VICTOR HUGO, DESSINS, de Pierre Georgel

On dit que le hasard n'existe pas; pourtant c'est presque par hasard que se sont combinées une visite à une exposition montrant les "dons" de dessinateurs des écrivains, intitulée "L'un pour l'autre, les écrivains dessinent" et ma redécouverte de ce livre sur Victor Hugo que j'avais dans la section "Livres d'Art" de ma petite bibliothèque. Il faut dire que je suis en plein "grand nettoyage de printemps" dans mes livres et du coup, je redécouvre certains livres "oubliés".

Tout le monde connaît l’écrivain prolifique, auteur de tant de romans passionnants, de poésie romantique, de théâtre. Quoique sa version de Lucrèce Borgia laisse particulièrement à désirer au niveau de la vérité historique, mais soit ; il n’est pas le seul et ne sera pas le dernier à donner de Lucrèce Borgia une image préconçue et fausse.

Je ne connaissais pas l’ « artiste » par contre, sauf par ouï-dire. J’ai donc été ravie d’avoir trouvé dans la collection « Découvertes Gallimard Hors série » ce petit livre très sympathique, qui propose une « nouvelle forme de livre, une nouvelle façon de lire en ouvrant, dépliant pour découvrir ».

Je me suis bien amusée, il est vrai, à déplier chaque page afin de savoir ce qui se cachait derrière les plis. J’ai eu quelques très belles surprises, d’autres m’ont fait faire la grimace.

Hugo semble avoir été aussi fécond en dessin qu’en qualité d’écrivain ; pas moins de 3500 dessins à partir de 1830.

Lui-même ne se considérait pas comme un artiste en tant que tel ; beaucoup ont dit de lui que cette modestie était superflue car son originalité était réelle.

Beaucoup des dessins d’Hugo furent des croquis en marge de manuscrits, mais ses caricatures, paysages, villes et châteaux varient en format et travail ; certains sont des esquisses ou lavis rapides, d’autres des travaux de grande taille fort bien travaillés.

Victor Hugo, fort admiré par Théophile Gautier, avait une culture artistique développée et était ami de peintres comme Louis Boulanger ou Paul Huet, entre autres, qui l’initièrent aux diverses techniques du dessin.

Il aimait le travail de Dürer et admirait Goya ; j’ignore si c’est ce dernier qui a influencé ses travaux indirectement, mais il y a chez Hugo un art visionnaire, un sens de la caricature et de la satire très prononcé. Beaucoup d’audace, aussi, de l’expressionnisme, de l’onirisme et parfois de la sauvagerie.

Dans ses clairs-obscurs, il n’est pas difficile de retrouver l’influence de Rembrandt.

       

      

Je l’avoue, je ne suis pas une admiratrice inconditionnelle de tout l’œuvre artistique de Victor Hugo, j’ose même dire que j’ai un avis assez mitigé sur cette sur-production boulimique, néanmoins j’aime énormément ses paysages, ses lavis aquarellés.

Que l’on apprécie ou non, cela vaut la peine de découvrir cet autre aspect de l’infatigable écrivain et ses dons de dessinateur.

L’auteur du livre, Pierre Georgel, a été le commissaire de l’exposition consacrée à « La Gloire de Victor Hugo » qui eut lieu au Grand Palais à Paris en 1985.

Il est directeur du musée de l’Orangerie et a également écrit un joli livre sur Gustave Courbet.