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mon bonheur est dans la ville
18 juillet 2009

LABYRINTH, de Kate Mosse

51sGxA6QVjL__AA240_"Labyrinth" mélange une aventure moderne avec les ingrédients d’un roman historique. Le surnaturel y trouve sa place lorsque deux jeunes femmes, l’une du passé, l’autre du présent, entrent en contact télépathique.

Alaïs Pelletier, l’une des filles de l’intendant de Raimond-Roger Trencavel est l’enfant préférée de son père suscitant par là même l’ire et la jalousie de sa soeur aînée Oriane, belle, orgueilleuse, vénale. Elle poursuivra de sa haine sa jeune soeur tout au long de leurs existences, jusqu’à séduire l’époux d’Alaïs, jusqu’aux crimes les plus vils, jusqu’à menacer la vie de la petite Bertrande, l’enfant de sa soeur, afin de récupérer l’un des "Livres des Secrets" confiés par le père à la cadette. Alaïs va recevoir de son père et d’un ami venu de Terre Sainte, le secret des parchemins dévoilant le secret du Graal.

La haine va déferler sur la région parce que la soldatesque du roi de France a reçu l’ordre de tuer quiconque est soupçonné d’appartenir à la nouvelle religion, celle des « Bons Homes », ceux que l’on appelle alors les Albigeois et que l’on connaîtra plus tard sous le nom historique de Cathares. Délations, vengeances personnelles iront de pair, au sein même de la maison de l’intendant Pelletier, la division règne partout, habilement entretenue par Oriane.

C’est à Montségur que les soldats du très pieux Saint-Louis porteront le coup de grâce à cette religion faite d’amour véritable pour le prochain, qui ne voulait ni des idoles de pierre, ni de reliques, ni de prostration devant un autel, ni de tout l’apparat dont s’entourait Rome. Pour les Cathares, le plus important était de faire le bien dans sa vie terrestre, si le cœur était sincère, le salut serait offert, ce salut n’ayant pas besoin d’un étalage de foi mais de véracité de sentiments. Pour les cathares tous étaient égaux, qu’ils soient Chrétiens, Musulmans, Juifs, riches, pauvres, noirs ou blancs ; pour eux Dieu était un être de bonté et de lumière, pas un père cruel prêt à châtier celui de ses enfants n’obéissant pas à son dogme les yeux fermés. C’est dire si ce type de théorie donnait des sueurs froides au pape, d’autant plus que cette nouvelle foi faisait de plus en plus d’adeptes, Rome ne pouvait pas laisser vivre une telle congrégation soi-disant hérétique. Le prétexte à une nouvelle croisade, à de nouveaux massacres au nom de Dieu, était tout trouvé une fois encore.

A huit cents ans de là, Alice Tanner, professeur de littérature ayant décidé de passer des vacances "utiles", travaille sur le site archéologique de Soularac dans les Monts Sabarthès. Le hasard, et un rocher qui s’est détaché, lui fait faire une découverte bouleversante qui transformera son existence de fond en comble, mais cette initiative semble déplaire profondément à l’amie archéologue responsable du site.

Dans une grotte, Alice a trouvé deux squelettes et un labyrinthe gravé dans la pierre, labyrinthe totalement atypique dont les voies ne mènent pas vers le coeur comme c’est la coutume. Elle a aussi trouvé une boucle ainsi qu’une bague, reperdue aussitôt.

Petit à petit Alice va avoir des visions d’une jeune femme qui lui ressemble et qui paraît vouloir communiquer avec elle à tel point qu’elle craint de perdre la raison. La police mène une enquête sur l’accident dont elle fut victime et ensuite entreprend une enquête sur des morts suspectes, d’autant plus qu’il semble évident qu’Alice Tanner est menacée par un ennemi invisible, un groupe lié au catholicisme pur et dur, pour lequel travaillent des personnages haut placés. C’est compter sans la curiosité de la jeune femme qui découvrira à la Bibliothèque de Toulouse le secret des labyrinthes. Un historien, spécialiste des Albigeois, un homme venu d’un lointain passé, dévoilera à Alice l’histoire de son aïeule et quelle est sa destinée.

De Chartres à Carcassone, d’Albi à Montségur, 800 ans séparent nos deux héroïnes qui suivront pourtant le même parcours, l’une cherchant l’autre à travers le temps pour lui transmettre son legs, pour que se perpétue la tradition des « protecteurs des livres ».

Publié en 2005, tout récemment donc, cette nouvelle course au trésor est une fois encore une recherche du Graal, comme dans toute la geste d’Arthur et de Parsifal le Gallois au Moyen-âge. Ce Graal apparemment n’arrête pas de fasciner les esprits bien qu’il s’agisse d’un objet purement mythique. Il est difficile en lisant « Labyrinth » d’éviter la comparaison avec le si fameux « Da Vinci Code » mais également et bien plus encore avec « The Eight » de Katherine Neville ; bien que l’objet de la chasse au trésor diffère entre « Labyrinth » et « The Eight », on se retrouve aussi avec deux héroïnes, l’une dans le passé, l’autre à l’époque moderne mais connectées par un lien spirituel.
Le but dans les deux livres est similaire puisqu’il s’agit de découvrir un secret menant au pouvoir absolu et à la vie éternelle.

Ces similitudes n’empêchent toutefois pas que le roman se lise d’une traite, le style étant vif et enlevé. Personnellement j’ai préféré l’histoire d’Alaïs dans le passé, à celle d’Alice Tanner, nettement plus conventionnelle et finalement moins passionnante que celle de son aïeule.
« Labyrinth » est une plaisante lecture de vacances qui ne s’imprimera certes pas longtemps dans la mémoire du lecteur mais qui l’aura aidé à passer un bon moment.

Kate Mosse est présentatrice d’une émission littéraire à Radio 4-BBC et critique littéraire à la BBC2. Elle est aussi co-fondatrice du prix Orange pour littérature de fiction. En compagnie de son époux, elle a fondé le festival d’écriture de Chichester à West Dean. Avec sa famille elle partage son temps entre le West Sussex et Carcassone dont l’histoire la passionne.

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