leurs sources » (domesticités, commerçants, livreurs, bref tout ce que Londres compte de « petites mains » pouvant mettre sur la voie), sans oublier le médecin-légiste. Les amis de la maison, l’excentrique millionnaire américaine et ses relations bancaires, ainsi que son majordome connaissant bien la société londonnienne, pourraient s’avérer fort utiles un fois de plus.

D’autant plus que Mrs. Jeffries et toute la maisonnée s’est rendu compte que l’inspecteur Nivens, qui ne recule jamais devant un sale coup dans l’espoir de faire renvoyer Witherspoon, les fait désormais tous suivre. Heureusement Smythe le cocher et ses anciennes relations un peu ambigues vont y mettre le holà !

La société londonnienne étant en mutation, on retrouve – entre les lignes – quelques intéressantes réflexions sur le monde du travail domestique, et sur le travail des femmes dans d’autres domaines que la domesticité. Y compris les relations entre membres d’une famille dont une branche est plus fructueuse que l’autre ; les codes sociaux de ce 19ème siècle trouve une triste résonnance d’ailleurs dans notre monde actuel.
Toutefois, malgré ces allusions subtiles, le contexte social n'est pas le but majeur de ces charmants petits livres, vite lus et si sympathiques, où contrairement aux autres domesticités, ici il y a une ambiance familiale vraiment touchante.
D'autres polars historiques situés à la même époque sont nettement plus orientés vers les difficultés sociales (voir les enquêtes de Riley, de Rhys Bowen, ou les "Gaslight mysteries" de Victoria Thompson, sans oublier évidemment la série Thomas & Charlotte Pitt ou Hester & William Monk, deux séries d'Anne Perry). Ce qui ne signifie toutefois pas que dans les livres d'Emily Brightwell on ne retrouve pas une description sérieuse des lieux, des décors, des costumes.

Comme je l’ai dit précédemment, retrouver l’inspecteur Witherspoon et Mrs. Jeffries, ainsi que tous les membres du personnel, sans oublier les amis et aussi Fred le chien bâtard, sont un vrai plaisir.
Un nouveau membre s’est ajouté à cette équipe, à savoir Samson, l’horrible chat roux rencontré au cours de l’enquête précédente et que Wiggins, le jeune valet qui adore les animaux, a sauvé d’une mort certaine car personne
n’en voulait – on ne peut pas trop donner tort aux autres, car Samson agresse, griffe et mord tous ceux qui s’approchent de lui… sauf Mrs. Goodge la cuisinière ; avec elle ce fut immédiatement le coup de foudre et elle est la seule à pouvoir l’approcher, ce qui vexe tout de même un peu le valet sauveteur.

Cette enquête-ci de l’inspecteur et Mrs. J se termine sur un coup de théâtre, qui ne verra son épilogue que dans l’enquête suivante : « Mrs. Jeffries and the Feast of St.Stephens ».
Inutile de dire que je reste donc sur ma faim, car il n’est pas encore paru en poche !!!!

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