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mon bonheur est dans la ville
17 juillet 2009

EXCUSEZ LES FAUTES DU COPISTES, de Grégoire Polet

41ZGR6N1ZSLPeut-on être faussaire et heureux ? Pas sûr… cela ne semble pas être le cas du héros du livre, et si j’écris « héros », c’est parce que c’est ainsi que bien souvent l’on nomme le personnage principal d’un roman. Car la vie de Sylvain, tel qu’il nous la relate, n’a rien d’un parcours héroïque bien qu’il s’agisse en tout cas du « parcours du combattant » !

La vie jusqu’à présent n’a guère été tendre avec lui : élève peu brillant dans une école d’art, où il ne brilla pas vraiment par son originalité dans la section « peinture », jeune mari et soudain, bien trop rapidement, jeune père et jeune veuf, son épouse étant morte en mettant leur petite fille au monde. Pour faire vivre cette petite fille, il accepte un travail de professeur de dessin dans une école pour jeunes filles de bonne famille, travail rémunéré mais peu gratifiant.

Il vit avec son petit bout de femme au rez-de-chaussée de la maison de maître héritée de son épouse et commence alors une petite vie, médiocre, dont les promenades du samedi à la place du Jeu de Balle dans le centre de Bruxelles sont la seule distraction de cet homme, déjà éteint avant même d’avoir commencé à vivre.

C’est pourtant Place du Jeu de Balles que le narrateur va rencontrer les seules personnes qui forment son univers social, les deux personnes qui vont changer sa vie. Emile le bouquiniste, grâce à qui il pourra assouvir sa passion de la lecture et commencer à acheter des partitions musicales pour la petite Isabelle qui s’avère être très douée pour la musique.

L’autre personne, c’est Jeanne, bonne copine (et peut-être plus) d’Emile ; le père de Jeanne est éditeur et c’est par elle que notre anti-héros va obtenir des travaux de dessin, rétribués au noir, mais suffisamment bien pour payer des leçons de musique à son enfant.

C’est par Emile qu’il va rencontrer Max le brocanteur et c’est par ce dernier que la vie de Sylvain bascule. Vers les copies d’œuvres connues, vers une vie de faussaire qu’il va plus ou moins mal assumer.

Le titre du deuxième roman du jeune auteur belge, Grégoire Polet, a été emprunté à Balzac dans le « Cousin Pons ».

Son narrateur nous offre sa vie telle qu’elle est, à nous de juger s’il a eu tort ou raison.

J’ai découvert ce petit opus très sympathique, qui me touche de près pour différentes raisons, parmi les livres que l’un de mes fils devait lire dans le cadre du cours de français de son école d’art. Ce sont les commentaires enthousiastes des jeunes ayant lu le livre qui m’ont intriguée et donner l’envie de le lire.

Je ne l’ai pas regretté un instant, ce roman est tout simplement excellent, non seulement dans son écriture mais aussi pour le sujet traité, à savoir une ironique et quelque peu mélancolique réflexion sur l’art, sur la vérité et le mensonge. Il aurait pu s’intituler « La Trajectoire d’un Parfait Copiste ».

La trame est presque celle d’un roman policier et où l’on se dépêche de passer d’un châpitre à l’autre, chacun étant court, clair et bien construit.

J’ignore si l’auteur est lui-même peintre, mais sa connaissance de la peinture est bien réelle, ce qui ajoute à l’intérêt de l’histoire. De plus, sa galerie de portraits décrits dans le livre dont dignes du meilleur artiste. J’ai beaucoup apprécié ce petit ouvrage qui ouvre la porte à une réflexion sur le vrai et le faux dans l’art, sur ce que dévoilent ou non les expertises, sur la création personnelle.
Et par là même sur le vrai et le faux dans les relations humaines.

Qu’est ce qui fait en définitive l’engouement pour une œuvre peinte ? le vrai et le faux ne sont-ils pas des inventions commerciales, hypocrites ?

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